BULLRUN : Interview avec le batteur Mark Dezafit
- Par Romain Dos Anjos
- Le 31/01/2021
- Dans Interviews
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BULLRUN fait partie des ces groupes qui savent tirer le meilleur de ce qu'ils savent contruire et faire tenir dans un EP l'équivalent d'un album. Le nouvel EP Wilderness sorti l'année dernière le prouve et montre une réellement évolution par rapport au précédent. Nous en avons discuter lors de notre interview du batteur Mark Dezafit.
WTH : Salut Mark, merci à toi de répondre à mes questions. Comment va le groupe en ce moment ?
Mark : Ça va, malgré qu’on soit démuni de notre premier moyen de défendre l’EP cause de la situation. On a eu de bon retour sur l’EP et le clip donc on est très content.
WTH : De ton point de vue de musicien, comment vis-tu la situation actuelle ?
Mark : Du point de vue du musicien, tu es un couteau suisse. Tu es obligé de réinventer le moindre truc, de te débrouiller à passer en digital marketing, essayer de faire un maximum de pub sur internet parce qu’il ne reste plus que ça pour le moment.
WTH : Notre précédente interview avec le groupe remonte à 2017 pour la sortie de Dark Amber et nous étions reçus par Remy et Gaël, donc à ton tour, qu’est-ce qui t’a donné l’envie de faire de la batterie ?
Mark : C’est très classique dans mon cas. C’était au lycée à l’époque, je découvre la musique, presque un peu par défaut je dirais parce qu’il y avait des groupes, t’allait les voir en concert pour voir ce qu’il se passe. Tu les vois sur scène et on se dit pourquoi pas moi. Ensuite il y a des groupes de potes qui se font et c’est parti de là, se laisser entraîner par le mouv’ du moment.
WTH : Qu’est-ce qui t’a amené au rock et au metal ?
Mark : J’ai eu la chance d’avoir un père qui écoutait du Trust, du Scorpions, il était très hard rock. J’ai commencé là-dedans en écoutant des cassettes. Je n’avais pas encore de lecteurs CD donc il me faisait des compilations sur cassettes et ce sont des musiques qui me faisaient vibrer
WTH : Peux-tu nous présenter votre nouvel EP Wilderness ?
Mark : Je dirais que Wilderness est un peu le petit frère de Dark Amber dans le sens où toutes les leçons qu’on a tiré de Dark Amber on les a appliqués dans Wilderness, tant au niveau de la production, tant au niveau du style et de l’identité. On a mis des titres qui s’accordaient beaucoup plus entre eux parce que le processus de création n’a pas été le même. Dark Amber était une version améliorée d’un album. On avait plein de titres, on a pris le meilleur et on les a mis dessus. On a commencé la composition de Wilderness quelques mois après et c’était pensé pour que les compos s’accordent les unes avec les autres et ça se ressent sur le résultat. On a fait équipe avec les mêmes personnes et on est largement au-dessus niveau prod’, richesse et originalité des titres. Il est plus mature, plus metal et plus technique.
WTH : Pour l’enregistrement, le mixage et le mastering, vous avez de nouveau fait confiance à Symheris, ex-T.A.N.K. Comment s'est passé ce deuxième travail avec lui ?
Mark : On peut dire que ça s’est fait naturellement. Il n’est pas présent uniquement sur les enregistrements, il a un suivi, une part de direction artistique au sein du groupe parce qu’il a une bonne expérience musicale sur beaucoup de choses et il nous en a fait part. Il fait vraiment parti des gens vers qui il a été profitable pour nous de s’entourer. C’est un bon point de vue extérieur car c’est quelqu’un qui vient voir de temps en temps ce qu’il se passe avec le groupe et pouvoir mettre le nez sur certaines choses que l’on ne peut pas faire. Une fois que tu es vraiment dedans, tu n’as plus beaucoup d’objectivité sur ce que tu fais. Il était là depuis les compos, on lui a fait des maquettes en enregistrant une première fois chez nous avec une programmation batterie, une guitare sur une carte son, juste afin de voir à quoi ça va ressembler. Ça nous permet de restructurer un peu les morceaux et on lui dit qu’on aimerait que ça ressemble plutôt à ça. Déjà ça nous mâche un peu le travail donc c’est très intéressant. Ensuite, on est de nouveau passé en studio avec lui et on a remodifié encore certaines choses. Une fois qu’il a du vrai son, des couleurs, on voit les choses un peu différemment.
WTH : Et qu’a-t-il apporté de plus à cet EP par rapport au précédent ?
Mark : Déjà on a enregistré avec un meilleur matériel et il a amené plus d’expérience. Autant sur le premier EP on lui dit qu’on aimait les sons un peu comme-ci ou comme ça et il nous a dit qu’il ferait en sorte de s’en approcher, autant sur celui-ci c’est lui qui nous a proposé d’aller dans une certaine direction en pensant que ça servirait plus les compos. Il a joué beaucoup plus un rôle de directeur artistique et il a vraiment apporté sa patte à l’EP.
WTH : Avez-vous garder les mêmes méthodes de compositions ou y-at-il eu des changements ?
Mark : Il y a eu du changement et c’est Remy qui a apporté toute la matière créative pour cet EP. Il a amené des compos quasiment finies en répèt’, on les fait énormément tourner, on change certaines structures s’il y a besoin. Ensuite, il nous propose des thématiques de paroles, on lui fait quelques propositions et c’est lui qui écrit les paroles donc toute la matière artistique vient de lui à proprement parler et puis Gaël et moi apportons notre patte.
WTH : Le style de la pochette se rapproche beaucoup de celle de Dark Amber. Elles sont l’œuvre de la même personne ?
