CACHEMIRE : Interview du chanteur Fred Bastard
- Par Stéphane Leclercq
- Le 28/11/2023
- Dans Interviews
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CACHEMIRE c’est l’histoire c’est un groupe de Punk n’Roll qui monte depuis dix ans et remplit joyeusement des salles de mille personnes en France. Avec des textes faits d’irrévérence et de désinvolture face aux pouvoirs établis, sa musique puissante et libérée, le phénomène prend de l’ampleur sur la scène des musiques Punk et Rock actuelles. C’est avec cette singularité attachante et attirante ainsi que son ouverture aux questions du temps que Fred Bastard, le chanteur du groupe Nantais, a accepté de répondre à nos questions avant la sortie prochaine d’un album live et un quatrième album studio qui est déjà en gestation.
WTH : Mon premier morceau de CACHEMIRE ça a été La nuit je mens. En plus de l’hommage magnifique à Bashung, dirais-tu que ce titre a contribué à élargir votre audience, avec pour l’instant plus d’un million de vues sur YouTube ?
Fred : Oui et nous ne nous en sommes pas vraiment rendu compte, car on l’a fait sans cet objectif-là. Nous l’avons fait car nous étions entre deux albums et avions envie de faire une petite reprise. Mais oui, oui, il fait amplement partie de l’histoire du groupe et on ne peut plus ne pas la jouer en live. Ça c’est sûr.
WTH : Certains de vos morceaux se présentent comme des portraits, par exemple Moi être Roi, Je, ou bien Qui est la punk ? Comment choisissez-vous ces personnages pour en faire les textes de vos chansons ?
Fred : Vu que j’aime bien parler des problèmes sociétaux, j’aime bien me mettre dans la peau d’un personnage. Aussi parce que je n’ai pas envie d’être donneur de leçons. C’est facile de dire tu, c’est moins facile de dire je, car on en fait partie des pollueurs et des consommateurs à deux balles. Je est un titre justement sur l’Homo Sapiens qui pousse du pied tout ce qui l’emmerde, en passant par le fric principalement. Donc j’en fais partie, je ne vais pas me mentir... Forcément nous aussi CACHEMIRE on bouge parce qu’il y a des cachets, ce serait débile on ne bouge pas bénévolement. Ensuite des titres comme Moi être Roi, là je me mets dans la peau du Président de la République. Qui que ce soit entre Mitterrand, Chirac, ou tout ceux qui veulent l’être, mais dans cette notion de soif du pouvoir qui fait perdre un peu la tête. Et je me dis aussi que si toutefois je me présentais aux présidentielles, ce qui n’est pas du tout le cas, je serai peut-être pareil. C’est cela aussi qu’être donneur de leçons je n’aime pas trop ça. Par contre faire un constat sur l’état actuel des choses. Et en effet, la soif du pouvoir n’amène pas forcément des choses hyper positives, je trouve.
WTH : Les textes de CACHEMIRE sont très libres et gentiment subversifs, avec un mélange d’énergie, des messages à faire passer et une bonne pointe d’humour. Y a-t-il des sujets que vous n’abordez pas, délibérément, dans vos textes ? Ou bien y règne-t-il une liberté totale ?
Fred : C’est libre total. Je n’ai jamais eu de label qui m’a dit : stop, tu ne dis pas ça. Aucune personne de l’équipe ne m’a bridé sur quoi que ce soit. Après, on n’est pas un groupe engagé politiquement. On fait quand même du Rock un peu rageur, donc il y a des sujets qui nous chagrinent et on aime bien les exprimer. Malgré le fait que je ne vais pas me filtrer sur certains propos, il y a des choses sur lesquelles je n’ai pas suffisamment de connaissances pour me lancer dans un type de débat, genre je ne vais pas faire un titre sur le problème Israélo-Palestinien, tu vois... Ça c’est le genre de truc casse-gueule.
WTH : On sait que tu aimes la bonne chanson française. Hormis Bashung et Stromae, as-tu envie de reprendre d’autres artistes en chanson française ?
