MESSALINE : Interview du guitariste Mathieu Gilbert

Messaline 2022

Avec MESSALINE, pas besoin de la DeLorean de Retour vers le Futur pour voyager dans le temps ! Il suffit d’écouter leur dernier album Vieux Démons et de fermer les yeux. Le guitariste Mathieu Gilbert nous en parle.

WTH : Pour commencer, peux-tu nous présenter MESSALINE pour ceux qui vont vous découvrir avec cette interview ?

Mathieu : Alors MESSALINE c'est un groupe qui a déjà une bonne vingtaine d'années et qui sort aujourd'hui son sixième album, qui a eu un gros remaniement de personnel en 2018 suite au départ du batteur Jimmy Cerrulo, du guitariste historique Mickaël Colignon, poste que j’ai repris en 2018, avec Alain Blanc à la batterie. Depuis, il y a eu également un changement de bassiste après le départ de Jaimé Gonzalez qui a choisi d'arrêter pour des raisons tout à fait personnel, et non pas à cause de dysfonctionnements au sein du groupe.  Sa vie l’a amené sur un autre chemin. Et c’est Charly Schoepflin qui a repris son rôle. Donc aujourd'hui, on a une formation toute rénovée et en tout nous sommes six dans le groupe car on a officialisé deux choristes. En fait, on souhaite continuer à développer le côté chant, renforcer ce côté-là et qui va nous permettre d'autres ouvertures car l’une des deux choristes fait aussi des percussions.

WTH : On peut donc dire qu’elles seront présentes en live.

Mathieu : Alors quand Charlie est arrivé, et on a décidé de prendre ses choristes qui ont participé à l'album, en plus des officielles ça fait quatre chanteuses qui fait les chœurs sur l'album, ça donne Charlie et ses drôles de dames !  

(Rires)

WTH : Depuis ton arrivée, comment trouves-tu le groupe d'aujourd'hui par rapport aux débuts ?

Mathieu : Le groupe d'aujourd'hui et est revenu à des racines musicales des années 70. Avant c'était Coco qui composait tout et ça partait dans une certaine direction. Et quand je suis arrivé dans le groupe, sachant que je connais Chattos depuis très longtemps, on a déjà participé dans d’autres groupes, je lui ai dit que j’acceptais de venir dans le groupe, mais que, par contre, il ne faut pas que tu me demandes de continuer la voie sur laquelle vous êtes lancé, parce que de toute façon, je ne peux pas, je suis un musicien avec ses propres influences. Donc on a choisi de revenir à des fondamentaux pour repartir vers d'autres directions.

WTH : Vous êtes un groupe qui chante en français alors qu'il y a beaucoup coup de groupes qui préfère l'anglais. Pour vous, c’est primordial des paroles en français ?

Mathieu : Oui parce que qu’on aime le texte, le sens qu’on lui donne. On aime des artistes français, comme ANGE, l’éternelle référence bien sûr. Donc oui, avec Eric, on a à cœur de chanter en français. C'est ça sonne peut-être moins rock’n’roll mais, je sais qu'il y a dans la littérature française des choses très intéressantes. Il y a de grands artistes et je pense que le rock peut véhiculer de la chanson française.

WTH : Votre nouvel album s'appelle Vieux Démons et on peut dire que c'est une machine à remonter le temps !

Mathieu : Complètement ! C'est assumé et même revendiqué. Comme je le disais tout à l'heure, on est revenu sur des fondamentaux et on est même allé plus loin que ça car nous sommes allés taper allégrement dans le répertoire des riffs connus et reconnus comme une forme d'hommage, sachant que le gros challenge qu'on s'était donné, c'était de faire des morceaux qui rappellent quelque chose aux gens et qu'ils ne trouvent pas.

Vieux demons artwork

WTH : Challenge réussi car j’ai eu cette réaction dans un passage de l’Aimante Religieuse, on peut entendre le prénom Gloria chanté comme dans la très connue chanson du groupe THEM, Gloria justement et j'ai eu l'impression de d'écouter Rockollection de Laurent Voulzy.

Mathieu : C'est exactement ça ! Et ça correspond aussi au texte de la chanson qui parle d'une none se masturbe. Et en même temps avec les chœurs, ça mets une certaine puissance en live quand on arrive à des moments un peu rock’n’roll, mais notre batteur passe à la double grosse caisse, quand t'écoute l'original des années 60, on est loin quand même.

WTH :  J’ai lu que le fil conducteur pour cet album-là, l'élément déclencheur, ça a été GHOST. Qu'est ce qui t'inspire dans l’œuvre de Tobias Forge ?

