AQME : Entretien avec le chanteur Vincent Peignart-Mancini
- Par Romain Dos Anjos
- Le 21/01/2018
- Dans Interviews
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Incontestablement l'un des meilleurs albums de 2017. AQME a frappé un grand coup avec son nouvel album éponyme sorti fin 2017. Second opus avec l'actuel chanteur Vincent Peignart-Mancini, ce dernier nous avait fait profiter d'un peu de son temps pour nous raconter l'envers du décor de ce nouvel effort, et c'est le cas de le dire, un album réalisé en toute spontanéité.
"C’était juste on y va, on a fait trois prises de chant par titre de A à Z"
WTH : Ça fait déjà 5 ans que tu es dans AqME, c’est bien ça ?
Vincent : Ouais, ça fera 6 ans au mois janvier !
WTH : Comment avais-tu eu cette opportunité d’intégrer le groupe ?
Vincent : En gros, comment ça s’est passé, Charlotte m’avait envoyé un texto, on a échangé. Au début je ne comprenais pas trop ce qu’elle voulait. Après j’ai compris et on s’est rencontré avec Etienne et Julien. Pas Charlotte puisqu’elle n’était pas là. Après j’ai travaillé huit morceaux, j’ai chanté huit morceaux et globalement ça s’est bien passé. Je suis parti pisser, je suis revenu, ils m’ont dit « bienvenue dans AqME » et voilà ! Ça s’est fait comme ça !
WTH : Et tu es également dans The Butcher’s Rodeo ! Comment arrives-tu à t’organiser pour jongler entre les deux groupes ?
Vincent : Avec un planning ! (Rires) Disons que c’est un effort de tous les jours pour arriver à faire des répèt’ et des concerts, mais si on anticipe, qu’on arrive à bien faire les choses, ça se passe très bien. Quelquefois il faut faire quelques petites conciliations ou quelques sacrifices. C’est plus la vie perso qui en prend un coup.
WTH : À l’occasion des 15 ans de sombres efforts, vous avez donc sorti une version remasterisée de cet album. Pourquoi ne pas l’avoir plutôt réenregistré avec toi au chant ?
Vincent : Parce qu’on est tous d’accord pour le dire, un album aussi magique que celui-là, d’ailleurs n’importe quel album, même le plus loupé, je pense que s’il est fait à un moment, une période avec certaines personnes, faut que ça reste comme ça. Je pense que Sombre Efforts c’est un album qui est magique, qui a beaucoup marqué les esprits en France, qui a fait ce que AqME est ce qu’il est aujourd’hui et ça ne rime à rien de réenregistrer ces chansons. À la rigueur on aurait pu faire comme sur la réédition d’Épithète, Dominion, Épitaphe, on avait mis des titres live, à la rigueur je dis bien. Mais avec le temps imparti, déjà on respecte ce qui avait été fait à l’époque et ça aurait été sûrement moins bien sans vouloir nous dévaloriser, mais juste je pense que cet album est très bien comme il est et le boulot d’AqME a été super sur le remastering et notamment sur celui de la version vinyle.
WTH : Et là vous venez de sortir votre nouvel album éponyme. D’ailleurs pourquoi un album sans titre ?
Vincent : C’est un concours de circonstance. En gros, cet album on l’a enregistré fin 2016 pour le sortir fin 2017, donc quasiment un an après. On avait un nom d’album et puis après on a décidé de bosser sur la pochette et tout le bordel. Et on a eu l’idée de mettre nos tronches sur la pochette, carrément, et là Charlotte, ça lui a fait tilte dans sa tête, il nous a dit « pourquoi on ne fera pas un album éponyme, parce qu’avec nos têtes ça pourrait s’appeler AqME ». Et Etienne a rebondi en disant « effectivement, après 5-6 ans de dur labeur avec Vincent, on pourrait affirmer ce qu’est AqME aujourd’hui avec un deuxième, ce qui est toujours plus difficile qu’avec un premier album, et bien c’était le moment de marqué le coup.
WTH : Et comment s’est passé son enregistrement ?
