Magoa : un message pour le monde

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Formé depuis plus de 10 ans, Magoa est un bon fleuron du terroir français parmi les groupes de metal. WTH a été reçu par Cyd (chant) afin de parler du nouvel album Imperial paru dernièrement.

WTH : Salut Cyd, présentes nous un peu Magoa.

Cyd : Alors pour faire simple, Magoa commence à vivre réellement en 2010, en faisant un premier album qui est sorti 2011. Et puis on enchaîne sur un EP en 2012 qui s'appelle Animal, Topsy Turvydom le deuxième vrai album en 2013. Et trois ans après nous sortons Imperial qui est donc notre quatrième sortie.

WTH : Comment s'est formé le groupe?

Cyd : Alors je ne te parlerai pas du tout début parce que je n'étais pas là. Je suis arrivé en 2010. Avant, il y avait eu des prémices, les gars commençaient déjà à jouer ensemble quand ils étaient au lycée, ça s'est formé au fur et à mesure. Et voilà, c'était une rencontre par hasard et depuis ça marche pas trop mal.

WTH : D'où vient le nom du groupe?

Cyd : Alors Magoa ça veut dire "blesser" en portugais. C'est aussi le nom d'un démon dans la mythologie espagnol si je ne dis pas de bêtise. Donc voilà le nom vient de ça. 

WTH : Es-ce que dans vos textes vous faites référence à ce démon?

Cyd : Non, pas spécialement. Nos thèmes sont axés sur tout autre chose d'assez évolué. Topsy décrivait les failles de l'empire qui commence à s'effriter, à vieillir, à arriver en fin de cycle. Et les gens commencent à se rendre compte de ces failles, à les décrire et les analyser. Imperial arrive dans la seconde phase juste après cette prise de conscience générale et les moyens de combattre ce système et de récupérer notre dû.

WTH : Comment s'est passé l'enregistrement d'Imperial?

Cyd : Alors ça a été radicalement différent sur Imperial. On a toujours l'habitude de travailler avec un producteur et un ingénieur du son qui travaillaient le processus créatif, qui nous encadraient, essayaient de tirer le meilleur de chaque membre et donc de tirer la musique vers le haut pendant les trois premiers opus. Et sur Imperial, on est arrivé au stade où on avait envie de faire ça tout seuls, à 100% nous quatre. Et c'est Vincent et moi qui avons géré la réalisation du début à la fin, sur l'enregistrement, sur le mastering. Donc voilà ce nouvel album émane de nous quatre à 100%, il n'y aucune intervention extérieure et c'est quelque chose dont on avait besoin. On avait envie de faire quelque chose de 100% authentique et 100% personnel sur cet album. 

WTH : L'album précédent Topsy Turvydom avait été enregistré en Californie. Es-ce que le fait d'enregistrer aux États-Unis a apporté un plus?

Cyd : Oui je pense que ça nous a permi de se mettre dans une ambiance complètement différente à celle de Paris avec nos influences extérieures, nos boulots respectifs, etc... Et le fait de s'isoler ensemble pendant un mois et demi à l'étranger, on était forcément que concentrer là-dessus. Donc oui et ça a donné un album plus hétérogène et plus ensoleillé que ce qu'on a fait cette année avec Imperial. 

WTH : Et qui s'est chargé des compositions sur Imperial?

Cyd : On bosse tous les quatre ensemble. La manière dont on fonctionne avec Magoa, on se bloque tous une période, en général d'un mois, on se libère chacun pour être disponible à 100% pendant un mois et demi. C'est ce qu'on a fait l'année dernière pour Imperial. Ensuite on s'est enfermé au Lower Tones Place studio dans le 95. Et pendant un mois et demi, 24h sur 24, quasiment 7 jours sur 7. On a toujours fonctionner comme ça et ça nous permet de créer beaucoup de choses. Ça nous permet d'avoir un recul différent sur des idées qui sur le moment nous semblent bonnes et le lendemain à froid on repart sur de bonnes bases. On a toujours bossé comme ça sur le tous les albums et les écrits sur une période donnée de quelques semaines. Le but c'est qu'à la fin de ces quelques semaines, on arrête et on revient sur ce qu'on a fait, on garde ce qu'il y a de mieux et voilà c'est ce qui fonctionne pour nous. 

WTH : On a vraiment un travail d'équipe.

Cyd : Oui totalement !

WTH : Qu'es-ce qui vous inspirer pour réaliser cet album?

