Le divin triomphe d'ACOD - Rencontre avec le chanteur Fred
- Par Romain Dos Anjos
- Le 23/09/2018
- Dans Interviews
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En cette fin d'été, nous sommes allés à la rencontre du groupe français ACOD pour parler de leur nouvel album The Divine Triumph et de son concept. C'est donc au Hard Rock Café à Paris que nous sommes reçus par Fred, chanteur et membre fondateur du groupe.
Interview mené par Johnny Thammavonsga.
WTH : Peux-tu nous présenter ACOD ? Comment le groupe s’est-il formé ?
Fred : On est un groupe du sud de la France aux alentours de Marseille. On existe depuis 2006 et on fait du death metal. Donc voilà, dans les grandes lignes c’est à peu près ça. On est trois. On a sorti quatre albums studio dont « The Divine Triumph » qui est notre quatrième réalisation album studio, et on avait sorti deux EPs donc six réalisations.
WTH : Quelle est la signification du nom du groupe ?
Fred : Ah tu rentres dans le vif du sujet ! C’est quelque chose que l’on garde secret. On a un jardin secret qui est bien fourni chez ACOD. Donc on a beaucoup de parties sombres cachées dans le groupe et justement ce nom de groupe fait partie de cette face cachée de notre musique.
WTH : Donc ça vous donne un côté mystérieux et vous allez toujours rester comme ça.
Fred : En fait, il y a des parties qui sont prévisibles chez nous et après il y a une grande part de mystère autour de certaines choses. Après, pour quelqu’un qui s’intéresse au groupe, qui va commencer à écouter les chansons, à lire les paroles, il va trouver la signification du nom. Donc il faut qu’il s’intéresse un peu à tout, et là ce quatrième album fait partie d’une trilogie. Et ceux qui nous écoutent auront la signification du nom du groupe plutôt vers la fin de la trilogie.
WTH : Ce qui aurait forcé un lien avec la thématique du groupe, et justement parlons-en, quels thèmes abordez-vous dans vos compositions ?
Fred : Alors, spécialement sur ce nouvel album, on a fait un concept-album. On a donc un personnage principal de cette histoire qui vit une descente aux enfers. Il passe donc une porte vers un univers, un royaume où se côtoient des divinités. Une espèce d’Enfer de Dante revisitée façon ACOD. Et tu peux aussi faire le parallèle parce que, quand tu écoutes notre musique et que tu lis les paroles, tu vois tout de suite ce qui te saute d’un coup aux yeux ce qui est donc cet univers sombre et ce personnage principal qui évolue dedans donc tu vois le côté fantastique de la chose. Mais tu peux aussi faire le parallèle avec la vie de tous les jours, la vie actuelle des gens, et tout un chacun peut se reconnaitre dedans car on a tous, à un moment donné, une période un petit peu sombre de notre vie où on perd des choses et puis, cette descente aux enfers, tout le monde peut la vivre donc on peut faire ce parallèle.
WTH : Quels sont les groupes de metal qui vous influencent le plus ?
Fred : On est très influencés par la scène metal extrême des années 90, donc death metal et black metal, des groupes comme Morbid Angel, At The Gates, Cradle of Filth, Emperor, Dissection. On est très friands, tous les trois, de ce genre de groupes. Ils ont bercé notre enfance, notre adolescence… Donc évidemment, quand on s’est retrouvés à trois à vouloir partir dans une direction musicale, évidemment on est partis sur ce qui nous plait. On a sorti un album qui est pour nous très sincère puisque c’est notre base musicale et nos goûts musicaux.
WTH : Il y a un peu plus d’un an, vous avez signé chez Jive Epic/Sony Music. Comment avez-vous eu cette opportunité ?
