CARCARIASS : Interview du guitariste et membre fondateur Pascal Lanquetin

WTH : Salut Pascal ! Notre dernier interview du groupe remonte à trois ans, avec votre batteur Bébert. Comment avez-vous vécu ces trois dernières années ?

Pascal : Salut ! Et bien le covid est passé par là. Après la sortie de Planet Chaos, on avait plusieurs dates de prévues et tout est tombé à l’eau à cause de ça. Mais on n’a pas déprimé, j’ai tout de suite attaqué la composition du prochain puisque, de toute façon, on n’avait plus que ça à faire et je dirais que ça s’est fait plus vite que je ne le pensais. Puis on a tout de suite enchaîné sur l’enregistrement.

WTH : Est-ce que le fait de ne plus vous voir facilement vous a contraint à changer votre façon de composer, d’enregistrer, etc. ?

Pascal : Non franchement on a gardé la même méthode depuis les débuts du groupe. Je commence par bosser les riffs de guitare, j’envoi les pistes au batteur qui fait ses pistes batteries et on bosse les arrangements ensemble, je fais la basse avec le bassiste et ensuite on travaille avec le chant. Et la période covid ça n’a rien changé à notre façon de faire car on pouvait tout s’envoyer via le net. Et dès qu’il y a eu le déconfinement on est reparti en studio.

WTH : Trois après Planet Chaos, vous revenez avec un nouvel album. Vous êtes-vous fixé des objectifs au départ pour faire mieux avec Afterworld ?

Pascal : Non, on n’a jamais d’objectif en fait. On fait de la musique sans pression, sans label derrière qui nous pousse. On laisse libre court à notre inspiration du moment. Je fais les compos sans me dire que je vais faire du death ou autre chose et puis ça sonne comme ça sonne, on fait chacun nos arrangements en y amenant nos personnalités. À partir du moment où on est content du résultat, on enregistre et on met en boite.

WTH : On sent que vous avez voulu explorer de nouvelles sonorités, tout en gardant cette base de death mélodique mais avec un côté heavy, voir prog de-ci delà.

Pascal : C’est vrai d’autant plus que j’écoute beaucoup de prog, de heavy, de post-rock aussi donc forcément on est toujours influencé par ce qu’on écoute et ça se ressent de notre musique. Et puis le côté prog a toujours été présent chez CARCARIASS mais je dirais qu’il est plus présent qu’avant.

WTH : Oui ça s’entend dans ce dernier album et on sent aussi que vous brassez les influences personnelles de chaque membre du groupe.

Pascal : C’est tout à fait ça, et même si je compose, quand le batteur travaille sa batterie, je lui laisse le champ libre et c’est valable pour les autres, chacun apporte sa personnalité, on fait le petit mélange et le résultat reste assez cool. C’est bien que tout le monde puisse s’exprimer dans le groupe, chacun amène sa petite couleur et ça donne aussi des choses changeantes car on a tous des influences qui changent, évoluent au fil des années et le résultat est là.

WTH : Il y a peut-être l’un d’entre vous qui doit être fan d’ARCH ENEMY car la chanson Billions of Suns, ça m’y fait un peu penser, bien que ce soit sûrement subjectif.

Pascal : En fait chacun va faire des comparaisons avec ce qu’il écoute en général. La musique c’est moi qui l’aie fait alors que ARCH ENEMY ce n’est pas trop ma tasse de thé mais après coup ça peut effectivement un peu sonner comme eux mais ce n’est vraiment pas volontaire et puis dans le groupe il n’y en a aucun de vrai fan donc oui c’est vraiment subjectif mais c’est aussi un compliment car ARCH ENEMY reste un grosse référence.

WTH : Alors ça doit être pareil pour Angst où là le chant a un petit côté Till Lindemann dans les refrains ! (Rires).

Pascal : Ah j’ai une anecdote marrante à ce sujet ! Quand on a bossé l’album, on n’a pas vu tout de suite ce qu’avait fait notre chanteur puisqu’on était tous confiné, il m’a dit de le laisser faire et que je verrais en studio. On est arrivé en studio, il a commencé à faire ses enregistrements et Angst c’était la grosse surprise. On n’a commencé à se poser des questions, mince qu’est-ce qu’il fait ? (Rires). C’est complètement différent ce qu’on fait d’habitude. On l’a mis en boite, on a un peu cogité un moment, on a eu une grande discussion parce que là pour nous ça a été un petit coup de marteau. Et finalement on s’est dit que ça pourrait être sympa de proposer quelque chose de différent et Jérôme a vraiment amené sa patte, qui nous a fait la surprise en studio. C’était un peu risqué de sa part car on aurait pu réagir de façon négative car on a un historique derrière, nos critères de compositions mais en fin de compte on s’est dit que c’était cool, qu’on peut tester le truc et qu’après tout c’est bien de proposer du changement. Je dirais même que ça nous a donné un coup de pied aux fesses pour partir dans une autre optique et avec le recul on est satisfait du résultat. On rééditera ce genre de chose parce que ce morceau-là vaut le coup.

WTH : Toujours essayer de sortir sa zone de confort !

Pascal : Tout à fait !

WTH : Peux-tu nous parler des textes des chansons de cet album ?