Fred : Bashung on a fait, c’était le numéro un. J’avoue que des artistes comme Brel ou Brassens sont plus compliqués à refaire en Rock, mais en tout cas il y a des propos qui restent hyper-puissants. J’aime bien la puissance. Alors Bashung, c’était une puissance plus rêveuse et plus symbolique, poétique serait plus le terme. Brel a un côté plus direct pour raconter des histoires. Voilà, cela ça en fait donc partie mais il y en a plein d’autres. Renaud dans la période 80-90, c’est magique mais ce n’est pas vraiment le style de CACHEMIRE. Il y a le côté un peu plus franc-parler, on va dire anticapitaliste, et ça nous ressemble moins. Maintenant je ne dis pas qu’on est des purs capitalistes, mais c’est plus dans son propos : je pense tout ce qu’il dit mais c’est plus au niveau de son phrasé, et puis quand on fait du Renaud on a envie de l’imiter, c’est là le gros danger... Voilà pour la chanson française, et j’ai envie de dire même en Pop Balavoine ou Goldman dans les artistes des années 80-90, il y a des trucs qui sont vraiment hyper-intéressants à reprendre. A une autre sauce. Mais sans tomber dans la facilité de la reprise de TELEPHONE, NOIR DESIR, SUPERBUS ou TRUST, et donc aller chercher des trucs qui sont un peu plus surprenants et choquants.
Cachemire - Freeman (Clip officiel)
WTH : L’actualité de CACHEMIRE de ces jours, c’est une prestation donnée à l’Olympia pour les 120 ans de Harley-Davidson. Comment cela s’est-il déroulé ?
Fred : C’était intense, car nous y avons joué 25 minutes ce qui nous arrive rarement, si ce n’est jamais. Donc au final nous avons eu un peu un trou noir car on a démarré une intro et j’ai l’impression qu’à la fin du titre nous avions déjà fini le set. Mais cela dit le public était bien présent, et il a très bien répondu. Donc pour un premier souvenir Olympia, c’est dix sur dix !
WTH : Vous allez enregistrer le 1er décembre un album live au Chabada, à Angers. Le groupe entretient t’il un lien particulier avec cette salle ?
Fred : Un lien oui, parce qu’elle est dans le coin et que nous l’avons aussi souvent utilisé afin d’y faire des résidences. Cela fait depuis dix ans que cette salle nous suit pour des résidences lumières, des résidences son et puis nous avons toujours rêvé d’y jouer, ce que nous avons rarement fait. Nous y avions joué une première fois en 2019, donc là pour une seconde date, faire un sold-out dans le coin... C’est soit en général le Stéréolux qui est une jauge de 1003 et qui se trouve sur Nantes, soit le Chabada qui a une jauge de 900, sur Angers. Çà centralise un petit peu les vieux fans locaux et en plus cette salle sonne hyper bien, elle est hyper agréable car on s’y sent proche du public, donc c’est une bonne occase pour avoir un vrai album live.
WTH : La setlist sera-t-elle similaire à un autre concert, ou bien sera-t-elle élargie pour cet évènement ?
Fred : Elle sera en effet élargie. De toute façon elle n’est jamais vraiment pareille, parce qu’en fonction des Fests dès fois ça joue cinquante minutes, ou alors 1h15-1h20, et là ça change pas mal... Donc elle va être modifiée : on va peut-être y rajouter deux ou trois titres qu’on ne fait plus depuis un moment et que nous avons envie d’avoir sur un album. Donc oui elle va bouger un peu, c’est certain.
WTH : Penses-tu que votre ferveur et votre son live pourront être fidèlement reproduits sur album ?
Fred : J’en suis sûr ! On ne va rien retoucher et on ne va pas repasser en studio. En effet l’inconvénient de l’album live c’est que le son est toujours un peu moins bon qu’un album studio, c’est mon avis, forcément il est moins travaillé, moins chiadé, mais par contre on aura l’énergie et le dynamisme qui ne se retrouvent pas dans un album studio. Ensuite il y aura aussi ce petit côté Rock’n’roll, avec la fausseté, parce que quand on fait un album studio la prise voix j’en fais quinze pour n’en garder qu’une. Et là il n’y en aura qu’une. Je n’ai droit qu’a une chance, c’est comme cela pour tout le monde. Du coup cette petite goutte sur la tempe là... de stress, elle fait que ça donne un truc unique ! Donc oui, on va le retrouver le dynamisme, c’est sûr ! Je ne sais pas si on va retrouver la justesse, mais on va retrouver le dynamisme... (rires)
WTH : En parlant de lieux mythiques, faire le Hellfest ça vous tenterait ?
