DÉLUGE : Interview du guitariste François-Thibault Hordé

Deluge 2020

DÉLUGE est un groupe qui porte bien son nom tant sa musique offre des déluges d'émotions, de sensations et d'intensité. Le groupe a sorti son nouvel album Ægo Templo en novembre dernier et nous avons rencontré le guitariste et principal compositeur François-Thibault Hordé qui nous a parlé de ce gros morceau d'environ une heure.

WTH : Peux-tu nous présenter DÉLUGE pour ceux qui ne vous connaissent pas et définir ce qu’est votre musique ?

FT : Je définirais la musique de Déluge comme inspirée par l’énergie primitive du black metal. On a commencé à exister en tant que groupe en 2015, on a fait quelques dates, on a sorti notre premier album Æther en septembre de la même année sur lequel on a beaucoup tourné. Et nous venons de sortir notre deuxième album Ægo Templo en novembre dernier.

WTH : Pourquoi avoir choisi DÉLUGE pour le nom du groupe ?

FT : C’est venu logiquement. Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant que je vais créer un groupe qui s’appellera DÉLUGE. J’avais déjà quatre ou cinq pistes, toutes les demos et une partie du premier album de composées et je me suis dit qu’il fallait vraiment qu’il y ait un déluge d’émotions, un déluge de nappes de guitares et d’intensité. Et à force d’en parler avec Maxime Febvet qui est notre chanteur qui a fondé le groupe avec moi, on s’est dit que c’était une bonne idée de nom car ça colle avec ce que je voulais créer.

WTH : Une musique est très inspirée par le black metal mais aussi mêlée à des sonorités post-hardcore, post-metal. Comment êtes-vous arrivé à ça ?

FT : Ce n’est pas une question que je me pose. Je suis arrivé au black metal très tardivement. J’écoute du post-hardcore et du post-metal depuis assez longtemps et je voulais quelque chose de différent, puiser dans cette énergie. Certes, on a bien conscience qu’on n’est pas les seuls à le faire mais moi j’ai été sensible à ça assez tardivement. Je suis passé complètement à côté de la première vague de black metal. J’étais un peu jeune, j’aurai pu écouter mais ce n’était pas ma scène. Et j’ai trouvé quelque chose de passionnant et de très puissant et que je voulais utiliser pour faire quelque chose d’autre. Au début on nous a un peu, je ne dirais pas cataloguer, mais on nous prenait pour un simple groupe de black metal alors qu’on n’en a jamais vraiment été un, mais nous sommes très influencés par l’énergie primitive du black metal.

WTH : Tu qualifies le style du groupe de « untrve french black metal ». Pourquoi ?

FT : À la base c’était une blague ! Et puis, en y réfléchissant un peu, et j’en ai parlé à des puristes donc on n’était pas forcément d’accord, je trouvais que ça ne nous définissait pas trop mal et je ne l’ai pas fait comme une agression envers les puristes. Moi je n’en suis pas un, je ne joue pas cette carte-là. Mais je trouvais que c’était une définition amusante et pas si fausse que ça en fait. On écrit en français, on n’est nationaliste mais on est très content de l’être et notre langue est pleine de métaphores et de richesse. En France on a quelques mauvais groupes mais on a d’excellents groupes qui proposent des choses que personne d’autre ne propose.

WTH : Comment travaillez-vous vos compositions ?

FT : Pour le premier album j’ai tout composé. Mais pour le deuxième, j’ai eu beaucoup d’aide de Thomas, qui est notre éclairagiste mais qui est aussi producteur, et j’avais besoin d’un miroir de composition. Il m’a aidé sur les arrangements, il a également proposé des choses, tout comme les autres membres du groupe. En ce qui concerne le chant, j’ai tout délégué à Maxime. Mais je suis le principal compositeur.

Déluge - Digue (OFFICIAL VIDEO)

WTH : Un premier album intitulé Æther sort en 2015, et le deuxième Ægo Templo sorti en novembre dernier. Pourquoi y-a-t-il eu ce laps de temps de cinq ans entre les deux ?

FT : On avait raconté quelque chose avec le premier album et je ne voulais pas me jeter dans l’écriture d’un deuxième avant d’avoir quelque chose d’autre à raconter. On a bien poncé ce premier album et on l'a bien usé. On a tourné deux ans entre salles et festivals. Le temps travaille à t’apporter d’autres influences, ce qui explique donc ce laps de temps.

WTH : Comment se démarque ce deuxième album par rapport au premier ?

FT : On a voulu garder l’essence de DÉLUGE qui passe par la mélancolie, mais je voulais vraiment ouvrir le spectre des émotions, un petit peu plus d’espoir et avoir quelque chose de plus facile à écouter, moins brutal. Et ce qui est paradoxal c’est que l’album est une sacrée belle pièce de quasiment une heure donc pour l’écouter il faut quand même y aller. Cependant, chaque piste est indépendante, plus ouverte donc je pense que l’écouter est plus douce.