Mark : Exactement. Il s’agit de Slo Sombrebizarre (Sébastien Pinel) et ce qui est bien avec lui c’est qu’on peut lui laisser patte blanche pour réaliser ses covers. On lui donne une direction et on le laisse faire à sa guise. Il a réussi à faire ressortir la thématique de l’EP à travers sa pochette. On est aux antipodes de la première jaquette et c’est ce qu’on voulait, quelque chose qui dénote, qui ressorte comparé à d’autres CD, on a fait le tester et franchement c’est plutôt réussi. On est très content du rendu et on a d’ailleurs eu de bons retours sur l’artwork de manière générale et nous on voulait à tout prix que ce soit une pochette dessinée.
WTH : Peux-tu nous détailler les thématiques de cet EP ?
Mark : D’une façon générale, l’EP propose des thématiques un peu plus froides que le précédent qui était plus festif. Sur celui-là, la chanson la plus « festive » c’est Roll Your Dice qui parle de la prise de risque, de l’addiction aux jeux, de la chance. Sinon c’est assez sombre comme par exemple Downtown ce sont plus les délires à la Taxi Driver, le ghetto, les fonds de ville, etc. Wilderness est une sorte de retour à l’état sauvage qui parle l’isolation, d’une espèce d’exil intérieur donc on est vraiment dans des thématiques comme ça. Dust And Sand est vraiment le titre le plus sombre car ça parle d’autodestruction, de libre arbitre, de passage à l’acte. D’une manière générale, que ce soit en thématique ou en musicalité, on est sur cette dominante-là.
WTH : La chanson Fire And Hate a fait l’objet d’un clip qui a été assorti d’un making-of, comment ça s’est passé ?
Mark : C’était de la folie furieuse ! Et le making-of on y tenait beaucoup parce que c’était excellentissime. On a mis quatre mois à préparer ce tournage, on a bien bossé dessus parce qu’on a voulu faire l’équivalent de trois ou quatre jours de tournages en 19 heures de suite. Et pour pouvoir faire ça, il faut que tout soit réglé au papier millimétré et à l’avance parce qu’on savait que, malgré ça, il y aurait du décalage. Et comme on tenait à retranscrire cette ambiance-là, il y avait une caméra juste pour le making-of avec une cadreuse, des interviews et un monteur qui n’était là que pour ça. Et on a sorti ce making-of parce qu’on voulait vraiment retransmettre ce truc-là, d’autant plus qu’en cette période de covid, il n’y a plus de concerts, donc ça compense un peu. On a collaboré avec Julien Metternich et on l’a rencontré parce qu’on voulait un clip qui était à la hauteur de l’EP. On trouvait qu’il était très bien produit donc on s’est dit qu’on ferait un clip qui ait au moins le même niveau. Avec Julien ça a collé tout de suite, on parle le même langage, on a les mêmes influences et la même vision des choses. On a fait un premier essai avec lui au moment de sortir avec 2-3 petites vidéos teasers et une vidéo interview qu’on a fait dans le studio. Le rendu est vraiment impeccable, on a bien aimé, on a fait tout ça en une journée et on a décidé de se lancer dans un plus gros projet. C’est lui qui a choisi la chanson qu’on allait mettre en avant et c’est tombé sur Fire And Hate car il a trouvé qu’elle était la plus efficace. À la suite de ça, on a trouvé un lieu qui était fabuleux, monstrueux, un complexe de paintball en plein milieu du Loiret (45). On avait huit hectares ! On y a rencontré le mec qui gère ça, il nous a fait un prix et on pouvait faire ce qu’on veut, tout faire péter même, parce que pour lui et pour ses clients qui viennent faire du paintball, il faut que les lieux changent, donc on a dit vendu ! Du coup on s’est fait plaisir, on a pris un artificier qui faisait aussi armurier, on a choisi des armes, il y a eu des leçons de tir… Pour te dire, on était 21 personnes sur le tournage à bosser non-stop pendant 19h et ça s’est terminé à 7h du matin.
WTH : Un grand moment !
Mark : Oui ! (Rires)
BullRun - Fire And Hate (Official Music Video)
BullRun - The Making Of Fire And Hate
WTH : Après ces deux Eps, un album est-il envisagé ?
Mark : Ah oui clairement, la prochaine sortie sera un album parce que c’est vers ça qu’on a envie de se diriger. Mais c’est aussi, clairement, beaucoup plus gros, que ce soit financier, temps, fatigue. Surtout que, la première source de motivation pour un groupe, ce sont les concerts et malheureusement là il n’y en a pas. Donc on sait que c’est vers ça qu’on veut se diriger mais il faut aussi qu’il y ait la niaque et les retours qui aillent avec.
WTH : Pour ne pas oublier les concerts avec une question que je pose souvent, c’est l’instant nostalgie. Quel a été ton meilleur souvenir de concert ?
Mark : J’hésite mais je pense que c’était Danko Jones à la Maroquinerie. Ce n’est pas forcément la meilleure salle ou le meilleur groupe du monde, mais celui qui, sur le moment, je ne m’y attendais pas. On a pris une de ces claques ! Le meilleur c’est quand tu ne t’y attends pas. On s’est dit qu’on allait se poser tranquille mais c’était de la folie du début à la fin.
WTH : Pour finir, as-tu un message à faire passer à nos lecteurs ?
Mark : Aux lecteurs qui nous découvrent, que ce soit à travers l’EP ou le clip, à travers l’interview qu’on est en train de faire là, je vous dirais qu’on peut avoir une vraie opinion sur nous après nous avoir vu en concert. Notre groupe est fait pour le live donc je vous invite à être patient avant de pouvoir nous voir.
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