TITAN : Interview du chanteur Patrice Le Calvez

WTH : TITAN fait partie des légendes du heavy metal français des années 80 au même titre que SORTILEGE, ADX ou encore Vulcain. Malheureusement, le groupe se sépare à la fin de cette fameuse décennie. Mais contre toute attente, en 2017 c’est la résurrection. Qu’est-ce qui a motivé ce retour ?

Patrice : En fait ça s’est fait par hasard. Au départ, on n’avait pas prévu de remonter TITAN, on avait décidé de créer une cover d’ACCEPT, histoire de refaire du metal. Étant fan de Udo Dirkshneider et d’ACCEPT durant sa période, j’avais déjà en tête de faire un tribute de ce groupe. Et au premier concert, un ami est venu nous voir de la part d’amis à lui qui organisent le Pyrenean Warriors Open Air pour nous dire qu’ils adoreraient nous avoir à l’affiche. On lui a dit qu’à la base on ne pensait pas remonter TITAN et il nous a dit qu’étant donné qu’on reprend du ACCEPT, on peut carrément revenir avec TITAN. On a accepté mais on s’est dit on fait un concert et on voit comment ça se passe, voir comment on allait se sentir sur scène et surtout voire comment le public allait réagir en nous voyant revenir 30 ans après. Et on a pris une telle dose d’émotion et d’amour ce jour-là qu’on s’est dit qu’on ne pouvait pas en rester là.

WTH : Comme tu l’as cité, un concert exceptionnel donné au Pyrenean Warriors Open Air. Peux-tu nous en dire plus sur comment vous avez vécu cette scène ?

Patrice : Ah c’était énorme. On s’était préparé pour ne pas être ridicule donc on a rebossé les morceaux pour qu’on fasse un concert efficace. Mais on ne s’attendait pas du tout à l’accueil qu’on a eu. Pour te donner une petite anecdote, on avait convenu qu’on jouerait trois titres à la suite avant de faire un premier speech, histoire que les guitaristes se réaccordent, et j’ai eu du mal à le faire tellement on était ému. Il y avait même des personnes au premier rang qui pleuraient de joie quoi, c’était juste monstrueux dans le bon sens du terme. Il y a même un morceau qui en parle dans l’album, c’est Résurrection, qui raconte ce jour-là parce que c’est à partir de là qu’on a décidé de remettre le couvert.

WTH : Si on remontait plus de 30 ans en arrière et qu’on te disait, TITAN reviendra en 2017, tu l’aurais cru ?

Patrice : Non, franchement non. Il faut savoir qu’à l’époque on ne se rendait pas compte de l’impact qu’on avait sur la scène metal française. On savait qu’on en faisait partie mais pas qu’on avait laissé notre emprunte. On a commencé à s’en rendre compte bien après la séparation de TITAN au début des années 2010 lorsque nous avons eu des demandes d’interviews, certains voulaient faire des papiers sur des vieux groupes disparus. Et on l’a vraiment réalisé lors du concert en 2017, c’était l’apothéose pour nous et on n’aurait jamais imaginé ça.

WTH : Après ce retour triomphal, vous continuez les concerts, notamment en festival, puis fin 2020 vous dévoilez un tout nouveau morceau, Résurrection, qui résume votre retour donc j’imagine que ce choix de titre était une évidence.

Patrice : Ah oui complètement parce que ce moment-là était tellement fort pour nous donc on ne pouvait pas refaire un album sans mettre une chanson qui raconte notre retour et c’est le départ de la nouvelle ère TITAN.

TITAN - Résurrection

WTH : Puis vous mettez en chantier le nouvel album Palingenesia. La palingénésie qui est un terme philosophique pour parler d’une renaissance. Là encore, ça fait totalement écho à votre retour.

Patrice : Oui, tout à fait. On ne voulait pas appeler l’album Résurrection mais on voulait clairement faire comprendre que c’était le retour. Et c’est Pascal qui, en fouillant, à trouver ce mot-là et sa signification était vraiment la corrélation avec l’histoire du groupe donc c’était évident.

WTH : Quelles sont les différences entre vos méthodes de composition de l’époque et aujourd’hui ?

Patrice : Nos méthodes de composition n’ont pas changé depuis, on a voulu garder la même façon de faire. On démarre toujours d’un riff de guitare, on construit une structure autour de ce riff, couplets, refrains, ponts, et après on rajoute des paroles. On fonctionnait bien comme ça à l’époque et on fonctionne toujours comme ça aujourd’hui.

WTH : Donc après tant d’années, il y a toujours cette symbiose entre les membres.

Patrice : Tout à fait. Alors c’est vrai que ça fait longtemps qu’on n’a pas composé mais il y avait un deuxième album en préparation à l’époque et il y avait déjà des morceaux qui étaient aboutis, alors que là on était reparti de zéro et on est plutôt content du résultat.

WTH : J’imagine aussi que vous avez voulu apporter des touches plus modernes tout en conservant les bases de TITAN.

Patrice : Oui, en particulier au niveau du son. Il y a aussi de la modernité au niveau des compos mais on voulait vraiment un son actuel.

WTH : Quels étaient vos sentiments lors des premières sessions d’enregistrement, cette sensation de retourner en studio ?

Patrice : Bah ça faisait un peu bizarre parce que je t’avoue que, pour la plupart d’entre nous, ça faisait 30 ans qu’on n’était pas retourné en studio donc ça fait un peu bizarre de se remettre dans cet exercice-là, mais c’est un peu comme le vélo ça ne s’oublie pas. Au début on avait quand même du mal à trouver des idées pour les morceaux mais finalement ça revient. C’est une espèce de gymnastique qui se remet en place et du coup ça s’est très bien fait. On a pris le temps de bien faire les choses comme on voulait qu’elles soient faites.

WTH : Quel est ton titre préféré de cet album ?

Patrice : Alors bizarrement je n’ai pas de titre préféré, j’aime tous les morceaux de l’album mais il y en a quand même un qui est très fédérateur je pense, et qui va réunir beaucoup de fans, c’est Liberté. Avec Résurrection bien sûr.

WTH : Que penses-tu de la scène metal française actuelle ?

Patrice : Elle est plutôt cool, déjà les anciens comme nous, ADX, SORTILÈGE qui sont bien présents, et il y a pleins de jeune groupes comme EXISTANCE. Je trouve que la scène metal française est plutôt bien garnie et d’un bon niveau. Et puis nous, nous ne sommes pas éternels, on sait très bien qu’un jour ou l’autre il faudra raccrocher mais on serait content que d’autres groupes prennent le relais pour porter haut le metal français.

WTH : On termine avec un message pour nos lecteurs.

Patrice : J’espère qu’ils aimeront l’album. Nous on y a mis tout notre cœur et toute notre énergie. Bien qu’on soit content du résultat, on n’a qu’une hâte c’est que les gens s’approprient notre album en espérant qu’il plaira au plus grand nombre et j’espère qu’on les retrouvera très rapidement en concert car ça nous manque.