STORMHAVEN : Interview du chanteur/guitariste Zachary Nadal
- Par Romain Dos Anjos
- Le 23/04/2023
- Dans Interviews
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C’est au Hard Rock Café à Paris que nous avons rencontré Zachary Nadal, chanteur/guitariste et membre fondateur de STORMHAVEN qui nous parle aujourd’hui du nouvel album Blindsight sorti le 7 avril dernier via M&O Music.
WTH : Peux-tu nous présenter STORMHAVEN, la formation, vos débuts ?
Zach : J’ai créé STORMHAVEN en 2010 avec mon ami Régis, notre ancien claviériste parti du groupe l’an dernier, avec qui j’ai fait la Fac de Jazz. C’est vrai qu’on était les deux métalleux parmi les jazzmen ! (Rires). On a fondé le groupe à la fin de notre cursus et après quelques annonces, on a trouvé le reste de l’équipe. Et dans nos débuts, on avait un autre pote à nous à la guitare et qui a arrêté après quelques mois, puis on s’est posé la question de le remplacer ou non. Et puis finalement on est resté qu’à une guitare, c’était suffisant et cohérant pour nous. Ensuite on a passé presque un an à rechercher un chanteur. On voulait notre Bruce Dickinson mais on ne l’a pas trouvé car tous les mecs qu’on a auditionnés ne faisait pas l’affaire alors on s’est dit, quitte à chanter mal, autant le faire nous-même. Puis on a eu une phase où on voulait trouver notre son, voir ce qu’on voulait faire et ne pas faire, ce qui explique qu’il a fallu quatre ans pour sortir notre premier album. Et puis on se retrouve là en 2023 avec la sortie du quatrième album.
WTH : Musicalement, on peut parler d’une hybridation entre le black/death et le metal prog. Est-ce le fruit de d’influences propre à chaque membre du groupe ?
Zach : À la base oui. Bizarrement, notre bassiste n’aime pas le prog ! Après tout dépends ce qu’on entend par prog car, par exemple, un morceau d’IRON MAIDEN peut être très prog aussi donc on se rejoint sur cette ligne du prog. Par contre si c’est du prog à la HAKEN, là ça commence à diviser. De base, on a un amour pour les fondamentaux et après y’en a certains qui sont plus prog, d’autres plus death donc on essaye de faire au mieux.
WTH : D’ailleurs, en plus du guttural, il y a plusieurs passages de chant clair dans vos morceaux. C’est venu naturellement ou c’était un choix dès le départ ?
Zach : C’était un choix dès le départ et je pense que c’était, à la base, une frustration de ne pas avoir trouvé notre Bruce Dickinson. Et quand je réécoute les premiers albums, je n’en pleure pas et ça fait mal aux oreilles. Mais aujourd’hui, on aime bien le rendu du chant guttural pour son aspect rentre-dedans. Mais c’est vrai qu’à termes, pour moi qui chante, je trouve qu’il y a un aspect plus plaisant dans le chant clair que le chant guttural. Disons que je trouve que c’est plutôt sympa d’avoir les deux outils à notre disposition.
WTH : Alternance entre riffs lourds, blasts avec des growls et mélodies, peut-on dire que ça apporte de la lumière dans les ténèbres ?
Zach : Oui, on en parlait beaucoup au début, d’où le nom du groupe STORMHAVEN d’ailleurs. On veut jouer les durs mais on veut jouer les softs aussi à la fois, ça représente assez bien ce qu’on fait.
WTH : C’est certainement subjectif, mais par moment dans les chansons, les growls, on a l’impression d’entendre du George Ficher de CANNIBAL CORPSE !
Zach : Oh ! Et bien je trouve que c’est une bonne comparaison. Après, et surtout pendant les enregistrements, Régis et moi on n’a pas tout à fait le même grain de growl. Lui il va être un petit peu plus rentre dedans, plus thrashy et moi je vais être un peu plus black peut-être, parfois même un peu plus grave grâce à la magie du studio, ça peut rappeler un peu Ficher.
WTH : Parle-nous de vos méthodes de compositions. Comment ça se passe chez STORMHAVEN ?
Zach : Jusqu’à maintenant, grosso modo, j’arrive avec des idées, avec des morceaux un peu pré-finalisés que je soumets à l’assemblée et on modifie selon certaines choses qui ne vont pas forcément changer fondamentalement le morceau mais juste sur tel ou tel passage. Et au fil du temps, on continue de garder cette façon de faire car au début, lors des premiers albums, c’était plutôt un chantier avec un riff ou deux et on voyait ce qu’on pouvait faire mais ne n’était pas une bonne méthode. Il vaut mieux que j’arrive avec un produit préfini, quitte à prendre plus de temps et qu’on retape cette chanson, c’est plus efficace.