Fred : Oui tout nous tente, après ce n’est pas une fin en soi. Nous jouons partout et en effet ça nous ferait plaisir de faire le Hellfest comme ça nous ferait plaisir de faire Les Francofolies ou Les Vieilles Charrues. Donc on vient et on le fait avec plaisir, mais ce n’est pas forcément un but ultime en soi de passer par le Hellfest, ou d’absolument passer par telle ou telle date. Franchement on se sent déjà vachement privilégiés, donc tout ce qu’on fait nous en sommes content. Cette année je sais qu’on a fait le festival de Poupet, il y avait 5000 ou 6000 personnes. C’est vrai aussi que les festivals ne veulent pas que les mêmes artistes se retrouvent dans le local je vais dire. Donc l’année passée, cela a été Poupet et l’année prochaine ce sera le Hellfest, ou pas, mais c’est avec plaisir qu’on le ferait. Et avec grande fierté aussi, c’est sûr.
WTH : Pour rester dans le domaine du live, auriez-vous envie de vous produire davantage dans d’autres pays Francophones, comme le Canada, la Belgique ou la Suisse, par exemple ?
Fred : Oui, la Suisse nous l’avons l’a déjà fait. La Belgique aussi mais en studio, parce que les deux derniers albums ont été fait à Bruxelles. Pour autant, on n’y a jamais vraiment joué en live. Oui, avec grand plaisir pour aller au Canada. Ce ne sont pas des tournées qui sont très faciles à mettre en place, je pense surtout de l’autre côté de l’atlantique, mais nous sommes ouverts à tout et même à des pays non francophones s’ils acceptent la langue Française.
WTH : Sur la pochette de l’album Dernier Essai tu apparais dans un cercueil. Peux-tu nous en dire plus sur cette photo ?
Fred : Dernier Essai est un titre qui a été écrit durant le confinement, et tout l’album du coup. A l’époque quand on regardait les infos, on avait tous le nez sur notre télé, attendant le discours de notre Président et savoir ce qu’on allait faire le lendemain. Et il y avait des dauphins que l’on retrouvait à Venise, des animaux qui traversaient les autoroutes, parce qu’il ne se passait plus rien. Ah, ça y est, on a peut-être un pied dans le cercueil, mais peut-être aussi que nous allons en tirer de bonnes leçons de ce confinement. On va arrêter de produire comme des porcs, et cetera, et donc le Dernier Essai vient de là. On a une dernière chance, il y a un dernier essai, à nous de voir ce qu’on va en faire de ce confinement et de tirer les bonnes leçons. Et au final on est reparti les deux pieds dedans (rires...). Mais à l’époque il y avait justement ce côté sépulture, mais on va quand même faire la fête à ces sépultures. Je suis encore vivant dans le cercueil. Donc on est dedans, et on a encore des choses à faire pour éviter de tomber. Voilà.
WTH : Plus légèrement, le morceau dernier essai est truffé de références au Rugby. Si j’ai bien compris, tu aimes ce sport mais en critiques aussi certains aspects ?
Fred : Non, je ne le critique pas, c’est plus que je le compare à la société actuelle. Du coup le dernier essai, est ce qu’on peut le transformer ? Et je trouve aussi que les valeurs du Rugby sont hyper humaines. Malgré le fait que l’on soit les uns contre les autres, ça c’est la mentalité de l’humain c’est notre instinct animal qui est comme cela, et le sera tout le temps, il y a une belle ferveur à la fin du match. Genre que le meilleur gagne. Et ça nous ne l’avons pas dans la société capitaliste, car c’est que le meilleur gagne en écrasant l’autre. Au Rugby, si en effet ils ont 80 minutes pour bien les défoncer, au bout de la 81ème ils se font un petit bisou... (rires). Et en fait cette ferveur, ce côté sportif et les valeurs du Rugby, je trouve qu’elles sont hyper-intéressantes pour notre société actuelle. D’où le fait de parler de dernier essai, d’un dernier essai que l’on peut transformer et le ballon ovale je le compare à la Terre. Le ballon ovale est crevé et il y a du monde dans la mêlée. Donc c’est vrai qu’il s’agit de métaphores entre la vision écologique que j’ai du Monde et la vision du Rugby.