Fred : Alors il faut savoir que le boss de Jive Epic est un fan de metal. Lorsqu’on démarchait les labels, notre manageuse lui avait fait écouter notre troisième album qui s’appelle « To The Maelstrom » et il n’avait pas du tout aimé. Et il a dit bah ça ne me plait pas du tout, et puis il nous a donné des conseils. C’est un fan de metal mais c’est aussi quelqu’un qui a des conseils avisés et on les a écoutés. Quand on a fait notre EP « Inner light », on avait gommé certains aspects de notre musique qui ne lui plaisaient pas. Et donc c’est toujours notre manageuse qui lui a envoyé notre EP, et en discutant avec elle, il lui a dit cette petite phrase « et si je vais signer » qui a tout déclenché. Donc après, on s’est vu, on a travaillé le deal et ensuite ça a débouché sur la concrétisation de cet album et sur sa sortie chez Jive Epic/Sony Music.
WTH : Et ce que vous avez gommé, c’était sur la composition ou sur les parties instrumentales ?
Fred : C’était sur la composition effectivement parce qu’avant on faisait une espèce de crossover sur pas mal de styles, disons qu’on se cherchait musicalement. Et puis il y a eu beaucoup de changements de line-up donc il faut voir que c’est toujours compliqué dans un groupe de faire des concessions car il faut que tout le monde soit content. On n’était pas un groupe tyrannique où il y en a un qui fait et puis tout le monde suit et puis c’est comme ça. On a essayé de trouver que compromis pour tout le monde, or c’était compliqué car on avait tous des goûts musicaux différents, c’était assez compliqué. Faut voir qu’avec « Inner Light », on est partis sur un death metal sombre qui me ressemble plus, ainsi que Raph et Jérôme. Donc on est allés signer pour un album comme ça, et quand on a voulu faire cet album-là, The Divine Triumph, on a été en conflit artistique avec les deux guitaristes. Eux ils voulaient partir dans une direction, nous on est parti dans cette direction-là. Donc, à un moment donné, tu as des concessions qui ne peuvent plus se faire, et du coup on s’est séparé des deux autres guitaristes, l’un est parti, l’autre on l’a viré donc ça s’est passé comme ça. Il y a eu beaucoup de divergences avec eux, alors qu’avec Raph et Jérôme, on a les mêmes idées concernant la musique et la même vision de la chose et c’est pour ça qu’on fait cet album tous les trois. C’est quand même beaucoup plus simple d’être avec des gens avec lesquels tu t’entends et avec qui tu as les mêmes visions de la chose, parce que quand on se prend la tête, évidemment qu’on se prend la tête de temps en temps, mais c’est sur des détails. C’est beaucoup plus simple que de se dire, quand on fait une chanson et que d’un coup, t’as un gars qui dit on va faire un riff hardcore au milieu, bah non parce que ça ne va pas du tout, alors que là il n’y a plus ce genre de chose. Là c’est typiquement ce qu’on aime.
WTH : Là vous êtes vraiment bien d’accord sur tout.
Fred : Oui voilà, c’est de la sincérité. C’est vraiment le mot qui revient car on a sorti ce qui nous plaît. Après si ça plaît autour, c’est très gratifiant, mais pour nous c’est vraiment un style qui nous plaît.
WTH : Alors justement, en parlant de votre nouvel album The Divine Triumph, c’est donc un concept dont tu nous parlais sur l’Enfer de Dante, en soit l’enfer dans le milieu de la religion c’est extrêmement vaste, il y a plusieurs histoires par rapport à ça, donc pourquoi avoir choisi ce thème ?
Fred : En fait, pour faire le parallèle avec l’Enfer de Dante, en fait c’est une descente aux enfers. On a revisité, on a créé un monde de toute pièce où on retrouve d’anciennes divinités. Quand tu regardes les clips qu’on a sorti, on a mis ces trois divinités en avant. On a pris d’anciennes divinités qu’on a remis au goût du jour dans cet album, et on en a ajouté des nouvelles qu’on a inventé. Après ces chimères-là que l’on a utilisé, c’est comme je t’ai dit, le parallèle avec la vie que les gens peuvent avoir, cette descente aux enfers, ces chimères-là ça peut être pour certains une descente aux enfers, par exemple, à cause de l’alcool ou la drogue. En fait il y a un parallèle qui se fait entre cette histoire fantastique et la vraie vie.
WTH : Comment s’est passé l’enregistrement de cet album ?
