ENTROPY ZERO : Entrevue avec F-2301
- Par Romain Dos Anjos
- Le 22/10/2020
- Dans Interviews
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Lorsqu'on parle de science-fiction, on pense tout de suite à des films comme Star Wars, Matrix ou Interstellar, ou à des series comme Stargate ou X-Files, on pense à des jeux vidéo, mais rarement côté musique. C'est pourtant l'univers dans lequel baigne ENTROPY ZERO, un projet originaire de Nantes mené par François alias F-2301 qui tente, avec une musique instrumentale, de stimuler l'imaginaire du public en lui donnant une simple ligne directrice et d'en faire ce qu'on souhaite. Voici notre entretien, que la force soit avec vous!
WTH : Bonjour C-2301, peux-tu nous présenter ton projet Entropy Zero ?
François : Bonjour à toi et aux lecteurs de What The Hell. Entropy Zero c’est un projet de musique instrumentale qui opère dans un univers de science-fiction. On n’a pas vraiment de style dans le sens où on va dire que c’est pluri-style. On peut très bien faire de l’électro comme on peut faire du rock/metal, ou partir sur des ambiances planantes, des ambiances jazz, donc c’est assez large. L’objectif du projet c’est de venir stimuler l’imaginaire des gens à travers les univers que l’on peut créer. Chaque compo est un peu une histoire à raconter. Entropy Zero ce n’est pas que de la musique, dans le sens où, en live, on a aussi des vidéos donc on est proche du ciné-concert. Ce sont des vidéos synchronisées avec un pseudo-scénario à chaque fois pour enrichir l’histoire qui est proposée mais ça reste quand même assez vague, suffisamment vague en tout cas, pour que l’auditeur puisse recréer lui-même dans sa tête sa propre histoire. Et quand on vient nous voir en concert, certains viennent nous dire que ça les a fait penser à ci, ça les a fait penser à ça, alors là je me dis que c’est réussi.
WTH : Pour vraiment transporter l’auditeur dans son imaginaire, lui donner un petit coup de pouce quelque part ?
François : C’est ça, c’est lui donner une direction. Maintenant il a les rênes, il doit aller par-là mais il fait un peu ce qu’il veut dans sa tête.
WTH : Qu’est-ce qui t’a donné envie de monter un tel projet ?
François : Je fais de la musique depuis que je suis tout petit. J’ai fait beaucoup de choses différentes, je suis pianiste de base. Après j’ai fait du black metal, puis j’ai fait du pop-rock, de la musique pour des courts-métrages. J’ai eu envie de monter sur scène et je me suis posé la question, qu’est-ce que je pourrais faire ? Comme je suis un fan de science-fiction, j’ai voulu explorer cet axe-là. Je n’ai pas voulu me fixer de limite sur le style mais comme j’ai un ADN metal, j’ai voulu faire une base rock/metal, et tout le reste autour c’est libre. Je peux faire de l’électro, j’ai des synthés et je travaille beaucoup de sons qui m’inspirent. Je fais un peu de jazz aussi, je peux faire des trucs tantôt plus doux, tantôt plus énervés, suivant les histoires que je veux raconter, tout ça c’était vraiment le point de départ. Tout en me disant que ça reste une musique live donc faut que ça y ressemble, et non pas à de la musique de films. Et comme j’aime aussi tout ce qui est vidéo, montage vidéo, post-prod, etc., j’ai donc voulu mêler les deux pour que je puisse m’éclater de manière créative et essayer d’intéresser plus les gens qui sont confrontés à ce qu’on propose.
Entropy Zero - Dune 1984
WTH : Quels sont les films qui t’inspirent le plus ?
François : Il y en a beaucoup et c’est difficile de s’avancer mais s’il y a quelques films qu’il faut citer, il y a Blade Runner que j’adore et pourtant souvent je dis que c’est un film chiant, qu’il ne se passe rien et que c’est peu contemplatif mais moi j’aime bien parce que, visuellement ça claque, et l’histoire de fond est excellente. J’ai bien Christopher Nolan, donc Interstellar, et j’adore Hans Zimmer donc c’est le combo idéal pour moi. Après j’aime bien certains Star Wars, pour revenir un peu dans la pop-culture. Et puis il y a tellement de films et de séries de science-fiction, par exemple il y a The Expanse qui est vraiment la série ultime pour moi, donc c’est déjà pas mal.
WTH : Et au niveau des jeux vidéo ?