WTH : Question du même type, tu aimes le foot en général, ou juste Éric Cantona ?
Fred : J’aime bien le Foot parce qu’il y a Éric Cantona !
WTH : C’est une bonne réponse...
Fred : Disons que je me souviens quand j’étais môme, malheureusement il était à Manchester mais quand on voyait des bouts de vidéo à l’époque sur Téléfoot avec Thierry Roland, j’avais l’impression que c’était un concert de Rock quand il arrivait sur un terrain ce mec. Il avait ce côté Rock star et franc-parler qui me captivait. Et puis cela n’a pas changé, même en dehors de son aspect footballistique il est toujours pareil.
WTH : Musicalement, je dirais qu’il y a une image sonore CACHEMIRE qui pour moi en tout cas est reconnaissable. C’est en partie ce que vous recherchez, que l’auditeur sache tout de suite qu’il entend du CACHEMIRE ?
Fred : Pas du tout. Ou pas. C’est ce qui sort. Parce que l’on est hyper influencés par plein de trucs. Même en écriture d’album un jour on va être influencé par les BEATLES et le lendemain par Kurt Cobain. Et ce qui en ressort c’est qu’il y a un liant, mais je ne peux pas t’expliquer lequel... Forcément, vocalement c’est toujours la même voix, mais après on a aussi nos petits trucs qu’on aime bien. J’aime bien placer ma voix en bossant beaucoup avec Farid à la batterie sur le charleston et la caisse claire et placer quelques bribes de mots ou des syllabes qui sont bien cuts. On aime bien ces trucs-là donc on le reproduit, mais pas dans l’objectif de créer un son. Juste parce qu’on aime ça.
WTH : Le groupe est-il avancé dans le processus d’écriture des textes et de composition musicale du quatrième album studio ?
Fred : On est dessus à fond. En plein dedans. Tu tapes pile sur le bouton rouge. Donc oui, on est dedans.
WTH : Quels sont les thèmes que vous aborderez ou pensez aborder dans vos prochains morceaux ?
Fred : Les thèmes restent vraiment sur des sujets sociétaux. Surtout, il y a un titre du troisième album qui s’appelle Criez et il porte sur le côté lâcher prise. Et c’est vrai que tout ce qui est écrit en ce moment l’est vraiment là-dessus : le lâcher prise pour assumer qui on est. Aujourd’hui, on est vraiment dans cette ère là et que tant mieux. Avec même des souffrances par rapport à des gosses de sept ou huit ans qui se retrouvent dans le corps d’une fille et qui voudraient être un mec, ou vice versa. Et cela reste des souffrances. J’espère que demain ce sera une normalité de dire : ben voilà c’est comme celà, c’est point barre et on passe à autre chose. Moi je le ressens, car dans le groupe on est tous parents. Ma fille aujourd’hui je lui parle de quelqu’un qui n’accepte pas l’homosexualité parce qu’elle a vu un reportage et c’est elle même qui se pose la question : mais pourquoi ? C’est magique dans la nouvelle génération, parce qu’il il n’y a même plus de question : on ne se la pose plus. Et du coup cet album, pour l’instant les titres qui en sortent c’est ça. C’est l’espoir de la nouvelle génération qui arrive sans préjugés et sans jugements aucunement. Tu viens comme tu es. Autant nous on a ce côté tu viens comme tu es, mais on a quand-même ce regard de la tête aux pieds. Tu viens comme tu es mais si un homme vient travesti, on le regarde un eu du coin de l’œil et on se dit je l’accepte il n’y a pas de problème. Alors que la nouvelle génération j’ai l’impression qu’elle ne le voit même pas, et c’est génial.