Mathieu : Moi j'ai découvert GHOST quasiment à la sortie du premier album et je n'avais pas aimé parce que pour moi, ça me faisait penser limite à du TOTO ou autres du même genre et ce n’est pas ma came. Mais après, avec l'imagerie du groupe et puis il y a quand même des sacrés riffs, j'ai réécouté et petit à petit c'est rentré dans ma tête. Puis ils ont fait le premier concert à Lyon pour l’album Prequelle, ils ont fait deux sets d'une heure et demie, ça m’a mis une de ces claques !  Et en fait GHOST nous a complètement décomplexé par rapport à l'idée de ramener du pop dans la musique. Et c’est pour ça que sur Je voulais te dire, le refrain sonne un peu variété française, mais c’est contrebalancé par le texte, justement, d'où l'importance du Français par rapport à l'anglais. Faut savoir que c'est l'histoire d'un mec qui découpe une femme alors qu’il en est amoureux mais amoureux jusqu'à la folie. Et ça, ça fait partie aussi des vieux démons. En fait dans chaque chanson de l’album, le texte touche à des sujets tabous comme le sexe, le suicide, la mort, etc. Et ça nous a décomplexés par rapport au fait qu’on peut véhiculer quelque chose de glauque avec quelque chose d’infimement pop.

WTH : L'album a été enregistré et mixé au Studio La Soierie, puis masterisé au studio 180 par Arnaud Bascùnana. Comment ça s'est passé ?

Mathieu : En fait, il y a eu déjà la phase de composition qui a duré six à neuf mois. Ensuite, il faut savoir qu’on est très boulimique de travail. Rien que la semaine dernière, on a fait sept morceaux ce qui fait qu’on a de l'avance. Après Il y a beaucoup de choses qui passent à la trappe, mais on avance, on avance. Je fais des prémaquettes des chansons, j'enregistre tout chez moi, j’ai un petit studio à l'ancienne, et je ne fais que des premières prises, histoire d'avoir un squelette global des chansons. Et une fois qu'on a fait ses prémaquettes, on a réfléchi l’enregistrement à proprement parlé et à la façon dont on allait enregistrer car l'idée, c'était aussi qu'on voulait intégrer de nouveaux éléments dans la musique tels que les chœurs comme j’ai dit plus tôt, de l’harmonica et même de la guitare flamenco pour avoir un très beau solo de guitare jazz-manouche par exemple. Donc on a enregistré nos instruments et la voix au Studio La Soierie, et on a enregistré tous les invités pendant deux jours dans un autre studio, le studio Les Fils de Cras. En revanche, les seuls invités qui n'ont pas été enregistré frontalement avec nous ce sont ceux qui chantent sur Orion Stargazer, le dernier morceau. Parce que voilà, ce sont des gens qui sont bien occupés professionnellement et qui ont accepté de travailler gratuitement et d'apparaître vocalement sur ce morceau qui est le dernier hommage à tous les vieux démons français, des mecs qui sont des références.

WTH : Je cite Renaud Hantson de SATAN JOKERS, Jo Amore de KINGCROWN, Tristan Décamps de ANGE justement, Francis Décamps, ex-ANGE et Pyt Theurillat de GALAAD. Comment se sont faites ces collaborations ?

Mathieu : Le plus naturellement possible. En fait Eric a fait une maquette avec une voix témoin et on l’a envoyé à ces personnes-là. Il a fait une sorte de découpage pour que chaque chanteur sache où placer sa voix.

MESSALINE Vieux Démons (vidéo officielle)

WTH : Je voulais souligner le mastering d’Arnaud Bascùnana qui a su apporter le côté vintage avec la mastérisation Aujourd'hui, franchement, je tire mon chapeau.

Mathieu : Moi-même je n’en reviens pas. Autant le mixage, c'est quelque chose qu'on arrive mieux à maîtriser mais le mastering c’est quand même quelque chose de relativement récent. Et quand j’ai entendu ce qu’il avait fait, ça m’a mis une baffe…

WTH : C'est comme si vous avez enregistré cet album à cette époque-là et que vous aviez décidé de le faire remasterisé.

Mathieu : Voilà, c'est exactement ça.

WTH : L’artwork est signé Stan W. Decker, peux-tu nous en parler ?

Mathieu : En fait Chat’ notre chanteur qui écrit les textes, c’est un prof d'arts plastiques et tous les deux, on se connaît depuis très longtemps, depuis qu'on a 15-16 ans, et on a beaucoup fait d’études en lien avec l'art. On a toujours été dans la peinture, le dessin, l'art global, l'association avec la musique, etc. Et lui, il connaissait déjà Stan Decker et comme on voulait retrouver une ambiance peinture 1900 avec des références dessus. Il a fait un croquis qu'il a envoyé Stan, il y a eu une collaboration entre eux pour arriver à cette pochette. Et on voulait aussi faire des clins d'œil sur cette pochette, notamment à l’album Rising de RAINBPW, à un moment donné on voit l'arc-en-ciel et c'est plus pertinent sur le vinyle. Et il y a aussi des références aux anciens morceaux de MESSALINE comme l'autel des possédés et si on regarde bien en font, ce qu’on ne voit pas sur le CD, on a  une image d'un ancien vinyle de MESSALINE.

WTH : Ce qui confirme mes dires au débuts, c'est une machine à remonter le temps !

Mathieu : Voilà, se souvenir pour mieux repartir !

(Rires)

WTH : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Mathieu : Vive la musique, en toute simplicité.

 

Interview réalisée au Black Dog à Paris, journée promo organisée par Roger Wessier et Replica Promotion.

Messaline

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