Entretien avec le duo CROWN

WTH : Salut à tous les deux, je vous laisse vous présenter ainsi que le projet CROWN.

Stéphane : Je suis le compositeur-interprète de CROWN, le groupe existe depuis dix ans et j’ai tout fait tout seul pour les deux/trois premiers albums. David est arrivé à partir de Nightfall où il a produit et mixé, mais je vais le laisser se présenter.

David : C’est une bonne introduction. À la base mon métier est producteur, et puis j’ai joué dans pas mal de groupes. Et après avoir participer à la fin de son album précédent, Stéphane m’a proposé de collaborer sur le suivant. J’y joué de la guitare donc je suis un peu plus intervenu avec les instruments en plus de la production et du mixage et on a fini par devenir un binôme.

WTH : Comment est parti l’idée de monter ce projet ?

Stéphane : J’ai toujours été attiré par la musique industrielle, je suis un gros fan, et j’ai commencé par faire quelque chose de minimaliste déjà sur scène et je composais tout. C’était un truc plutôt autocratique sur le principe. Et c’est parti de là et de vouloir faire quelque chose d’atypique.

WTH : CROWN qui signifie « couronne » en français, pourquoi avoir choisi ce nom ?

Stéphane : Bonne question ! Je voulais un nom assez court avec une sonorité qui me convenait, et puis il y a aussi le côté symbolique du mot qui me plaisait bien.

WTH : Qu’est ce qui a fait que tu voulais monter ce projet seul sans aucun autre membre ?

Stéphane : Au départ j’écrivais, mixais, montait tout et puis je demandais à des potes de venir sur scène pour donner vie à l’ensemble, mais j’ai vite fait le tour de cette formule. Et lorsque j’ai rencontré David, j’ai senti que je devais changer. David est quelqu’un de très créatif, talentueux et il me fallait avoir un vrai batteur sur scène.

WTH : Sur les albums précédents, ce n’était que de la boite à rythme ?

Stéphane : Oui voilà. Sur scène on avait deux ou trois guitares et un ordinateur avec boite à rythme un peu comme le groupe GODFLESH sur certaines périodes.

WTH : Sur le dernier album vous avez donc travaillé à deux, comment vous êtes-vous réparti le travail, comment vous avez créé les morceaux ?

David : je vais te répondre parce que je n’ai pas grand-chose à dire sur ça, c’est son groupe, il compose les morceaux, c’était son projet, alors pour le dernier album ou il m’a envoyé les démos, j’ai effectué mon travail de producteur avec l’ajout de sonorités et le travail du mixage. J’ai produit plus de 450 disques j’ai donc une certaine expérience. Stéphane me donnait les squelettes des morceaux, parfois bien en chair que j’habillais pour les renforcer, un accord par-ci, une structure par-là donc j’assaisonne tout ça. Il y a certaine chose que je rejoue mais pas tout car il y a des choses qu’il a joué que je ne pourrais pas faire mieux, mais certains passages où je me dis qu’on pourrait pousser un peu plus en termes de sonorités ou d’expérimentation sonore.

CROWN - Illumination (Official Video)

WTH : Stéphane, comment décrirais-tu la musique de CROWN sans étiquette ?

Stéphane : Le mot qui le vient immédiatement à l’esprit est cinématique, c’est dur de prendre du recul parfois et de se regarder. Qu’en penses-tu David ?

David : Franchement c’est dur à dire, déjà que le projet a beaucoup évolué entre les deux premiers albums et maintenant mais on peut dire qu’au départ au sentait poindre le metal au sens traditionnel du terme avec des ouvertures vers d’autres choses, alors que maintenant on peut dire qu’on est plus proche du rock industriel.

WTH : On va rentrer dans le détail de l’album The Head of All Things, qu’est-ce qui a fait qu’il y a eu six d’écart avec le précédent ?

Stéphane : En fait je suis également ingénieur du son et je tourne beaucoup à l’étranger, et puis j’ai bossé avec ALCEST et ABBATH, j’ai beaucoup tournée avec eux et j’ai commencé à écrire dès 2017.

David : En fait l’album est terminé depuis début 2020 et les conditions ont fait que l’on a repoussé l’album deux fois parce qu’on espérerait le défendre sur scène mais on a fini par céder et se résigner à le sortir maintenant.