WTH : Tu as produit cet album aux côtés de l’ingé-son Thibault Chaumont qui a fait le mixage et le mastering au Deviant Lab, sauf pour la batterie qui a été enregistré par Amaury Sauvé du The Apiary Studio. Comment ça s’est passé ?

FT : Voilà Thibault a travaillé avec Amaury qui a fait la batterie, et puis après Thibault a fait le mix et le mastering, il a fait les prises chant. On a fait un peu guitare et basse à distance mais c’est l’architecte derrière avec qui on a tout conçu et ça s’est super bien passé. Autant le processus de création était long et fatiguant, autant l’enregistrement a été assez rapide. Ceci-dit, s’enfermer pendant une semaine à faire des prises guitaristes ce n’est pas si joyeux que ça mais ça reste très agréable. Thibault y a vraiment travaillé des semaines entières et on n’a rien laissé au hasard, chaque détail de la production a été vraiment réfléchi.

WTH : Et quelles raisons vous ont poussé à faire appel à Amaury Sauvé pour la batterie ?

FT : On voulait quelque chose de beaucoup plus organique par rapport au premier qui est quand même très américain dans l’approche. Là on voulait quelque chose de beaucoup plus proche du groupe. On entend mieux les guitares, on entend bien la batterie qui est très brut et on voulait quelque chose de plus vrai. Et étant fan des productions d’Amaury, il nous paraissait un chose judicieux.

WTH : Vous avez réalisé un featuring avec Tetsuya Fukagawa, le chanteur du groupe japonais Envy, comment s’est faite cette collaboration ?

FT : C’était comme toutes les autres collaborations de l’album, comme l’ajout du saxophone et des chants féminins, des choses qui se décident au fur et à mesure de la construction où je me dis que c’est nécessaire. Et là on avait cette fin qui était très screamo, très puissante et assez lumineuse, je me suis dis que je rajouterai bien quelque chose d’un peu plus poétique là-dessus. Et étant très fan d’ENVY, et j’avais rencontré Tetsuya a un Hellfest il y a quelque temps et on est resté un peu en contact, je l’ai contacté en disant qu’on allait sortir un nouvel album et qu’il y a une piste où je vois ta voix dessus et il a accepté.

Déluge - Opprobre (OFFICIAL MOTION DESIGN)

WTH : Je trouve que ce passage apporte vraiment quelque chose d’intense sur cette chanson.

FT : C’est clair. Ce qui est amusant que c’est que du « spoken word », des paroles qu’il a écrites et il les récite comme un poème. Et effectivement ça maintient une tension.

WTH : Pour un auditeur sur le point d’écouter cet album, sur quoi lui dirais-tu d’être plus attentif ?

FT : Je m’étais fait cette réflexion il n’y a pas très longtemps, à la première écoute il faut se le farcir parce que c’est un gros morceau qui est riche, diversifié, il y a du relief, c’est un beau voyage initiatique. Pour la première écoute, il faut presque la faire sans trop d’attention, en bruit de fond donc je dirais qu’il ne faut pas hésiter à se le réécouter plus attentivement.

 WTH : Donc là on peut dire que vous êtes pleinement satisfait de ce deuxième album.

FT : Oui franchement. Déjà j’ai eu l’intelligence de m’entourer des bonnes personnes mais c’est un album qui va dans la direction dans laquelle je voulais aller. On a au moins atteint les objectifs que j’avais fixé et même dépassé pour la plupart. Quand j’entends la prod’, je n’imaginais même pas ça car ça va bien au-dessus de mes exigences. Donc on est parfaitement content et on n’a aucun regret sur l’album. On a pu mettre en place des idées qui n’étaient pourtant pas facile et avec le premier confinement on aurait pu aussi faire l’impasse sur certaines choses mais tout pu se faire, y compris le featuring qui s’est fait simplement. Et en termes de délais, on n’était pas trop sûr parce que le Japon était complètement confiné. Tetsuya a enregistré en studio mais ils ne pouvaient pas sortir de chez eux donc ça a failli ne pas se faire et finalement on l’a quand même tenté et ça a pu se faire.

WTH : Je te laisse le mot de la fin avec un message pour nos lecteurs.

FT : Déjà merci à toi pour ton interview. On espère tous pouvoir tourner très vite parce que l’expérience live ça fait vraiment partie intégrante du projet DÉLUGE. De notre côté, on bosse super dur pour vous avoir quelque chose d’énorme et on prépare de jolie en espérant qu’on nous permette de les faire.

Aego templo deluge

Déluge

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