Entretien avec Niko de TAGADA JONES
- Par Romain Dos Anjos
- Le 31/01/2021
- Dans Interviews
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Avec des textes très engagés qui font une nouvelle fois échos aux situations actuelles, TAGADA JONES est revenu avec un nouvel album qui se veut parfaitement démarqué par rapport aux précédents. C'est cette ligne directrice que les bretons ont suivie, voulant se renouveler et ne pas revenir ce qui a déjà été fait. Nous nous sommes entretenus par téléphone avec le chanteur-guitariste Niko sur cette sortie et sur cette crise que nous vivons depuis plusieurs mois.
WTH : Vous avez sorti votre nouvel album À feu et à sang avec un jour d’avance à la suite de l’annonce du deuxième confinement. Vous avez été pris de court ou vous aviez anticipé ?
Niko : On s’en doutait un peu comme tout le monde au dernier moment mais après on ne peut pas changer tous ses plans à 24 ou 48 heures. Et puis on n’allait pas dire à tous les gens qui attendent cet album qu’on repousserait sa sortie donc voilà on a décidé ça. On est à une époque où le numérique est omniprésent donc ce n’était pas si problématique que ça. Peut-être pour les ventes physiques mais ce n’est pas la fin du monde.
WTH : Quel est ton ressenti en tant que musicien par rapport à la situation actuelle ?
Niko : C’est très frustrant. Cela semble évident pour tout le monde que c’est frustrant parce qu’on attend depuis je ne sais pas combien de temps de ressortir jouer et à chaque fois on repousse. Ce n’est pas comme si on nous disait que dans trois mois on pourra rejouer… Après, il ne faut pas non-plus nier l’urgence de l’urgence sanitaire et on en a bien conscience. C’est facile de se plaindre de ne pas pouvoir jouer quand en parallèle, par exemple, un proche d’un certain âge arrive à l’hôpital et qu’il n’y a plus de place pour l’accueillir c’est bien plus grave donc on relativise.
WTH : Quelle est ta vision de Tagada Jones par rapport à vos débuts ?
Niko : Je pense que le groupe n’a jamais été aussi gros qu’aujourd’hui. On est vraiment un groupe indépendant qui est parti de rien, auto-produit et puis petit à petit on a gravi les échelons et aujourd’hui, le contexte actuel donne encore plus de sens à notre discours, même si je ne trouve pas ça très positif en soit. Il y a une époque, on pourrait dire que le discours de Tagada est un peu chiant mais maintenant les gens se rendent compte que ce que l’ont disait, ce n’était pas totalement faux. Je pense d’ailleurs que beaucoup de jeunes qui se retrouvent dans notre façon d’écrire les choses. Ils se sentent moins seuls en nous écoutant et ils ont enfin l’impression, je dirais, d’avoir une vitrine pour leur discours.
WTH : Avec un nouvel album qui du sens à cette situation, À feu et à sang de son petit nom. Peux-tu nous le présenter ?
Niko : C’est un album assez différent des autres, très hétérogène parce que c’est ce qu’on a voulu. J’ai souvent été déçu de certains autres groupes qui sortent des albums qui ressemblent à ce qu’ils ont déjà fait, qui parfois s’auto-parodie. Ça peut paraître méchant dit comme ça mais c’est une réalité. Et nous, on voulait tout sauf ça, quitte à prendre le risque de se planter. Donc on a essayé d’écrire de manières différentes, des choses différentes en se mettant des petits challenges. Finalement ils se retrouvent sur l’album et on est très content de ces différences. On a déjà eu quelques retours de la presse qui étaient positifs, même si on peut très bien avoir de mauvais retours de la part du public. Heureusement ils ont été positifs également donc évidemment ça nous fait super plaisir.
WTH : Comment s’est passé la gestation de cet album des compositions jusqu’à son enregistrement ?
Niko : Disons que ça s’est passé quasi-normalement mais on est des habitués du confinement donc on a pris un mois de retard à cause de ça mais ça n’a pas été la grosse révolution non-plus. On avait prévu d’enregistrer en deux fois. La première partie s’est déroulée en février et s’est passée de manière tout à fait normale. Ensuite il y a eu l’annonce du premier confinement donc on a décalé la deuxième partie de l’enregistrement d’un mois, ce qui a fatalement décalé sa sortie. Mais ça s’est bien passé et ça nous a même permis d’écrire deux titres de plus et peaufiner l’album.