Fred : Je vais te citer un peu tout le monde qui a participé à l’enregistrement. Les prises batteries ont été faites au Puls Studio qui est tenu par Nicolas Guernard et Nicolas Tchakamian qui sont proches de chez nous, à Gardanne à côté de Marseille. On a fait toutes les prises sons, guitares, basses et chants au Eagle Black Studio de Shawter de Dagoba. On a l’habitude de bosser avec lui, on est potes, on se connait très bien, on a fait en tout quatre réalisations chez lui. Quand on y va, on sait comment bosser. Pour le mix et le mastering, on a tout envoyé au Fascination Street Studios en Suède. Le mix a été fait par Linus Corneliusson et le mastering par Jens Bogren. Ça a été un gros boulot, on a passé deux mois sur le mix et le mastering parce qu’ils ont des méthodes de travail qui sont très suédoises donc ils mettent beaucoup de guitare en avant. Nous on a bossé sur le son de l’album différemment, on a privilégié la basse ce qui est assez rare de nos jours. On a mis la basse en avant, on a essayé de rendre la batterie la plus claire possible, on a fait la part belle de l’orchestration parce qu’on a eu l chance de bosser avec Richard Fixhead, un ex-membre de Tantrum, qui est très bon dans ce domaine-là. Donc on lui a demandé un essai, il nous a envoyé un truc qui nous a tout de suite emballé, on a bossé dessus. Et le dernier petit point c’est que du coup, comme on n’avait plus de guitariste, c’est Jérôme qui a composé les riffs de guitare. Et bien qu’il soit un bon bassiste, et aussi un bon guitariste, on voulait vraiment un professionnel pour enregistrer cet album. Il fallait quelqu’un qui ne fait que de la guitare et qui est très très bon. On a appelé Matt Asselberghs, le guitariste de Sangdragon et de Nightmare, qui est un ami de longue date du groupe, qui est donc descendu de Mâcon, on lui a dit voilà on a besoin de toi pour enregistrer cet album, et il a tout de suite dit oui. Il a appris très rapidement les morceaux parce qu’on avait très très peu de temps, le studio était booké, on n’avait plus de guitariste donc il fallait speeder, et franchement on a été super content de son travail.
WTH : Et là du coup vous avez eu beaucoup de chance car il y a eu beaucoup d’artistes que vous connaissez, des bons potes comme Shawter, qui vous a permis d’avoir cette entraide, cette collaboration. Donc faut final, c’est une amitié qui vous a permis justement de travailler ensemble.
Fred : Tout à fait ! Disons que, on a quand même fait quatre réalisations chez lui, un gros paquet de trucs. On connait le son, on connait l’homme, on connait sa façon de travailler et il nous connait donc c’est très facile de travailler avec lui. Et puis en plus il est super fort, c’est un très bon chanteur dans Dagoba, et en plus, c’est un ingé-son hors pair dans son studio ! Donc le mec cumule vraiment de très bonnes choses.
WTH : Vous avez sorti deux singles issus de votre nouvel album, à savoir « Road To Nowhere et Broken Eyes. Chacun des deux titres ont été illustrés par des clips réalisés par Igor Omodei. Comment s’est passé leurs tournages ?
Fred : Alors ça s’est très bien passé. On a contacté Igor, on lui a proposé le concept-album qu’on avait, on lui a expliqué l’univers, on lui a envoyé les chansons. C’était important qu’il aime les chansons parce que, en étant réalisateur, s’il n’aime pas la chanson, vu qu’il va en bouffer pendant un moment, ça va être compliqué pour lui. Mais ça lui a plu donc ça c’était bon. On lui a dit ce qu’on voulait, donc voilà on veut ça, on veut ça, on veut ça. Il nous a proposé ses frais, parce qu’on n’est pas réfractaires aux idées des auteurs, il faut être ouvert et il faut écouter. Et ses idées se sont très bien mariées avec les nôtres. On a bossé sur Road To Nowhere, on a bossé sur Broken Eyes, on a absolument voulu de jolies images, et surtout des lieux qui étaient un peu chargés d’histoires. On voulait que ça dise quelque chose comme un petit peu tout ce qu’on fait. On est allés tourner sur les falaises à Cassis, qui sont les plus hautes falaises de France. On est allés aussi aux Jardins de la Fontaine, le Temple de Diane, à Nîmes. On a fait des plans à Montpellier, on est allés dans un ancien lieu touristique pour Broken Eyes. On a vraiment essayé, à chaque fois, de lier les lieux du tournage avec le clip.