Cyd : Le monde. La situation dans laquelle on vit. Cette histoire de fin de régime et de fin de cycle. Là on arrive à une époque charnière où il y a un système qui ne fonctionne plus, qui s'effondre et il y a une conscience collective qui comme à émerger où les gens se rendent compte de ça grâce à Internet, grâce à la connaissance qui se développe, chose qu'on avait peut-être pas accès il y a quelques temps. C'est cette valeur qui moi me fait écrire ce que j'écris et c'est dépeindre le monde dans lequel on vit, comment ça se passe, essayer de faire prendre conscience aux gens de certaines choses. Je suis très content que des gens aiment la musique et c'est encore mieux qu'on discute des paroles et parler du pourquoi es-ce qu'on fait ça, je pense que c'est le but de tout créateur de contenu, d'artistes, essayer de dépeindre une situation. Et la musique reflète ce qu'on dit et ça doit être un outil de communication. Et on a la chance de pouvoir faire ça sans aucune censure en toute liberté. Dans les musiques alternatives y'a pas de manager qui nous interdit d'écrire ou de faire paraître certaines chansons, on fait absolument ce qu'on veut et notre but c'est de s'engager pour une cause et essayer de porter le flambeau d'un message et je pense que ça manque ce genre d'initiative. J'ai l'impression qu'il y a peu d'artistes qui s'engagent pour certaines causes quelles qu'elles soient et ceux qui le font sont des artistes qui ne sont pas de notre temps, qui ont vécu à une autre époque. Là on est dans une période ultra propice à ce genre de chose, qu'on pourrait avoir des tonnes de trucs à dire tout le temps sur tout et n'importe quoi, c'est d'ailleurs pour ça qu'on fait du metal. Pour crier sur quelque chose, pour se défouler aussi mais se défouler en exprimant ce qu'on ressent à l'intérieur. Et voilà j'aimerai bien que le paysage musical français soit un peu plus fourni en artistes engagés. 

WTH : Et quels artistes vous ont influencé sur cet album et en général?

Cyd : En général il y a beaucoup, moi je suis un fan de rock, AC/DC, Led Zeppelin, etc... J'ai grandi avec ça reste pour moi des références tous styles confondus. Dans le metal il y en a très peu, je t'avouerai, qui m'ont fait réellement vibré. Il y a deux albums, c'est Sempiternal de BMTH en 2012-2013. Et récemment là cette année, c'est le dernier Architects, All Our Gods Have Abandoned Us, ça a été un gros coup de cœur car justement, au delà du fait que ce soit de supers musiciens, c'est un groupe qui est engagé, qui défend quelque chose. Ça s'entend dans les morceaux, ça se voit dans leur attitude. Il y a quelque chose de sincère avec eux et c'est un plaisir pour moi d'écouter ce vrai ressenti qui se dégage quand tu écoutes un titre. 

WTH : Es-ce que certains sujets évoqués dans cet album vous tiennent à cœur?

Cyd : Oui, le fil conducteur c'est comme je t'ai dit, cet empire qui s'effondre, lanière dont le peuple vit ça. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a sorti le morceau Resistance en tant que premier single et le mettre en image parce que c'est celui qui représente le mieux le message qu'on veut faire passer. J'ai du mal à comprendre comment aujourd'hui avec tout ce qui se passe, comment es-ce qu'on peut ne pas comprendre ce besoin de résistance. Et c'est pour ça que j'ai du mal comprendre les artistes qui n'ont pas l'audace de porter ce genre de flambeau parce que si on veut que l'humanité survive, il va falloir prendre les dispositions nécessaires. Et la résistance c'est ça, c'est quelque chose de vachement global, ce n'est pas lié à certains événements précis comme on peut associer à ce qu'il s'est passé récemment, ça n'a pas du tout été fait pour ça surtout que ça a été écrit avant. Je ne pensais pas en fin de compte être à ce point là dans l'actualité. 

WTH : Et ça vous allez essayer de le redonner en live.

Cyd : Oui tout à fait c'est le but. Le but aussi de faire toujours mieux, d'essayer d'avancer et de proposer encore de meilleures choses. D'ailleurs ça fait un moment qu'on est pas monté sur scène, ça me manque. Depuis 2015, précisément.

WTH : Puisque tu en parles, y a-t-il des dates en préparation?

Cyd : En préparation ça va venir mais d'ici début 2017 il y en aura pas. Je ne suis pas en mesure de t'annoncer quoi ce que soit mais on va tout faire pour que ça reparte.

WTH : Petite dernière question, as-tu un message à faire passer aux fans de Magoa?

Cyd : Je lui dirais d'écouter les paroles. Ça serait bien qu'on en discute et j'espère que si ça peut ne serait-ce que d'avoir un impact sur certains personnes et faire prendre conscience certains choses à quelques personnes ça serait déjà pas mal. 


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