Vincent : Disons que pour moi c’était particulier, et pour nous tous d’ailleurs parce que ça s’est fait dans l’urgence. Parce que moi en 2016 j’ai eu la tournée du Bal des Enragés, qui m’a pris énormément de temps. J’ai jonglé entre la composition du nouvel album, les concerts et les répèt’. Et ensuite j’ai eu la sortie du nouvel album de The Butcher’s Rodeo et le départ en tournée du groupe qui a suivi directement derrière. Je pense qu’il s’est passé une semaine et demi entre la fin du bal et le début de Butcher, une semaine et demi ou moi j’ai enregistré mes parties voix. Donc voilà ça s’est fait complètement dans l’urgence avec une spontanéité totale de la part de tous le monde, aussi bien la batterie, la basse, la guitare et la voix. C’est une des raisons pour lesquelles je trouve que cet album est magique. Il n’y pas eu de grosses réflexions. On était là pour faire ce qu’on avait à faire, de la musique, et surtout de le faire avec ses tripes sans se demander si j’avais chanté moins fort ou plus fort, ou plus comme ça, plus comme ci. C’était juste on y va, on a fait trois prises de chant par titre de A à Z, sans s’arrêter et pas de re re, juste quelques arrangements et quelques productions. Avec Etienne, on s’est donné pas mal de temps pour réfléchir à des effets qu’on pourrait faire après la prise genre une saturation, des trucs comme ça, et ce qui fait le charme de cet album.
WTH : Quand moi je l’ai écouté, j’ai eu l’impression d’être dans une ambiance similaire à celle de Sombre Efforts. Est-ce que le fait de vous replonger dedans vous a influencé pour celui-là ?
Vincent : Pas vraiment puisque justement l’enregistrement on l’a fait avant même qu’on ait eu l’idée de fêter l’anniversaire de Sombre Efforts. C’est-à-dire qu’on a enregistré l’album, ensuite on a fait une date en décembre. On était sur la route, on était au téléphone avec quelqu’un avec qui on bosse, qui nous a dit que ce serait bien de faire une tournée pour le quinzième anniversaire de Sombre Efforts et on s’est dit bah ok on met l’album de côté, on le sortira fin 2017 et on va fêter l’anniversaire de Sombre Efforts sur une quinzaine de dates. Donc non, ça n’a pas influencé l’enregistrement de l’album en tout cas.
WTH : Est-ce qu’il y a une chanson dans le nouvel album qui t’a tenu particulièrement à cœur ?
Vincent : Oui la dernière, celle qui s’appelle M.E.S.S. C’est une chanson, comme beaucoup d’autres de l’album qui sont très introspectives. Ça parle de ma relation avec ma chérie tout simplement. Des moments durs qu’on a eus quand je suis parti sur la tournée du Bal. Je pense que c’est la chanson que j’avais le plus envie d’enregistrer et celle sur laquelle je ne savais vraiment pas ce que j’allais faire mais voilà. Il y a eu d’autres chansons comme ça mais celle-là elle m’a marqué.
WTH : L’été dernier vous avez joué au Download. Qu’en as-tu tiré de cette expérience ?
Vincent : Cela m’a procuré énormément de joie et de bonheur (Rires), de partage, de choses hyper intéressantes. C’était vraiment… On était là au bon moment, au bon endroit et avec les bonnes personnes. Je pense que c’est ce qui fait que ces 50 minutes de Download Festival étaient agréablement généreuses et belles.
WTH : Et toi, personnellement, tu préfères jouer dans des petites salles comme la Maroquinerie, ou des grandes scènes comme celle au Download ?
Vincent : Moi je préfère jouer là où il y a des gens qui veulent partager ce qu’on est entrain de faire, qu’ils connaissent ou qu’ils ne connaissent pas. C’est-à-dire, les mecs qui arrivent et qui disent qu’AqME c’est de la merde parce que c’est ça, et bien je les emmerde. Moi je vais voir des groupes que je ne connais pas, et quand j’aime, j’aime. Même si je ne connais pas, même si ça ne chante pas comme j’aime bien entendre. S’il y a un truc qui se passe, et bah voilà. Alors qu’il y a des gens qui arrivent, têtu, en disant bah non AqME, de toute façon c’est AqME, et ils sont complètement fermés et ça me rend ouf. C’est à cause de ce genre de personne qu’on en est là aujourd’hui, à devenir complètement sectaire. Je pense que c’est la plus grosse maladie en France là. Que quand tu vas jouer en Europe ou ailleurs, les gens sont ouverts. Ils ne sont pas sectaires.