WTH : Donc chaque lieu que vous avez choisi, ça a non seulement un lien avec le clip, un lien avec la musique, mais finalement ça a un lien avec l’album, tout est lié avec sa thématique.
Fred : Voilà, c’est un ensemble cohérent. S’il y a un truc qui sort de l’ensemble, bah tu ne comprends pas ce qu’il fout là ! (Rires) C’est pour ça qu’on a bossé tous les trois, très souvent on finissait à minuit. Ça a été très long, on finissait tard et le lendemain, on refaisait pareil. On se donnait rendez-vous à 19h/20h et on a bossé et bossé pendant presque deux ans.
WTH : Ah oui ça été long mais j’imagine que ça a aussi été une bonne expérience pour toi. Vous avez voyagé dans tous ces lieux-là.
Fred : Oui et puis ça nous a beaucoup lié aussi surtout qu’on a la même vision des choses sur la musique. On a quand même eu quelques désaccords mais c’est que des points de détails. Mais après ce qu’on a vécu, on a compris qu’on était très liés.
WTH : On parlait tout à l’heure de Shawter de Dagoba. Comment est né cette collaboration avec lui ?
Fred : Alors la première chose qu’on a réalisé avec lui c’était un EP qui s’appelle « Another Path… ». Quand on a bossé avec lui, on a été la première réalisation de son studio, autre que Dagoba. Il nous avait fait écouter les futures chansons de Dagoba en longue avant-première. Faut savoir qu’il compose beaucoup pour Dagoba donc on a vu tout le processus. À l’époque d’Another Path, il nous a fait écouter ce qu’il faisait et on s’est mis c’est bien comment ça sonne, on lui dit mec tu fais ça où ? Il nous a dit c’est moi qui enregistre. Tu avais limite un son d’album alors que c’était une démo. Du coup on s’est dit bah tiens écoutes l’EP, comment tu nous prendrais et puis on a dealé pour le faire. On a fait l’EP, ensuite on a fait un album, ensuite un autre EP, et enfin les prises sons de ce quatrième album. Ça s’est fait naturellement.
WTH : Quel message souhaiterais-tu faire passer à ceux qui vous suivent ?
Fred : Alors déjà on voudrait vous remercier parce qu’on a eu énormément de chance d’avoir un groupe de fan. On a gagné des concours grâce à eux, notamment le Hellfest Cult, on a gagné la Main Stage au Motocultor. On a gagné ce genre de moments de concert grâce à ces gens qui ont voté pour nous. Ce sont des gens qui nous envoient des messages, qui partagent notre musique. C’est très important d’avoir des gens qui vous écoutent, des gens qui font écouter autour d'eux. Ça fait un effet boule de neige et on voit que les gens sont présents. Et on a vraiment eu un coup de bol avec ce nouvel album parce que les fans de la première heure nous disent qu’ils l'adorent, et les nouveaux fans qu’on a, en écoutant les anciens albums, nous disent que c’est celui-là leur préféré. Donc on a réussi à fédérer l’ancienne fanbase et la nouvelle fanbase sur cet album donc voilà un grand remerciement.
WTH : Et pour finir, est-ce qu’on vous verra bientôt en tournée ?
Fred : Oui on vous donne rendez-vous à partir de janvier dans toute la France. On va partir en tournée avec Decapitated et nos potes de Heart Attack. Voilà des dates un peu partout. Ce n’est pas encore annoncé donc je n’ai pas encore les dates mais il y aura du Bordeaux, du Paris, et puis Nantes surtout car on a beaucoup de potes là-bas donc on sera contents de les retrouver. Il y aura évidemment aussi une date à Marseille, donc voilà un peu partout et on a vraiment hâte d’aller sur les routes pour retrouver justement tous ces gens, et surtout pour défendre l’album sur scène parce qu’on adore ça.
Merci à Roger Wessier de Replica Promotion de nous avoir permis de réaliser cette interview.
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