WTH : Votre nouvel album Blindsight est sorti le 7 avril prochain via M&O Music. Peux-tu nous présenter ce concept-album ?
Zach : Sans surprise, j’ai essayé de faire mieux que le troisième album. J’ai essayé de faire une continuité tout à long de l’album en essayant de garder le fait que chaque morceau soit solide et que malgré tout que ça tienne de manière indépendante. C’est justement le reproche que je peux faire à l’album précédent qui était un long morceau d’une heure. Dans ma manière de composer, je pense d’abord à la musique pour ensuite apporter instinctivement les textes. Et une fois les textes terminés, je fais une petite modification après coup pour voir si je rajoute des choses ou pas. Sinon en termes de textes, j’aime bien avoir un fil conducteur dans les albums, je fais ça depuis Exodus. Pour ceux qui vont écouter Blindsight en entier, on suit un personnage qui a subit une espèce d’accident, on le voit avec Fracture et on ne voit pas la suite qu’il développe des pouvoirs mystiques, des pouvoirs de clairvoyance. Il a des visions, il rencontre des personnages, échange avec eux, il traverse différents paysages, etc. C’est plus ce cheminement qu’on retrouve tout au long de l’album.
WTH : Qu’est-ce qui a inspiré ce thème, cette histoire ?
Zach : Je pense que c’est un thème auquel je n’arrive pas trop à échapper. J’ai limite l’impression que sur chaque album, je raconte la même histoire d’un point de vue différent. J’ai l’impression de ne pas être au bout de la chose et je n’arrive pas à prendre des sujets plus simple. Le côté mystique ça reste un peu vague malgré tout mais ça me laisse un peu plus de liberté dans la création.
WTH : Les trois premiers titres sont assez énergiques, cette alternance entre des parties lourdes et des parties un peu plus prog et il y a des titres qui sont quasi-intégralement prog comme Hellion. Le fait qu’elle soit au milieu de l’album a été fait pour casser le rythme ?
STORMHAVEN - "Fracture" (Official Music Video)
Zach : Oui et non. Contrairement au troisième album qui a été considéré comme mid-tempo, qui n’était pas dit méchamment mais moi je le garde un peu de travers car je n’ai pas envie qu’on dise que mon groupe qui fait du mid-tempo, je voulais qu’on envoi la sauce au début mais je voulais explorer des trucs carrément plus prog. Je n’ai pas pu faire un morceau sans growl mais je voulais explorer des choses un peu plus rock prog pour plaire à notre public et pour nous faire plaisir aussi.
WTH : Les trois premiers titres sont assez énergiques, cette alternance entre des parties lourdes et des parties un peu plus prog et il y a des titres qui sont quasi-intégralement prog comme Hellion. Le fait qu’elle soit au milieu de l’album a été fait pour casser le rythme ?
Zach : Oui et non. Contrairement au troisième album qui a été considéré comme mid-tempo, qui n’était pas dit méchamment mais moi je le garde un peu de travers car je n’ai pas envie qu’on dise que mon groupe qui fait du mid-tempo, je voulais qu’on envoi la sauce au début mais je voulais explorer des trucs carrément plus prog. Je n’ai pas pu faire un morceau sans growl mais je voulais explorer des choses un peu plus rock prog pour plaire à notre public et pour nous faire plaisir aussi.
WTH : Et il y a le dernier titre Dominion qui dure 24 minutes. Peux-tu nous en parler en détails ?
Zach : Ah oui ça c’est le masterpiece de l’album. On s’est longuement demandé si ça valait le coup de le découper en plusieurs parties mais je me suis dit finalement non car ce n’est pas rare de voir un groupe de prog qui fait ça, quitte à ne pas forcément le jouer sur scène ou en tout cas pas de suite car pour les concerts en première partie où on a droit à 30 minutes, on ne peut pas jouer autre chose. C’est à la fois cool et pas cool. On l’avait fait avec Exodus qui, à la base, est un long morceau de 35 minutes et on l’avait joué sur scène quelques fois à l’époque et on n’avait pas eu beaucoup de bons retours d’autant que le public qu’on avait n’était pas un public très metal prog.