WTH : Comment cet album se démarque-t-il du reste de la discographie ?

Stéphane : Le chant interpelle pas mal de gens, on a changé de cordage, on est passé de 8 à 6 cordes plus classique ce qui donne plus d’énergie à l’ensemble, mais la voix est plus marquante.

David : La basse a été très importante, il y une batterie acoustique, le chant est clair, il n’y a plus de riffs metal et on tourne à mon sens sur quelque chose de beaucoup plus harmonique et musical, on peut dire que tout a changé.

WTH : Pourquoi ce choix de voix basses dans le chant alors qu’avant il y avait des chants hurlés ?

Stéphane : Quand j’ai commencé à écrire les morceaux, c’est venu tout naturellement par rapport à l’ambiance des titres qui sont beaucoup plus calmes que sur les albums précédents et David m’a poussé dans cette idée de voix claire qui apparaissaient déjà sur Natron, les morceaux portaient ça en eux.

David : C’est moi le fautif ! (Rires). Le travail d’intervenant dans le précèdent album m’a amené à déceler des apports qui permettraient à Stéphane d’exprimer pleinement ce qu’il avait en lui, la voix ça a été une évidence et après ce n’était plus qu’une question de réussir à y mettre ce qu’on voulait en termes d’intentions et sentiments.

WTH : De quoi nous parlent les chansons de l’album ?

Stéphane : L’inspiration vient en général de ce qui qui se passe autour de moi, dans le monde aussi mais par contre, c’est super abstrait. Ce sont des fresques un peu sombres que j’ai dans ma tête, ce sont comme des tableaux, très subjectifs et qui prêtent à l’interprétation de chacun.

WTH : Comment ce sont déroulés les enregistrements ?

David : Très bien ! On voulait garder le côté hypnotique de la chose, et ensuite on a demandé à un batteur de travailler de son coté sur les morceaux et nous avons fait la même chose pour les autres instruments, on a beaucoup travaillé les textures des sons pour coller à l’ambiance générale de l’album, on a fait des tonnes d’expérimentations, de pédales, on s’est beaucoup embêter sur les textures de guitares et beaucoup de gens croiront entendre des claviers alors que ce sont des guitares.

WTH : Et sur les parties vocales Stéphane ?

Stéphane : C’était un vrai challenge pour moi, je n’avais pas travaillé ça dans les précédents albums et là comme les chansons étaient beaucoup plus mélodiques et porteuses d’émotions, ça a été beaucoup plus difficile que de hurler du black metal ou du hardcore. Et plus quand tu entends ta voix, tu ressens une certaine fragilité, une vraie émotion.

David : je voudrais rajouter que l’écart des notes chantées est important et techniquement il a dû beaucoup donner et tenir la barque, et cela nous a demandé beaucoup de travail.

WTH : Il y a la chanteuse Karin Park du groupe ÅRABROT qui a fait un featuring sur la chanson Utopia. Comment s’est passée cette collaboration ?

Stéphane : Je leur faisais le son, à eux et à THE OCEAN, sur une tournée et dès que je l’ai entendu chanter, elle m’a beaucoup impressionné. J’ai su qu’elle pourrait nous faire quelque chose de très abouti. Je lui ai présenté l’album qu’elle a bien aimé. Elle nous a proposé de faire quelque chose et elle nous a renvoyé quelque chose de très pop.

David : C’était un vrai challenge de conserver le son pop avec son intention première et de coller malgré tout à l’esprit de l’album tout en respectant ce qu’elle a fait car on aurait pu commencer à tout distordre, prendre des bouts à gauche et à droite mais ce n’était pas ce qu’on voulait faire. J’avais à cœur de respecter l’intention qu’elle y a donné et cela donne un aspect lumineux pour terminer l’album. Nous avons mis la chanson en fin de disque pour accentuer ce côté pop plein d’espoir, malgré les paroles.

WTH : Ont conclue avec un message pour nos lecteurs ?

Stéphane : on espère qu’ils vont être touchés par cet albums, qu’ils vont voyager avec les morceaux et on attend avec impatience leurs impressions ainsi que leurs messages qui sont importants pour nous.

WTH : Merci à vous deux et bonne continuation

Stéphane et David : merci à WTH, sympa !