FISHING WITH GUNS : Interview du chanteur Iñigo Delgado
- Par Romain Dos Anjos
- Le 12/10/2021
- Dans Interviews
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Avec un nom qui évoque une façon de pêcher plutôt radicale, FISHING WITH GUNS nous revient plus fort avec un nouvel EP qui s’inspire du film du même nom, Under The Silver Lake. Le chanteur Iñigo Delgado nous a parlé de ce nouvel opus produit avec un tout nouveau line-up et un petit coup de main (bien que la main est un sujet sensible ces temps-ci) d’amis musiciens.
Romain : Peux-tu nous faire une présentation du groupe, une petite bio rapide ?
Iñigo : Moi c’est Iñigo, le chanteur de FISHING WITH GUNS, un groupe qui existe depuis 2005 qui a sorti deux albums et deux EPs. Je suis réellement arrivé dans le groupe suite au départ du premier chanteur en 2015 et c’est le deuxième EP que j’enregistre avec eux. On a un tout nouveau line-up avec un nouveau guitariste et un nouveau batteur. Tout est renouvelé.
Romain : FISHING WITH GUNS, littéralement “Pêcher avec des flingues”. Vous le pratiquez souvent ?
(Rires).
Iñigo : Ahahah non. Le groupe existait déjà depuis 10 ans à mon arrivée donc forcément que ce n’est pas moi qui suis à l’origine du nom. C’est l’ancien chanteur qui l’avait trouvé pour reprendre l’expression américaine qui dit de faire les choses avec une délicatesse toute mesurée au lieu de faire les choses comme de gros bourrins.
Romain : Parles-nous des influences du groupe.
Iñigo : Dans le groupe, on a des influences qui sont assez variées qui vont aller du très old-school puisque Tof, Guillaume, Fred ou moi on a grandi avec des groupes comme METALLICA, MEGADETH, SEPULTURA et compagnie, et Mickey qui est plus jeune que nous va avoir des influences beaucoup plus modernes, plus djent et plus chirurgical dans la façon d’appréhender la musique.
Romain : Comment décrirais-tu en mot la musique de FISHING WITH GUNS ?
Iñigo : On va dire que c’est du hardcore’n’roll. On va avoir ce côté très hardcore dans la construction des morceaux tout en gardant ce côté rock’n’roll avec des refrains un peu plus catchy qui vont te retenir et qui vont apporter un peu de mélodie dans l’ensemble.
Romain : Comme tu disais que vous avez chacun des influences variées, comment vous vous conciliez pour apporter chacun votre patte dans la composition ?
Iñigo : L’arrivée de Mickey dans le groupe a tout simplement changé notre façon d’écrire et de composer la musique. Anciennement, on était un groupe qui composait en répétition, c’est-à-dire que l’un d’entre nous arrivait avec un riff et on travaillait autour de ça. Mickey, qui est un ancien batteur et un ingénieur du son aussi, donc il a apporté une nouvelle façon de travailler, c’est que lui il est arrivé avec un morceau qui était déjà prêt avec sa partie guitare enregistrée et des parties de batteries donc il est arrivé avec sa structure et ça nous a poussé à changer notre façon de travailler, de pousser un peu nos retranchements, de devenir un peu plus technique alors qu’on était plutôt très rock’n’roll et relâché, et de finalement de faire de la musique assisté par des ordinateurs, de travailler de chez nous, de réfléchir à nos arrangements et de comment on voulait appréhender la musique. Alors d’une part, c’était avec l’arrivée de Mickey, et d’autres parts, ça a été conforté par l’arrivée du covid en pleine période de composition. Là on ne pouvait plus se voir donc on a dû ruser et trouver d’autres façons pour continuer à composer et de façon différente. Je plains mes voisins qui ont dû entendre mes productions au chant, hurler dans mon appartement. (Rires). Et lorsqu’on est sorti du confinement, on a pu enregistrer chez Francis et posé ce qu’on avait fait.
Romain : Votre nouvel EP est sorti le 17 septembre dernier, peux-tu nous le présenter ?
Iñigo : Notre nouvel EP, Under The Silver Lake, de cinq titres a été produit par Francis Caste au studio Sainte-Marthe. C’est un EP avec une grosse racine hardcore tout en en gardant ces côtés de mélodies sur les refrains ou sur des parties qui vont retenir l’auditeur. Il est librement inspiré du film du même nom, Under The Silver Lake de David Robert Mitchell, sur lequel on a fait une thématique globale à partir de cinq thèmes qui me parlaient à moi. En tout cas, c’est mon interprétation personnelle de ce que j’ai compris du film.
Romain : Juste avant tu me parlais de votre nouvelle façon de composer, alors j’imagine que la pandémie aussi vous a poussé à le faire.
Iñigo : Effectivement, d’une part c’était avec l’arrivée de Mickey, et d’autres parts, ça a été conforté par l’arrivée du covid en pleine période de composition. Là on ne pouvait plus se voir donc on a dû ruser et trouver d’autres façons pour continuer à composer et de façon différente. Je plains mes voisins qui ont dû entendre mes productions au chant, hurler dans mon appartement. (Rires). Et lorsqu’on est sorti du confinement, on a pu enregistrer chez Francis et posé ce qu’on avait fait.
Romain : Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous durant cette période ?
Iñigo : Le fait de ne pas pouvoir répéter et forcément de se voir aussi. Bien qu’on ait pu composer, le fait de se voir, de boire un coup ensemble en se charriant, notre camaraderie nous manquait.
Romain : Comme tu l’as cité, l’EP a été produit par Francis Caste que l’on ne présente plus. Comment s’est passée votre collaboration ?