Pascal : Alors c’est très axé science-fiction, les clips l’illustrent bien, ils veulent tout dire. Ceci-dit, ce n’est pas moi qui aie travaillé sur les textes, les paroles ce n’est pas trop mon domaine donc je laisse Jérôme libre de ce qu’il veut raconter dans nos chansons, mais je peux dire que ça se base sur des côtés sociétaux actuels amplifiés dans des sociétés futures où tout part mal. Disons qu’il est, qu’on est influencé par les actualités depuis le covid et tout ce qui se passe maintenant. En tant qu’artistes, on est un peu des éponges à émotions et c’est vrai que, pour le coup, Jérôme a fait des textes assez négatifs. Mais c’est le ressenti de beaucoup de gens.

CARCARIASS - The Hive [METAL] (OFFICIAL VIDEO)

CARCARIASS - No Aftermath [METAL] (OFFICIAL VIDEO)

WTH : Et même dans la musique il se ressent ce côté négatif.

Pascal : Oui elle a un côté plus grave que d’habitude. En fait, quand tu fais de la musique, tu es influencé par ce qui t’entoure et ça se ressent dans le résultat final. 

WTH : Pour la prod, il y a du beau monde autour de cet album. L’enregistrement et le mixage s’est fait en Suisse au Downtone Studio par Drop, guitariste de SAMAEL, puis le mastering c’est Jens Bogren au Fascination Street Studio, qu’on ne présente plus il a travaillé avec ARCH ENEMY, AMON AMARTH, SEPULTURA et je pense. Déjà comment ça s’est passé avec eux ?

Pascal : Drop avait déjà travaillé sur le précédent album donc c’est quelqu’un qu’on connait bien, d’ailleurs il n’habite pas très loin de chez moi, c’est devenu un pote. On s’est naturellement tourné vers lui vu le résultat de ce qu’il avait fait avant, ça avait été au-delà de nos espérances. Et c’est lui qui, ensuite, a contacté Jens en lui envoyant ses produits finis, il a l’habitude de travailler avec lui. Au départ on voulait que Drop se charge aussi du mastering mais il nous a conseillé à juste raison d’avoir des oreilles un peu neutre, complètement nouvelles pour faire le mastering d’un album. On l’avait fait sur Planet Chaos donc on a réédité ça avec Afterworld, de puis nos plannings coïncidaient bien donc ça a bien matché et on est content du résultat.

WTH : Il y a cet artwork avec ce qui semble être l’ombre d’une ville ravagée et ce ciel de nuage rouge, signé Headsplit Design. C’est exactement ce que vous recherchiez au c’est au-delà ?

Pascal : En fait c’est la première fois que j’avais une idée précise de la pochette que je voulais, un truc très dépouillé avec peu de couleur, presque noir et blanc avec des bâtiments en ruine et Headsplit a bien réalisé ce que je voulais. Ils avaient déjà bossé sur l’album précédent donc on a repris la même équipe car on était tellement content du précédent résultat à tous les niveaux et on va certainement retravailler avec eux sur le prochain.

WTH : Deux clips sont sortis, No Aftermath et The Hive. Ce ne sont pas des clips dans lesquels on vous voit jouer, mais plutôt des mises en scène, pourquoi ce choix de ces mises en scène ?

Pascal : On aime bien tout ce qui est visuel en fait. Si on veut nous voir jouer, autant venir nous voir en concert. Et puis on a eu un bon plan avec celui qui réalise nos clips habituellement, c’est Haris Kountouris du HK Visual Creations, un gars en Grèce qui fait de super designs.

Depuis Planet Chaos, on avait déjà fait quelques clips avec lui et on a refait appel à lui pour No Aftermath. Pour The Hives, c’est Bertrand qui a fait un montage vidéo, c’est pour cette raison que clip est différent du reste. On a un prochain clip qui ne va pas tarder à sortir, ce sera pour Billions of Suns, voilà petit scoop ! Et c’est encore Haris qui l’a réalisé donc encore un visuel mais on a des plans pour un prochain avec nous entrain de jouer.

WTH : Avez-vous des plans pour de prochaines dates.

Pascal : On a quelques plans mais encore rien de confirmé mais dès que c’est fait, on partagera ça aussitôt. Mais entre tous les concerts en ce moment, les festivals, c’est encore assez compliqué, on est encore en période post-covid, des dates décalées qui sont seulement rattrapées, tout est full donc c’est compliqué de caser des dates. Il y aura des trucs qui vont venir donc à suivre.

WTH : Et au-delà de cette période post-covid, il y a aussi l’inflation qui vous touche aussi, on ne va pas se mentir.

Pascal : Oui et ça a également beaucoup touché les organisateurs de concerts, les associations, ils ont beaucoup souffert et pour organiser un concert aujourd’hui, il faut avoir les reins solides. Ce n’est pas facile pour les groupes derrières mais ça l’est encore moins pour les organisateurs car ils prennent vraiment des risques.

WTH : Quel est ton message pour nos lecteurs ?

Pascal : Déjà merci pour ton intérêt, merci de l’intérêt de vos lecteurs. Nous on se réjouit de croiser du monde en concert, dès qu’on aura des dates on va les annoncer et pouvoir défendre l’album bien que notre dernier concert on a testé nos nouveaux titres et on était vraiment très content du résultat donc je pense que la prochain setlist qu’on vous prépare vous plaira.

Interview réalisée sur Zoom, organisée par Roger Wessier de Where The Promo Is.