CARACH ANGREN - Dance and Laugh Amongst the Rotten
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- Le 12/07/2017
- Dans Chroniques
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CARACH ANGREN a été une sorte de révélation lorsque je les ai vus sur scène, en première partie de FLESHGOD APOCALYPSE, au Petit Bain en janvier de cette année. En sortant de ce show mémorable, il me suffisait de fermer les yeux pour revoir la performance démentielle des Néerlandais, portés par leur charismatique chanteur, Seregor !
Mais CARACH ANGREN, c’est avant tout un univers artistique extrêmement complet ! Si les amateurs de Tolkien y retrouvent le nom d’une place fortifiée du Mordor (à traduire par « Les mâchoires d’acier »), ce sont des sujets plus variés, bien que tous liés au fantastique et au paranormal, que nous propose le groupe. Celui-ci, formé en 2003, se compose de Seregor (Dennis Droomers) au chant, Namtar (Clemens Wijers) au clavier, et Ardek (Ivo Wijers) à la batterie. Leur première démo, The Chase Vault Tragedy, paraît en 2004, suivi de l’EP Ethereal Veiled Existence l’année suivante. Cependant il faut attendre 2007, marquée par la signature du groupe sur le label Maddening Media et 2008, avec la sortie de leur album Lammendam, pour offrir à CARACH ANGREN la reconnaissance générale qu’ils méritent ! En 2011, ils signent chez Season of Mist, qu’ils n’ont pas quitté et avec qui ils travaillent depuis quatre albums. Après leur tournée en compagnie de FLESHGOD APOCALYPSE, qui m’a donné le privilège de voir ces monstres sur scène, le groupe a annoncé la sortie de leur cinquième album pour le 16 juin dernier (j’en profite pour vous signaler que c’est Monsieur Peter Tägtgren qui s’est occupé du mixage, si vous hésitiez encore à vous jeter corps et âme dans cet album) ; voici donc mon avis sur le prometteur Dance and Laugh Amongst the Rotten !
Comme toujours, CARACH ANGREN nous plonge dans une ambiance de plus en plus angoissante avec l’Opening, au piano, accompagné de cordes dont les violons stridents vont vous donner la chair de poule. A la manière des musiques des films de Tim Burton, le thème du piano se répète et se développe, entouré de nouveaux instruments, mais la peur demeure. Puis il disparait, laissant place à un ensemble orchestral wagnérien. Et c’est la chanson Charlie qui suit. A une guitare et une rythmique très efficaces se superposent une voix féminine lyrique qui semble être le chant d’un fantôme et les cris de Seregor, possédé et magnifique ! Quelques voix presque robotiques se font parfois entendre. Vers la fin, des voix d’hommes en chant clair viennent apaiser l’ensemble, qui s’achève pourtant sur une mélodie légère mais toujours inquiétante. On enchaîne sans tarder sur Blood Queen, dont l’introduction me ferait presque penser à des groupes de Visual Kei, mais les hurlements du chanteur viennent vite me ramener à l’univers sombre de CARACH ANGREN. Très entraînante, cette chanson vous fera taper du pied sans que vous vous en aperceviez. Une rupture s’impose alors avec un passage parlé, caractéristique du groupe, qui sonne comme une invocation, suivi des pleurs d’un nouveau-né, un sacrifice offert ? A la manière d’un rituel hypnotique, la guitare et le clavier reviennent, soutenu par une batterie puissante. Une très belle mélodie au violon vient parfaire ce titre, très emblématique de l’album, selon moi. La reine est invoquée sans cesse, espérons qu’elle ne vienne pas vous hanter cette nuit !
