Interview d'EVERGREY au Hellfest 2017

Evergrey 12Malgré des problèmes de tour bus qui ont bien failli nous faire manquer notre rencontre avec les suédois d’EVERGREY nous avons réussi à interviewer Tom et Jonas, respectivement chanteur et batteur de la formation, à l’occasion du passage du groupe au Hellfest.

Morrigan-wth : Alors, pour commencer, comment s’est passé le concert d’aujourd’hui ?

Jonas : C’était génial, ça faisait tellement d’années qu’on voulait jouer à ce festival, et finalement c’est arrivé, on a pu jouer ici, alors on a fait ce qu’on pouvait, on s’est vraiment amusés. On vient de rentrer d’une tournée d’un mois aux Etats-Unis et on se retrouve à jouer sur une grande scène à un festival comme celui-ci après avoir tourné dans des…

Tom : Plus petites salles…

Jonas : Ouais, des plus petites salles !

Tom : Ca fait bizarre de se retrouver devant 50 000 personnes !

Jonas : Ouais, mais c’est cool, c’est sympa !

Morrigan-wth : Habituellement, vous préférez jouer dans des petites salles ou à des festivals comme celui-ci ?

Jonas : Ce que je préfèrerais, ce serait un truc entre les deux, disons 2000 personnes, parce que quand tu joues devant 2000 personnes, c’est une grosse foule mais tu peux quand même créer une connexion avec le public, ici c’est trop.

Tom : Ici tu ne comprends pas, tu ne distingue même pas une personne, tu vois juste une audience massive, comme un océan, et de temps en temps tu remarques, « oh, il y a un gars, heeeeeeeeeey, salut !! ».

Jonas : Ouais, c’est assez irréel ! Et en même temps c’est irréel de jouer devant 2 personnes aussi, c’est genre, « mais c’est quoi ça ? ».

Tom : Ouais, c’est genre, « mais putain, qu’est-ce que je fous ici ?! ». Même chose, public différent.

Jonas : Mais en même temps c’est génial, je veux dire, qu’est-ce qu’on peut ne pas aimer dans un festival comme ça ?

Morrigan-wth : Donc si on vous invite à nouveau, vous reviendrez ?

Jonas : Oui !

Tom : On vivrait ici si on pouvait ! Mais en même temps, la France a toujours été géniale pour tout le monde, tu sais. Quand on a commencé notre carrière, on avait notre première grosse fanbase en France. On travaille toujours avec les personnes avec lesquelles on travaillait il y a 20 ans, elles font en sorte qu’on puisse jouer ici aujourd’hui, elles organisent nos rencontres avec la presse… les mêmes trous du cul depuis 21 ans.

Jonas : Et on est toujours les mêmes trous du cul que quand on a commencé aussi.

Morrigan-wth : Je peux vous demander comment le groupe s’est formé ? Je sais, c’est une question chiante, mais je dois vous la poser.

Jonas : Ah, tu dois ?

Morrigan-wth : Ouais !

Tom : On a commencé en 95… est-ce que t’étais déjà née au moins ?

Morrigan-wth : La même année !

Tom : Oh, la même année ! Alors, on a commencé parce qu’on voulait faire de la musique qui ne soit pas du Death Metal. Tout le monde à Göteborg voulait faire du Death Metal, et nous on voulait jouer de la musique sombre mais avec du chant clair et à cette période-là je ne chantais pas, on avait un autre chanteur. On voulait juste faire de la musique qui nous plaisait, et bien sûr on n’aurait jamais pensé qu’on en serait là 20 ans après, c’est fou ! Je savais qu’on ferait un album mais c’est tout, et après qu’on ait sorti le premier album ça a juste continué. Et ça fait 20 ans qu’on sort un album à peu près tous les 2 ans.

Jonas : Et je me souviens que quand vous étiez sur le point de sortir votre premier album, j’avais genre 16 ans ou quelque chose comme ça… non attends, j’avais 14 ans, et j’étais dans un studio de répétition juste à côté de celui d’Evergrey, et quand j’ai vu l’affiche disant « on fait un concert de lancement pour la sortie du premier album », un truc comme ça, je me suis dit « putain de merde, je joue dans un studio de répétition à côté d’un groupe qui a un contrat avec une maison de disque ! ». J’avais 14 ans, et aussitôt que l’album est sorti je l’ai acheté et j’ai adoré, et Evergrey est devenu l’un de mes groupes préférés.

Tom : Tu étais presque un enfant !

Jonas : Oui, 14 ans, donc c’est assez cool d’avoir été là depuis le début, mais de l’extérieur.

Tom : Et ensuite t’as commencé à travailler avec nous en tant que technicien de batterie…

Jonas : Comme un parasite, en me frayant un chemin petit à petit…

Tom : Genre « Je suis là et je ne partirai JAMAIS ! ».

Morrigan-wth : Sinon, comment s’est passé l’enregistrement de l’album The Storm Within ?

Tom : C’est toujours un challenge d’enregistrer un album, c’est une putain de charge de travail… de longues heures, de longues journées…

Jonas : De très longues journées…

Tom : Et de très longues nuits aussi… Jonas et moi, on est très intéressés par l’aspect production, etc, des albums. On l’adore et on le déteste à la fois, je pense.

Jonas : Ouais…

Tom : Ca devient un fardeau au bout de 6 mois à baigner dans la même atmosphère, durant lesquels on se supporte mutuellement toute la journée.

Jonas : Et c’est genre, tu penses à toutes ces chansons et à toutes ces parties de chansons et t’es là : « Est-ce que ça, ça va ? Est-ce que c’est la bonne structure, le bon arrangement, est-ce qu’on devrait rajouter quelque chose ou retirer quelque chose ? Oui, ça a l’air bien, ça sonne bien, mais est-ce que c’est vraiment bon ? ». C’est toutes ces putains de pensées à la con.