François : Ah oui, je suis un geek tout comme mon frère. Aujourd’hui on est deux dans le groupe : il y a moi, F-2301, et mon frère, K-74. On est tous les deux des geeks, lui encore plus que moi ! En termes de licences, je peux t’en citer un paquet, mais je vais dire ce à quoi je joue actuellement, il y a Fallout 76 en ligne avec mon frère. Je joue aussi à Subnautica, un jeu d’exploration sous-marine futuriste. Avec beaucoup d’années de retard, je me suis lancé dans la campagne StarCraft 2.
WTH : Mieux vaut tard que jamais !
François : Voilà ! C’était un impondérable, ça fallait longtemps que je me disais qu’il fallait que je m’y mette donc voilà. Dans l’immédiat, c’est ce qu’il me vient à l’esprit.
WTH : Comment est partie cette idée de pseudos alphanumérique ?
François : Les pseudos sont venus un peu comme ça. On s’est dit qu’on allait se faire un matricule et, c’est qui est drôle, c’est dur à retenir. Habituellement, on se créé un pseudo pour qu’ils soient retenus mais là c’est un peu l’inverse et je trouve ça rigolo. Donc on a choisi une lettre et un nombre, pas un truc au hasard parce qu’il faut qu’ils aient un sens pour nous. Je ne dirais pas à quoi ça correspond F-2301 mais pour moi ça a du sens, ça correspond à quelque chose. On a enchaîné sur le second album car, avec le covid, j’ai eu le temps de composer. Par rapport au premier album qui était un brouillon, pas les compos mais l’album lui-même qui n’était donc pas un concept-album, avec le deuxième ce sera le cas et on va y mettre en place l’univers d’Entropy Zero. Qui sont les entropiens, nous, ce qu’on fait là, pourquoi on est là… Il y a une espèce de but ultime. Et tout ça prendra forme sur le deuxième album et les pseudos prendront un sens supplémentaire puisqu’on a forcément intégré ces pseudos à cet univers. Je ne peux pas en dire plus pour entretenir le mystère !
WTH : On va revenir sur les influences et là on va parler musique. Quels sont les artistes qui t’influencent le plus ?
François : En fait, j’écoute moins de musique que je regarde des films ou joue aux jeux vidéo. Je m’inspire plus de ça que d’artistes musicaux. Pour autant, j’écoute quand même de la musique. Tout à l’heure j’évoque Hans Zimmer donc j’écoute quasiment que de la musique de film, que ce soit un mec connu ou pas connu. Après, citer un artiste connu ce n’est pas évident. En metal je te dirais Gojira que j’aime bien. J’adore Septicflesh aussi. Quand ils ont sorti leur live symphonique c’était juste énorme. J’aime bien Shâarghot que j’ai découvert il y a environ 1 ans et demi.
WTH : Une particularité que j’aimerai souligner, la musique d’Entropy Zero est totalement instrumentale. Pourquoi ce choix ?
François : Comme l’idée était de stimuler l’imaginaire des gens, quand on enlève le chanteur, on ouvre le spectre du possible. Quand il y a un chanteur qui focalise l’attention, qu’il vous raconte un texte et qu’il vous dise quelque chose, c’est très bien mais c’est plus difficile de se sortir de ça. Entropy Zero est une musique qui s’écoute et sans chant, je trouve que ça permet de s’évader beaucoup plus et c’est pour ça que j’ai fait ce choix. Cela étant, je me suis mis au micro mais pour faire un chant synthétique, avec beaucoup d’effets dessus. Ce ne sera pas un chant classique, couplet/refrain, ce sera vraiment à un endroit, je vais mettre un message clair et j’utilise ma voix pour le faire, tout en gardant cette identité purement musicale pour garder cet effet de projection mentale.
WTH : Tu m’as dit que vous n’étiez plus que deux dans le groupe, toi et ton frère. Comment ça se passe en live ?