WTH : Vous avez été un peu plus productif en somme.
Niko : Voilà et on n’a vraiment pas subi cette situation. On a un peu plus subit le deuxième confinement car on aurait dû être en tournée.
WTH : J’imagine que la situation de crise que nous traversons depuis plusieurs mois, voire années, et au-delà la pandémie, mais ces conflits par rapport à certaines religions, les attentats, les catastrophes climatiques, etc., ont contribué à l’écriture des paroles ?
Niko : Tout à fait et puis ce sont toujours des réactions à chaud car il y a des choses qui nous énerve donc on a envie de réagir là-dessus donc le monde qui nous entoure est vraiment le cœur de l’écriture et son inspiration. Il y a de ça, il y a l’écologie, les grands incendies… Donc on l'a retranscrit. On nous dit souvent en interviews que nos textes, nos albums sont dans l’ère du temps et dans le contexte. Eh oui c’est normal car on s’inspire de ça pour écrire donc c’est logique que les gens ressentent ça.
WTH : Pour cet album, vous avez écrit 20 titres mais vous êtes restés sur 14. Qu’avez-vous prévu pour les six titres restants ?
Niko : Il y en a trois qui sont mixés, qui sont prêts à être utilisés donc ce sera peut-être des inédits. On a longtemps hésité à les mettre car on aurait pu le faire sur le CD mais pas sur le vinyle. Et après coup on s’est dit non car on l’a déjà fait une fois, on préfère que ce soit les mêmes titres car on a vraiment envie de mettre en avant le vinyle donc on en a mis 14 car c’est le maximum que l’ont peut mettre dans le vinyle donc les trois qui ont été mixés sortiront en inédit ou autrement, et les trois autres sont des titres qu’on a gardé de côté et seront retravaillés. Ce qui fait qu’ils ne sont pas sortis c’est qu’on ne les estimait pas totalement terminés.
Tagada Jones - Nous avons la rage (Clip officiel)
Tagada Jones - Le dernier baril (Clip officiel)
WTH : Dans le clip de la chanson Le Dernier Baril, vous avez fait appel à des percussionnistes qui tapent sur des barils comme Les Tambours du Bronx. Ce sont ces derniers qui les ont inspirés ?
Niko : C’est un vieux collectif qui se s'est formé à la même époque que les Tambours donc je ne pense pas qu’ils les ont inspirés. Peut-être mais je ne peux pas trop répondre mais c’est sûr que c’est le même univers. On aurait pu leur demander car on connait bien les Tambours mais ce collectif est plus proche de chez nous donc c’était plus simple de faire appel à eux. Mais étant donné que les Tambours viennent à notre festival, c’est prévu de jouer avec eux sur ce titre donc tu te doutes bien que ce n’est pas une idée qui a été mise aux oubliettes !
WTH : J’ai toujours une question souvenir de concert qui est devenue traditionnelle, c’est l’instant nostalgie ! Vous avez joué au Zénith en novembre dernier avec les No One et Ultra Vomit. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Niko : C’était une grosse fiesta ! On s’est éclaté, on a vraiment pris un plaisir de fou. J’aime me rappeler qu’on adore jouer, que ce soit dans des petites salles ou dans des grandes, tant qu’il y a une bonne ambiance. On joue pour s’éclater avec les gens, prendre du plaisir mais peu importe la salle. Mais c’est vrai que quand tu te retrouves dans des salles comme ça, ces concerts à 6000 personnes qui chantent en cœur tes morceaux ça donne des frissons. Donc ça a été une superbe fête, le concert était complet donc il faudrait être fou pour dire le contraire donc c’est vraiment un super souvenir.
WTH : As-tu un message à adresser à nos lecteurs pour conclure ?
Niko : Je les invite à écouter notre album car on est vraiment très content de ce bébé, ça s’est super bien passé. De continuer à soutenir la scène car on est toujours dans une période difficile et on constate que beaucoup de gens sont vraiment dans la galère. Le gouvernement a beau dire qu’il nous aide, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne donc c’est extrêmement difficile. On espère en tout cas que de pouvoir vous retrouver rapidement en concert et puis ma foi, longue vie au rock !
Merci au label At(h)ome de nous avoir permis de réaliser cette interview.
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