Le titre suivant, Charles Francis Coghlan, a fait l’objet d’un clip superbe et horrifique à la fois que je vous laisse retrouver sur internet. Pour la petite histoire, Charles Francis Coghlan est un comédien et auteur de théâtre né en 1842 et décédé en 1899. Une étrange légende entoure sa mort : il serait brutalement mort de maladie, dans la ville de Galveston au Texas, alors qu’il avait 56 ans ; en septembre 1900, cette même ville fut frappée d’une tempête tropicale qui causa un raz-de-marée, emportant des objets, des bâtiments mais aussi des cadavres ; or en octobre 1908, des pêcheurs canadiens retrouvèrent, non loin de l’île du Prince-Edouard, un cercueil où il était inscrit : « Charles Francis Coghlan, né en 1842 dans l’Île du Prince-Edouard, mort en 1899 à Galveston, Texas. ». Il serait donc revenu à son lieu de naissance, une fois mort. Bien sûr, tout ceci est à prendre avec des pincettes car l’origine de cette histoire se trouve dans un article du journal Ripley’s Believe It Or Not ! de 1929. Mais revenons-en à la chanson de CARACH ANGREN ! De manière assez classique, elle s’ouvre par une courte introduction qui s’achève dans les cris de Seregor. Namtar martèle sa batterie, sans pour autant étouffer les claviers de son frère, Ardek, qui tisse une toile mélodique autour de nous, à la manière d’une araignée préparant son piège mortel. Les paroles sont un rappel de l’histoire que je vous ai rappelée plus haut. Peut être n’est-ce que mon impression mais je trouve qu’on sent presque le mouvement des flots dans la musique. Le claviériste a droit à un solo au piano qui annonce la fin. La musique s’adoucit, la mélodie devient moins tragique, presque dansante, à la manière d’une dernière valse, menant le défunt au terme de son voyage. Passons maintenant à Song For The Dead, la cinquième chanson de cet album. Ardek est encore une fois à l’honneur, avant qu’une voix parlée se joigne à lui. Puis le batteur entre en jeu. Le titre est solennel, majestueux, presque hautain, comme si les morts se riaient de nous, pauvres mortels attendant l’accession à cet autre monde qui nous réserve tant de surprises mais qu’eux maîtrisent si bien. A moins que ce ne soit l’homme qui a dompté sa peur de l’au-delà qui chante de façon insolente ?
La sixième chanson de l’album s’intitule In De Naam Van De Duivel et débute de façon explosive ! Namtar se déchaîne et impose un rythme démoniaque ! C’est d’ailleurs lui qui tient le premier rôle, secondé par Seregor puis par tout le groupe, qui se calle avec une précision sans pareille sur sa rythmique, diablement entraînante ! Alternant passages violents et rapides avec moments mélodiques et presque légers, les frères Wijers semblent improviser un ballet à deux, chacun répondant à l’autre dans un mouvement continu où ils trouvent parfois des terrains d’entente, toujours marqué du sceau glaçant des cris de Seregor. Pitch Black Box s’ouvre sur une introduction au piano, dans les graves, doublée d’une rythmique, décidément toujours aussi géniale, qui ne peut que vous pousser à headbanguer. Bien que respectant les sonorités et atmosphères habituelles du groupe, CARACH ANGREN semble ici s’être libéré de certaines normes en proposant un morceau plus entraînant que ce à quoi on s’attendrait. Le rythme décomposé de Namtar y tient une grande part, d’autant plus que le chanteur y colle à la perfection. L’avant dernière chanson, The Possession Process, revient à une composition plus commune pour le groupe, qui continue pourtant de mettre en avant une rythmique novatrice. Les ruptures sont cependant plus nombreuses que dans la chanson précédente et une voix lyrique féminine refait son apparition pour renforcer l’ambiance angoissante du titre. Enfin, Three Times Thunder Strikes n’est pas en reste et renoue avec les racines du Black Metal grâce à une mélodie lourde et pesante et une voix oppressante. Ardek donne au terme « symphonique » toute sa dimension grâce à des claviers très présents. La guitare s’affirme davantage que dans les titres précédents. A la moitié du morceau, une coupure au piano et aux cordes se fait, et c’est sur ce nouveau ton musical que la chanson reprend avec le groupe au complet. Comme si cette chanson ne devait jamais finir, le volume diminue lentement jusqu’à disparaître.
Que dire en conclusion d’un tel album si ce n’est que CARACH ANGREN a parfaitement réussi à respecter son univers, qui fait le succès du groupe, tout en s’essayant à des nouveautés musicales qui, bien que remarquables dans Dance and Laugh Amongst the Rotten, n’en sont pas moins appréciables tant les qualités de chaque membre y ont trouvé une place. Cet album porte merveilleusement bien son nom tant il est entraînant et entêtant, à la manière d’une valse dont on ne pourrait se défaire ; de là à rire en contemplant les morts, laissons ce privilège à ces immortels musiciens que sont Seregor, Namtar et Ardek !
Setlist :
1- Opening
2- Charlie
3- Blood Queen
4- Charles Francis Coghlan
5- Song For The Dead
6- In De Naam Van De Duivel
7- Pitch Black Box
8- The Possession Process
9- Three Times Thunder Strikes
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