Iñigo : C’est notre première collaboration avec lui, néanmoins on est quand même abonné au studio Sainte-Marthe parce que toutes nos productions sortent de là-bas. Avant on enregistrait avec mon meilleur ami Guillaume Mauduit qui était aussi ingé-son là-bas et lors de son départ pour d’autres aventures à Lyon, on s’est dit, pourquoi pas avec Francis ? Il a écouté nos morceaux et même s’ils avaient été composés à plus de 90%, lui aussi nous a beaucoup apporté dans les arrangements, sur les parties vocales et les chœurs qu’on pouvait apporter, et sur comment on pouvait arranger la musique pour garder ce côté très produit, et en même temps cette cohérence de groupe live et son énergie.
Romain : Pour la basse et la batterie, vous avez fait appel à Martin Gronnier de THE DALI THUNDERING CONCEPT et Morgan Berthet de MYRATH et KADINJA. Dans quelles circonstances ?
Iñigo : On n’a vraiment pas eu de chance à vrai dire. Marti Gronnier a dû remplacer notre bassiste qui a la fantastique idée, à quelques semaines avant l’enregistrement, de se coincer la main dans sa portière de bagnole ! Donc il s’est retrouvé avec la main gonflée et il ne pouvait pas jouer donc Martin a pu jouer et enregistrer les parties de basses et on est arrivé au studio avec une clé USB. Et pour le batteur c’est très simple, on en avait plus à ce moment-là car il avait disparu du jour au lendemain, on ne sait pas pourquoi. Heureusement que Mickey avait déjà écrite les parties batteries donc on a demandé à Morgan qui a également apporté sa patte.
FISHING WITH GUNS - OWL'S KISS - Lyrics Video
Romain : Quel est ton titre préféré dans cet EP ?
Iñigo : Alors moi ça va être Owl’s Kiss sans hésiter. C’est le refrain qui me plaît, moi qui suis très attaché à la mélodie, et ce refrain, malgré qu’on soit un groupe qui est très metal, il a des consonnances très grunge qui me font penser à du SOUNDGARDEN ou du STONE TEMPLE PILOTS, des groupes que j’aime beaucoup et c’est pour ça que je l’aime, il sort du lot pour moi.
Romain : L’EP m’a plu globalement mais je t’avoue que Owl’s Kiss m’a mis une grosse claque !
Iñigo : Bah écoute ça fait plaisir !
Romain : Concernant l’artwork qui, on s’en doute, représenter l’imagerie du film. Qui l’a réalisé ?
Iñigo : C’est ça. C’est Max notre ancien batteur qui l’a réalisé. Il est directeur artistique. Il était venu chez moi et pour exagérer la chose, je lui ai donné 150 000 directives qui étaient toutes contradictoires les unes des autres et il a dû composer avec ça. Et finalement, heureusement qu’il ne m’a pas écouté ! Trois semaines après, il est venu avec cet artwork en me disait qu’il avait décidé de ne pas m’écouter. Il a écouté l’EP et je crois qu’il a également vu le film. Il s’est fait son interprétation à lui, il nous a proposé ça et on s’est rendu compte que c’est ce qu’il nous fallait. Il reflète bien l’EP, il y a le lac, les montagnes, il y a ce mec et on ne sait pas vers où il marche… Le film lui-même est très influencé par ceux de David Lynch, on est dans un thriller film-enquête tout comme le thème de l’EP et Max a su faire ressortir ça sur l’artwork.
Romain : Après avoir produit cet EP avec le line-up actuel qui a subit moulte changement, trouves-tu que vous avez trouvé une stabilité ?
Iñigo : Oui ou en tout cas je l’espère ! Mais il y a déjà une stabilité gérée par les deux dinosaures Tof et Guillaume qui sont là depuis le début du groupe tandis que moi ça fait quand même six ans que je suis là. Et c’est aussi pour ça qu’on voulait sortir cet EP, ce que là on a une stabilité, on a une mouture qui est prête à éclater et qu’on a envie de montrer comme ça en tout cas.
Romain : Je suppose que vous n’avez pas encore pu jouer depuis la reprise des concerts.
Iñigo : En effet, absolument pas… Ça va être notre prochain cheval de bataille, de trouver des dates et de défendre notre EP bec et ongle. Le contexte actuel n’est pas évident, les salles ouvrent, elles ferment, c’est compliqué. Mais je pense qu’on va remonter sur scène d’ici la fin de l’année.
Romain : Après cet EP, avez-vous prévu un album ?
Iñigo : C’est le grand débat interne en ce moment. Bien qu’on soit des vieux cons (rires), on est conscient qu’il y a une autre manière de consommer la musique actuellement. Je vois beaucoup de groupes, d’artistes qui sortent de temps en temps des titres comme ça à la volée tous les 2-3 mois environ et Mickey va plutôt se revendiquer de cette école-là et nous on a envie de sortir un album. Dans tous les cas, on va sortir des trucs quelques soit la forme mais j’aime bien les albums qui ont une cohérence du début à la fin plutôt que cette musique qu’on va picorer comme ça en coup de vent, on aime ou on n’aime pas et on passe à autre chose. Ce qui est sûr c’est que cet EP-là va être le tremplin pour autre chose.
Romain : On va clôturer l’interview par une question qui est devenue traditionnelle chez nous, quel message voudrait-tu faire passer à nos lecteurs ?
Iñigo : Avant tout, merci à toi pour cette interview, d’avoir écouté cet EP, et pour les lecteurs, je vous propose d’écouter notre EP, dites-nous ce que vous en penser et retrouvez-nous sur scène !
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