Donc ce futur album va dans cet espoir, parce que trouve que l’on a quand-même beaucoup de discours ou il n’y a pas beaucoup d’espoir. J’entendais ceci il n’y a pas longtemps sur France Inter : des gens qui pour l’écologie et pour perdurer dans ce monde, évitent de faire des enfants. Et moi je suis totalement à l’inverse parce que je trouve que l’espoir il est là. C’est eux qui vont nous donner des recettes, parce que nous on tâtonne. On a des bonnes idées mais on reste toujours à faire 60 000 bornes de bagnole. Quand on va en concert, on prend notre gros camion qui consomme comme des porcs, et j‘ai envie de dire on n’en a rien à foutre de la planète. Notre seul objectif, c’est d’aller jouer de la guitare...(rires). Mais je pense que la nouvelle génération aura une autre vision, je l’espère en tout cas. Donc l’album aura ce thème-là, on est là-dessus.
WTH : Des collaborations qui sont déjà prévues sur cet album ?
Fred : C’est aussi en pourparlers. Pour l’instant, il faut finir les maquettes et puis on verra. Oui, il y a déjà des gens avec qui j’aimerais bosser. Ils ont au courant, ils n’attendent plus que moi. Et t’auras pas de noms... (rires).
WTH : Vous avez déjà des idées de titres pour ce futur album ?
Fred : Non, pas encore. En général les albums on les construit, il y a plein de trucs et puis on va se retrouver avec une vingtaine de titres. Après, on va en sélectionner certains et ceux-là on va les remodeler pour qu’il y ait une cohérence dans l’album. J’aime bien que les albums soient un petit peu comme un livre ouvert. Que l’on ait une cohérence dans tout l’album et pas de titre complètement différent. Donc cela se construit petit à petit. Là, on est sur des jets confettis : on balance du confetti à gogo, puis à un moment on va tout cadrer. On va se poser entre Noel et le premier de l’an, entre le foie gras et les huitres on va se poser là-dessus... (rires).
WTH : À mon humble opinion, il existe une bonne dose d’humour voire de dérision dans vos vidéos (par exemple : Freeman, Come on baby, Criez, ...). Tu peux nous en dire plus sur l’esprit qui y règne, et comment celles-ci sont faites ?
Fred : Je trouve qu’avec l’humour, on fait passer des messages à ceux qui veulent bien les entendre. Déjà nous, on se fend bien la gueule tous les cinq. Il faut dire qu’on est quand même des potes de longue date. Hormis cela, tu disais tout à l’heure qu’il y avait des Je, des titres à la première personne. Moi je suis un grand fan de la vieille époque d’Elie Semoun, par exemple. Ou de certains humoristes aujourd’hui qui se mettent dans la peau d’un personnage : ça nous fait marrer au premier degré mais au second degré, il a un message assez fort. Blanche Gardin est très forte là-dessus. Thomas VDB et j’en passe. Et dans la zike, on est un peu comme ça. Come on baby, c’est un titre déconnant mais si on gratte un peu et pour celui qui veut bien l’entendre, ça parle surtout de l’Education Nationale et ça dénonce pas mal.
WTH : sur la reproduction des élites et des choses comme cela...
Fred : Oui, exactement. Et il y a aussi le côté justement humoristique du mec qui va être travesti le week-end puis qui va être comptable la semaine. Et de la nana qui est un petit peu forte et qui assume pas ses formes, mais le week-end fait de l’effeuillage. Ça reste de l’humour, mais cela reste aussi le fait de dire : pourquoi tu ne le fais pas la semaine ? Si tu te sens vraiment bien habillé en femme eh bien fais le la semaine, et va même à ton bureau de comptabilité comme ça. Quel est le problème ? Tu feras la même comptabilité. Du coup, il y a ce message humoristique mais il y a toujours un fond de pensée. Comme pour Qui est la punk ?, on a tourné avec une ancienne résistante qui a protégé des centaines de Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, et on l’a fait avec humour et autodérision. Mais ce n’est pas une comédienne, c’est une vraie résistante. Les photos qui sont dans le clip sont ses propres photos, parce qu’elle était photographe. Ce sont ses propres photos de Juifs qu’elle a emmené de Paris à Sable sur Sarthe en général. Il y avait encore de l’humour car on sent qu’il y a une bonne ambiance sur le clip, mais le sujet est plus profond. Et tous nos clips sont comme cela. C’est vrai que le plus humoristique, ça va être La Veste, qu’on a fait dans un club échangiste... Celui-là, ça va être le plus drôle. Mais en même temps ça parle bien de la politique. Plutôt que d’employer le terme « Je te retourne et je t’encule » comme le ferait un politique, nous on va dans un club échangiste et puis on ne dit rien, mais on le sous-entend.