Du coup par rapport à ce morceau-là, Dominion, j’ai encore essayé de prendre les deux éléments et de les améliorer. J’ai voulu mettre des respirations dans le morceau, alterné des passages instrus avec des passages de chant, j’ai voulu explorer pleins de techniques différentes qu’on n’avait pas pu faire jusque-là, des parties en guitares sèches, de tapping aussi. Si je le reformule, c’est comme si j’avais collé trois morceaux et que j’avais dit que ces trois-là allaient être joués et écoutés ensemble.
Et c’est aussi le point culminant de la fin de l’histoire où on est toujours dans la peau de ce personnage qui est un peu en lutte avec un autre personnage qu’il a rencontré et on est un peu au cœur de cette lutte. On arrive à la fin où il est un peu libéré de tout ça. À chaque fois que je le joue, que je l’écoute, c’est très imagé.
WTH : Comment s’est passé l’enregistrement de Blindsight ?
Zach : Difficilement ! On revient deux ans en arrière, en 2021, la période covid. Mais c’était une période où on pouvait se permettre de nouvelles choses. Mais du coup on s’était mis d’accord pour commencer l’enregistrement et c’est à ce moment-là que des soucis de disponibilités des membres ont commencé à se faire sentir. Notre ancien batteur Quentin avait déménagé à deux heures de Toulouse donc déjà ça devenait compliqué pour se voir et c’est à ce moment-là qu’il avait décidé de dire stop au groupe. Donc il a fallu qu’on retrouve un autre batteur et on est tombé sur Thibault qui devait apprendre les morceaux, qu’il se les approprie. Ensuite il a enregistré ses parties et de notre côté toutes les autres parties ont été enregistrées chez moi. Et ensuite on a tout envoyé chez Fredrik Nordström qui nous a fait un mix et un mastering de folie.
WTH : Justement, j’allais y venir, comment s’est passé cette collaboration avec lui et qu’est-ce qui vous a permis de la faire ?
Zach : Disons que, c’est vraiment l’album où on s’est dit qu’il fallait monter d’un cran en termes de production car jusque-là c’était du fait maison. On n’était pas spécialement mécontent du résultat mais je me suis dit qu’on allait enfin se donner les moyens d’avoir un truc au-dessus du reste.
Donc on a fait une petite recherche parmi les différents mecs du milieu, on a écouté ce qu’ils faisaient de près et on a fait le tri en rapport à ça, ce qui pourrait nous correspondre, il fallait le budget évidemment et il était clair que Fredrik cochait toutes les cases donc il fallait que ce soit lui.
Et quand on lui a envoyé, il a très vite cerné ce qu’on voulait, une espèce de gros son moderne avec des teintes old-school et on est très content de ce qu’il nous a fait.
WTH : L’artwork est signé Giannis Nakos. Peux-tu nous en parler ?
Zach : Alors ça a été le même processus pour le trouver lui, je ne le connais pas spécialement avant donc on a fait un peu le tour et lui il a fait du très bon boulot avec EVERGREY, il leur a fait des pochettes absolument superbes. Et en tombant dessus, je me suis dit que ça correspondait à ce qu’on faisait donc idem il cochait toutes les cases. Humainement, dans nos échanges par mails, ça se passait bien, très bon artiste et ça rentrait aussi dans le budget. D’ailleurs je lui avais envoyé les paroles avant l’enregistrement de l’album donc il a fait l’artwork uniquement sur les textes et il a très bien cerné l’histoire centrée autour du personnage, des différents paysages qu’on retrouve un peu autour, cet aspect un peu épique avec les énormes statues, ça correspond aux images que j’avais en tête.
WTH : On imagine votre impatience de défendre en live et justement, parlons-en, vos prochains concerts ?
Zach : Oh lala oui ! Déjà il y a eu notre release party ce vendredi à L’Usine à Musique de Toulouse qui a été la première avec notre nouveau claviériste Julien ici présent. C’est vraiment un renouveau cet album, on part avec un deux nouveaux membres. Et puis on aura d’autres dates qui vont suivre dans le sud de la France, vers Marseille, Montpellier, Bordeaux. En 2024 on devrait explorer aussi un peu l’Espagne et puis on essayera de trouver des dates dans le centre et le nord de la France ainsi que des dates en festival.
WTH : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Zach : Pour ceux qui aiment le rock progressif et qui ont un peu de mal avec le chant guttural, si vous arrivez à tenir les premières secondes de Fracture, je pense que vous allez trouver beaucoup de choses que vous apprécierez sur Blindsight.
Un grand merci à Zach pour ses réponses et son accueil. Remerciements également à Roger Wessier de Where The Promo Is pour l’organisation de cette interview.
Photos : Enzo Cirillo
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