AKROMA : Apocalypse [Requiem] (Par Matthieu Lelièvre)
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- Le 12/04/2017
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S'il y a bien une chose qu'on ne peut enlever au Metal, c'est sa diversité. Le groupe français de Black Metal Symphonique AKROMA fait partie de ceux qui aiment mélanger toutes sortes de sonorités.
Formés en 2003 à Nancy, le groupe vient de terminer son quatrième album, Apocalypse [Requiem], qui sort le 12 mai 2017. Les trois premiers ayant été acclamés par la critique du milieu, c'est confiant qu'ils se sont mis à la composition l'an passé. Si le groupe a connu quelques changements de line-up, le guitariste et claviériste Matthieu Morand (jouant également avec ELVARON, SYMAKA, LA HORDE, LOUKA et MOXID) ainsi que le chanteur Alain "Bob" Germonville sont présents dans le groupe depuis le début. Pierre-Yves Martin a pris le poste de bassiste en 2010 tandis qu'il faudra attendre 2014 pour que Laura Kimpe prenne le second micro, mais le line-up est stable depuis. Pour cet album, c'est Dirk Verbeuren (MEGADETH, SCARVE, ex-SOILWORK) qui s'occupe de la batterie, alors que Shuguang Li (ELVARON) leur prête ses talents de pianiste. Dans ses textes, que ce soit en anglais où en latin, AKROMA traite principalement de mysticisme, des sept pêchés capitaux, et de l'être humain et ses faiblesses en général. Si une plongée au plus profond de votre âme ne vous fait pas peur, alors on peut commencer...
C'est Kyrie qui aura la charge d'ouvrir cet album, avec une pluie de blasts sur fond d'orchestrations et la voix perçante d'Alain Germonville qui semble littéralement possédé. Les riffs sont clairement malsains et le vrombissement de la basse trouve parfaitement sa place dans ce projet qui fera intervenir la voix lyrique en latin de Laura Kimpe. Les orchestrations permettent d'alterner les ambiances épiques et effrayantes, alors que la composition se termine sur un silence qui mène directement à Offertorium. Le son d'orgue par lequel démarre cette composition lui donnera un ton quasi religieux, sentiment qui se renforcera à l'écoute des riffs qui semblent avoir perdu en vitalité mais avoir pris une dimension mélodique supplémentaire par rapport au titre précédent, au profit de la batterie et de la voix. Sur la deuxième moitié du titre, la veillée funèbre gérée d'une main de maître par Laura Kimpe ne durera pas, puisqu'elle sera abattue par une rythmique imposante.
Sanctus repart sur les codes du Black Metal avec un riff dérangeant qui sera rapidement rejoint par le groupe au complet, mais sans pour autant rejeter l'impression d'être mené de bout en bout par une guitare qui fait ce qu'elle veut de notre esprit, alors que tous les autres instruments ne font que suivre ses harmoniques, parfois coupées par des éclats de voix dramatique, saturée ou non. Sous l'aspect pourtant reposant qu'est le titre Agnus Dei se cache un mastodonte qui n'attendait que d'être réveillé. Beaucoup plus axée sur le symphonique que les autres, ce titre fera cependant intervenir des riffs d'une violence inouïe pour finalement s'apaiser en fin de course après une cascade de riffs saccadés.
Dernière ligne droite avant la fin de l'album, ce sont les racines du Metal Progressif qui ont dominé l'esprit des musiciens lors de la composition de Lux Aeterna. Réintégrant peu à peu quelques aspects Black, ce titre s'inscrit dans la logique de la discographie du groupe, avec une fois encore un son de basse proéminent, alors que le dernier titre, In Paradisum, débute tout de suite après par une introduction acoustique. Le son clair sera coupé par un riff incisif, et une voix rocailleuse prend place sur cette rythmique torturée. Les claviers auront également un rôle important sur ce dernier extrait, puisque c'est sur eux que repose une bonne partie des mélodies. Après un nouveau break en latin où Alain gémira en fond, le requiem s'achève sur la rythmique la plus prenante de l'album. Je regrette presque que toute cette intensité ait été réservée à la dernière chanson tellement l'implication est forte.
Sans toutefois réinventer le genre, AKROMA nous a pondu un nouvel album qui va faire parler de par ses nombreuses expérimentations. Le groupe ose sortir des codes du Black Metal et du Metal Symphonique, en intégrant les éléments progressifs que tout le monde attend d'entendre. Leur univers est richement exploité, mais il est à mon avis loin d'être épuisé. AKROMA est un groupe de studio, mais je suis réellement curieux de voir ce que donnerait une interprétation live de leurs titres aussi originaux qu'éblouissants !
Setlist :
1. Kyrie
2. Offertorium
3. Sanctus
4. Agnus Dei
5. Lux Aeterna
6. In Paradisum
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