WTH : CACHEMIRE se définit comme un groupe de Punk n’Roll. Quelles sont tes références et influences en matière de musiques Punk anciennes ou récentes, et Rock n’Roll ou musiques proches ?
Fred : Moi j’aime bien le Punk américain. Le Punk français un peu trop brut, ça a moins été ma came parce que pour moi ça manquait un peu d’humour.
WTH : Les BERUS, Les LUDWIG... ?
Fred : Oui les LUDWIG on a fait une tournée avec eux, on a joué, et c’est très très humoristique : c’est complètement fou ! Ils sont fous, mais c’est très drôle ! Mais nous on n’a pas ce discours Anarchique. Par contre, dans le côté Punk américain comme GREEN DAY par exemple, il y a en effet dans American Idiot de l’anti Trump, enfin c’était de l’anti Bush à l’époque, mais il y a une dose d’humour. Et puis un gros son bien produit ça j’aime bien aussi, parce que là on n’est pas Punk à 100 % avec un son dégueulasse sorti d’amplis pourris : on aime bien quand même le son et on est hyper passionnés par cela. Donc les gros sons à la GREEN DAY, c’est un peu notre kif. Et en Anglais c’est pareil, les CLASH. Aussi EYES, à fond j’adore, c’est des Suédois cela dit. Voilà dans le plus récent, ça va être cela. Ensuite le côté n’Roll, c’est qu’on aime bien que ce soit un peu dansant ce qu’on fait. On aime bien le truc qui swingue des ROLLING STONES par exemple, ou d’AC/DC. Il y a ce côté Blues Rock, mais on sait que ça tape du pied. On a ce côté n’Roll et Keith Richards sait très bien le faire... c’est les seuls qui font swinguer comme Chuck Berry. C’était une musique dansante qu’on n’a pas vraiment eue dans le Punk pur et dur, ou c’était plus fait pour annoncer un mouvement. C’était vraiment plus un mouvement et nous ce qu’on veut c’est que ça bouge des popotins en salles des fêtes quand même tu vois...
WTH : Quelles musiques écoutes-tu pour le moment ?
Fred : En ce moment je suis à fond sur THE KILLERS. Je suis sur KILLERS, KINGS OF LEON et WITHER. Après, je suis aussi un peu un nostalgique de cette période 2010 -2015, genre KINGS OF LEON, j’adorais ces sorties-là. Tu vois là, il y a GREEN DAY qui ressort un titre, et bien je viens de réécouter tout l’album !
WTH : D’autres choses que tu souhaiterais promouvoir ou mentionner ? Des projets à venir ?
Fred : Aujourd’hui on a plus trop de promotions à faire parce que les prochaines dates sont sold-out. Les promotions que l’on va avoir à faire ce sera sur le futur album, mais pour l’instant rien n’est calé et je n’ai aucune date, donc il n’y a pas de promo. Là, on va se faire une petite pause hivernale pour enchainer deux fois plus le prochain coup. On a l’avantage que ce groupe, cela fait dix ans qu’il monte. Ce n’est pas fulgurant comme certains artistes qui montent à un sommet en deux semaines. Nous ce qui nous éclate, c’est qu’on ne voit pas le bout du tunnel et que ça mouve tout le temps. Donc on continue cette histoire, c’est une histoire de potes qui continue. Le jour où ça stagnera on arrêtera mais ça n’a jamais stagné en dix ans. Voilà, donc à quand les stades de France...(rires) ?
WTH : C’est vraiment tout ce que vous méritez, et c’est ce que l’on vous souhaite !
Promo française réalisée par Yannick BADJANG, AT(h)OME
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