Tom : C’est des crises de nerfs, tu commences par te demander « Est-ce que cette chanson est assez bonne ? » et ensuite « Est-ce que ce couplet est assez bon ? » et à la fin « Est-ce que cette seconde est assez bien ? Est-ce qu’on aurait pu faire ça mieux ? »... On se laisse peut-être un peu trop absorber par la chose…

Jonas : Ouais, et sur la fin j’ai acheté une maison et j’ai déménagé en plus de ça, alors…

Tom : Et moi j’ai construit une maison…

Jonas : Ouais, et toi t’en as construit une, donc voilà, il fallait que je parte signer des papiers et des merdes, et il a dû prendre le relai…C’était des allées et venues…

Tom : C’était fou…

Jonas : Ouais, mais au final, on a fait le meilleur album qu’on pouvait faire à ce moment-là, et tout est cohérent vis-à-vis de ce qu’était notre son de base quand on a commencé à préparer l’album dans le studio de répétition et qu'on a fait la préproduction, tout est parfaitement à sa place.

Tom : Ce doit être le premier album qu’on ait fait, ou en tout cas que j’ai fait, sur lequel on a réalisé tout ce qu’on s’était dit qu’on ferait, tous les vœux qu’on avait…parce que pendant l’enregistrement, on s’était dit « Ce serait génial si on pouvait aller en Islande, trouver un endroit où on pourrait tourner une vidéo. » et on l’a fait ! J’en ai des frissons rien que d'en parler, parce que c’était vraiment un ressenti, on était tous tellement investis, à tel point que quand les gens venaient au studio où on écrivait, tout le monde se retrouvait absorbé par cet univers au sein duquel on créait The Storm Within, et à chaque fois que j’écoute une des chansons de l’album j’ai la sensation d’y retourner, c’est incroyable !

Jonas : Il y a juste un moment, dans chaque chanson, où tu te retrouves absorbé, en un claquement de doigts, et personnellement je trouve que ça prouve bien que c’est un album très fort. Donc ouais, on n’aurait pas pu faire de meilleur album.

Tom : On s’est vraiment cassé le cul, c’était beaucoup de travail.

Morrigan-wth : Vous vous définiriez comme des perfectionnistes ?

Jonas : J’en ai bien peur… et ce n’est pas très bon.

Tom : Lui ? Oh non, ça va.

Jonas : Moi ?! Si, mais en même temps, j’imagine que c’est nécessaire…

Tom : Oui, tu as besoin d’avoir de tout dans un groupe, tu as besoin d’avoir des gens qui ne sont pas comme nous, pour pouvoir avoir une vision plus globale et te dire « Est-ce que ça, ça a vraiment de l’importance ? Est-ce que ces 10 secondes importent vraiment ? ». Les gens qui n’ont aucune idée de là où on en est et de ce dont on sort écoutent l’album et disent « Ouais c’est génial, ça sonne super bien ! », mais pour nous ça représente des milliers d’heures passées à étudier chaque note.

Jonas : Et en même temps c’est tout aussi important que le mec d’à côté ne soit pas perfectionniste, et qu’il arrive juste en disant « Eh les gars, réveillez-vous, ayez une vision d’ensemble ! ».

Tom : Ouais, « Vous êtes en train de vous perdre. », ou « Ce que vous faites est bon. ». Alors non, on n’a pas besoin de 5 gars comme nous, 2 c’est suffisant.

Jonas : Oui, on a un putain de bon équilibre dans ce groupe.

Tom : Et tout le monde se sent, je pense, investi à 100%. Même si Jonas et moi on prend en charge la plupart des choses, tout le monde le ressent comme un effort de groupe. C’est tout aussi important d’avoir un gars à même d’entrer dans la pièce et de dire « Eh, mec… non. Quoi ?! Ca fait 2 jours que tu bosses sur ça, pétasse ?! Non. Vas te faire foutre, rentre chez toi ! ».

Morrigan-wth : Et comment est-ce que vous décririez l’atmosphère de cet album ?

Jonas : Très désertée, solitaire, sinistre, mais toujours avec de l’espoir, je trouve. Sombre, mais avec une touche d’espoir.

Morrigan-wth : Comment vous vous y prenez pour écrire les chansons ?

Tom : Trouver une base a été notre méthode pour les deux derniers albums. Trouver une base sur laquelle on puisse se mettre d’accord, un terrain d’entente, qui nous permette de nous dire « Commençons par là. ».

Morrigan-wth : Vous avez tourné en France avec le groupe Delain, est-ce que ça s’est bien passé ? Le public était réceptif ?

Jonas : Oui, à chaque fois !

Tom : Toujours, la France a toujours été très réceptive à notre musique !

Morrigan-wth : Vous venez du même coin que les gars d’In Flames

Tom : Oui, on a déjà tourné avec eux, on est amis !

Morrigan-wth : Est-ce que vous avez déjà pensé à collaborer avec eux sur un titre ?

Jonas : Je ne sais pas…

Tom : On ne ferme la porte à rien, mais ce n’est pas une chose à laquelle on a déjà pensé. Au jour d’aujourd’hui, on a des amis chez Avatar, In Flames, Sabaton

Jonas : On est une grande famille, mais ce n’est pas très courant que les groupes se rassemblent pour écrire des chansons. Je veux dire, on est une grande famille au niveau de la scène métal suédoise, mais quand il s’agit d’écrire des chansons, les groupes restent entre eux, en quelque sorte.

 

 

Evergrey Hellfest

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