WTH : C’est clair. Et puis là en avril dernier, vous avez accompagnés Eths sur les deux dernières dates d’adieu. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Vincent : J’ai le souvenir de regarder Candice chanter alors que j’étais sur le côté de la scène à Marseille, et de me dire waouh… Putain c’est ça être Candice. Et j’ai trouvé ça formidable parce que moi je n’ai jamais eu l’occasion de jouer avec Eths, en tout cas dans ma mémoire proche parce que ça bientôt 20 ans que je fais ça. Et j’ai joué avec Eths il y a très longtemps en fait. Mais là j’ai été particulièrement surpris par la prestation de Candice. Après je ne te cache pas que j’étais un peu triste qu’il n’y ait pas Rachel parce que je suis très attaché à elle, parce que voilà on a eu l’occasion de se connaitre et discuter de temps en temps ensemble, mais bon c’est comme ça. Et j’en garde un très très bon souvenir.
WTH : Justement par rapport aux gens qui disent que, quand il y a changement de chanteur ou de chanteuse, c’est plus vraiment le groupe qu’il était. Qu’es-ce que tu penses de ces gens-là ? Ont-ils raison ou tort ?
Vincent : Je pense qu’ils ont raison de penser comme ça, c’est légitime. Parce que pour moi l’identité d’un groupe c’est un chanteur. Et effectivement, quand on m’a déjà posé la question il n’y a pas très longtemps. Il y a 6 ans de ça, quand on m’a proposé le poste de chanteur d’AqME, c’est justement la réflexion qu’il m’est venu en tête, merde je remplace un chanteur. Et je ne remplace pas qu’un chanteur, je remplace une identité, une voix. On me l’a tellement dit et que maintenant quand j’y pense que je me dis que j’étais un peu fou à l’époque de faire ça. Mais quand je vois où j’en suis aujourd’hui, j’en suis très très content. Alors relever ce challenge, c’est compliqué mais ce n’est pas infaisable. Après il y aura toujours des réfractaires et puis c’est comme ça. Aujourd’hui les gens s’attachent à si peu de choses parce qu’ils ont des points de repères. Moi j’ai toujours pensé qu’un groupe c’est une entité à part entière et pas une personne.
WTH : Quel est ton meilleur souvenir en tant que musicien ?
Vincent : Faire de la musique ! (Rires) Mon souvenir c’est chaque concert qu’on fait, chaque kilomètre parcouru, chaque répèt’. Même les mauvais souvenirs sont des bons souvenirs. Comme la fois on est allé en Allemagne qu’on a cramé notre camion, c’est un bon souvenir finalement. Les mauvais souvenirs on fait en sorte de ne pas s’en rappeler. Ce n’est même pas un souvenir, il faut se rappeler des bonnes choses.
WTH : Aurais-tu un message à faire passer aux gens qui suivent AqME ?
Vincent : Toujours le même, garder cette même envie de vivre des concerts, ne pas rester chez soit à attendre que ça se passe. Et n’oubliez pas d’aller faire 7 concerts à 10 balles qu’un seul concert à 70 balles. Aujourd’hui on voit trop peu de personnes dans des petits concerts et ce qui rend la tache si dure et ce qui peut rendre parfois certains groupes complètements cons et c’est parce que les gens attendent beaucoup de choses de la musique alors qu’il ne faut rien attendre évidemment. Et voilà, un CD ça ne coute pas cher, un t-shirt ça ne coute pas cher, une place de concert ça ne coute pas cher. Il y en qui dépensent des milles et des cent pour aller voir A Perfect Circle à 150€ la place. Si derrière ça, ça te prive de tas d’autres concerts je trouve ça un peu dommage.
WTH : Je suis bien d’accord. Merci de nous avoir accordé de ton temps !
Vincent : C’est moi qui te remercie ! Merci d’avoir insisté pour qu’on se parle, ça me fait plaisir. Et merci d’exister parce que sans des mecs comme toi, et bien on n’existe pas tout simplement.
WHAT THE HELL remercie également Camille Gerbaud du label AT(h)HOME de nous avoir permis de réaliser cette interview.
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