François : Voilà, aujourd’hui on est deux, ça fonctionne bien et on a trouvé un bon équilibre. Ce qui est difficile dans un groupe, c’est de tous être sur la même longueur d’onde et surtout qui ont bien compris qui fait quoi. Comme c’est moi qui accapare toute la partie création, je cherche juste un musicien live. Il n’est pas possible qu’on puisse participer à la création dans Entropy Zero parce que c’est le postulat de départ. Cela étant, ce sont forcément des gens qui ont plusieurs projets, un où ils vont créer, un autre où ils vont venir jouer, et c’est compliqué de trouver des musiciens comme ça. Il faut bien s’entendre et puis il faut trouver quelqu’un qui aime tout ce qui est science-fiction et qui est prêt à faire plein de styles différents, ça fait beaucoup de chose. Donc, finalement, avec mon frère on s’entend bien sur pleins de points donc ce n’est déjà pas mal. On peut s’engueuler sans pour autant se fâche donc c’est très bien aussi. Et comme ça fonctionne bien, on a déjà fait plusieurs concerts à deux comme ça donc je ne suis pas en recherche active de membre live. Après si ça vient, tant mieux, mais si ça ne vient pas c’est bien aussi. Mon frère lui joue de la basse et pour la batterie, on a une boite à rythme. Lui il s’occupe de jouer en live avec moi, il m’épaule sur certaines choses quand j’ai des doutes ou quand je cherche des trucs. Il tient également une page Twitch et il a commencé à faire des vidéos de reviews de films de science-fiction.
WTH : Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?
François : Une grosse partie de l’enregistrement s’est faite par ordinateur. Il y a un autre ami qui est venu nous aider pour la session guitare, C-273. Il n’est pas en photo sur l’album mais il est évidemment cité. Il a composé les solos lui-même. Mais pour tout le reste, c’est moi qui gère. Soit je m’enregistre moi-même, soit c’est de la programmation.
WTH : Pour le prochain album, outre les vocales, quels sont les choses que tu voudrais rajouter et qui ne sont pas dans le premier ?
François : Il sera plus corsé. On va pousser un peu les curseurs et je pense qu’en live ça va se ressentir, ce sera beaucoup plus énergique. Donc les voix, mais il y a aussi l’aspect visuel qu’on a amélioré. Déjà maintenant, on a des tenues de scènes, des éléments de décors supplémentaires. On a tissé des liens forts avec des cosplayeurs qui viennent nous retrouver sur certains concerts. On essaye de tirer plus sur le spectacle que sur un concert de « base ». Après on retrouvera tous les ingrédients qu’on a déjà développé auparavant.
WTH : En dehors des salles de concerts, vous vous êtes également produit en convention. Quelles sont les différences entre les deux ?
François : Comme tu l’as dit, on a deux types de concerts. On a les cafés-concerts où la particularité c’est que les gens viennent surtout pour un style de musique. Par exemple, on va jouer un concert de death metal ou un concert de synthwave, et nous comme on a une musique qui n’est pas un style, même si les gens aiment ce qu’on fait, ils ont du mal à nous mettre dans une case donc ils vont nous juger par rapport à la surprise. Le public en convention c’est différent, ils ne viennent pour voir un concert de quelque chose, ils viennent voir un concert d’un univers. Ils viennent nous voir pour ça donc ils jugent d’une autre manière et c’est plutôt bien reçu. La science-fiction c’est aussi la pop-culture. Et puis on a des titres spécifiques pour les conventions qu’on ne joue pas forcément ailleurs. Là on va faire une reprise du Mandalorien VS Dark Vador parce que c’est un personnage assez fort et je pense qu’en convention ça va bien marcher. Je ne dis pas que ça ne marchera pas en café-concert mais je pense que n’est pas ce que les gens attendront.
WTH : J’imagine déjà la réponse mais que dirais-tu si on te proposait de faire la musique d’un film de science-fiction ?
François : Je dirais non ! (Rires). Bien sûr je dirais oui. Je ne dirais pas que c’est un rêve, peut-être un rêve de gosse, mais c’est clair que si je pouvais le faire je n’hésiterai pas une seconde. Je ne dirais pas non plus que c’est objectif car je ne sais pas encore comment m’y prendre pour arriver à ça, je n’ai pas de plan d’action à mettre en place pour y arriver. Je me concentre déjà sur le développement du projet en tant que tel. Je pense que notre musique peut s’y prêter et ce serait vraiment super pour moi de faire ça. Même si j’ai déjà fait des musiques de court-métrages mais ce n’est pas pareil donc si je pouvais partir sur ça, déjà SF il n’y en a pas 50 000, donc ça serait plutôt cool.
WTH : Pour terminer, as-tu un message pour nos lecteurs qui serait curieux de découvrir Entropy Zero ?
François : Si vous êtes curieux de voir ce que peut donner de la musique cinématographie science-fiction et que vous avez envie de vous propulser dans un univers à la fois guidé et à la fois personnel, et bien jeter une oreille en Entropy Zero et vous me direz ce que vous en pensez.
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