Cernunnos Pagan Fest 2023 – Jour 1, L’Abreuvoir // Ferme du Buisson, Noisiel – 18/02/2023

LES HARPIES (ou CHIENNES DE ZEUS)

À vous de choisir mais on se demande pourquoi le groupe porte deux noms, si c’était voulu ou si ses membres n’étant pas d’accord, elles ont du trouver un compromis. Nous avons affaire à un trio de trois chanteuses avec des chansons acoustiques sur fond de mythologie grecque et qui font alliance contre les Dieux de l’Olympe pour le côté spectacle. Mais ceci reflète ce qu’elles sont dans la vie car c’est une manière pour elles de dénoncer des abus vécus avec des paroles qui font sens. Bien que musicalement ce ne soit pas notre tasse de thé, l’entreprise est louable, voir admirable car il est toujours important de pouvoir exprimer ça de quelque manière que ce soit, ici en l’occurrence la scène  et on ne peut qu’admirer la puissance vocale des chanteuses, en particulier l’une d’entre elle. Côté instrument, on reste sur du classique : guitare sèche, banjo, violoncelle et djembé. Avec ce projet, LES HARPIES s’affirment et gardent la tête haute sans pour autant tomber dans la tragédie car la musique reste quand même positive.

TOWARB

Avec TOWARB, on part sur une ambiance complètement différente. Les musiciens sont encapuchonnés, munis de simples guitares sèches, un joueur de tambour chamanique et un chanteur. Sur un élément de scène trône des bois de cerf pour coller à l’ambiance des musiques. Le groupe vient d’Alsace, c’est donc les mythes et les contes de cette région qui seront représentés et le groupe s’oriente vers un chant cérémonial en dialecte Alsacien. Le groupe entretien une imagerie un peu mystérieuse et ça colle parfaitement à l’ambiance. Avec un entremêlement de sonorités, les Alsaciens nous font voyager à travers le temps, une époque reculée où ce qu’on décrit aujourd’hui comme fantastique et légende ne l’était pas en ces temps anciens et immémoriaux. Alors évidemment, nous ne comprenons pas l’Alsacien, mais la musique nous aide à imaginer ce que ça serait et chacun est libre de son interprétation. On peut en tout cas souligner une excellente performance et TOWARB n’a pas fini de nous conter ses histoires d’une région riche, culturellement parlant.

WERGELD

Après ces deux entrées en matière Folk à l’Abreuvoir, on passe maintenant à du metal avec WERGELD, du Black/Pagan plus précisément. Originaire d’Angoulême, ce groupe tire son nom du Wergeld qui signifie "Prix de l’homme", ce qui correspond, en droit Germanique médiévale, notamment chez les Francs, à une somme d’argent demandée en réparation à une personne coupable d’un dommage grave (crime, meurtre), ce qu’on appelle une amende de nos jours. Autant dire qu’il facile de deviner les thématiques des compositions du groupe qui s’amuse à appeler leur style du Metal Mérovingien. Ici, pas d’instrument traditionnel, le coté Pagan est assuré par une bande son qui n’est là que pour embellir l’ensemble car les musiciens se donnent à fond et on peut noter l’impressionnante puissance de frappe du batteur. Avec une parfaite alternance entre chants gutturaux et clairs, entre passages épiques et riffs lourds, WERGELD nous raconte l’histoire des Francs, entre faits réels mais aussi mythologie avec notamment un hommage à la déesse Freyja, à travers leurs compos. Les Charentais remportent à un large succès à en juger par la masse de monde venu les voir à l’Abreuvoir et c’est mérité.

CÂN BARDD

On termine sur CÂN BARDD, excellent groupe Suisse que nous avons pu voir une première fois au Hellfest dernier. Porté par la voix de Malo Civelli qui assure également la basse en live, le groupe nous transporte dans son Black atmosphérique et épique aux sonorités Folk. Et le combo frappe fort en commençant son set sur Une Couronne de Branches, 10 minutes d’intensité, l’entrée parfaite dans l’ambiance du groupe en live, le tout porté par des thèmes sur la nature. Les deux guitaristes uniront leurs voix à celle de Malo pour une totale communion avec le public. Et je ne peux m’empêcher d’admirer le jeu presque bestial du batteur Dylan Watson (que l’on retrouve aussi dans KASSOGTHA), me rappelant par moment un certain Mario Duplantier.

Le groupe nous fait rêver avec des titres comme Autumn Shores, Celestial Horizon et la majestueuse My Ancestors avec des sonorités dignes d’une bande originale d’un film d’heroic fantasy. Et l’émotion est à son comble lorsque les Suisses décident de nous jouer les deux parties de Devoured by the Oak, issues du dernier album du même nom que je vous recommande. CÂN BARDD nous aura littéralement envouté avec l’ambiance des compositions jouées ce soir, avec encore une alternance entre les chants gutturaux de Malo et les passages en voix clair, en chœurs avec les guitaristes, de quoi ressortir de l’Abreuvoir émerveillés et comme en paix avec soi-même.

Nous ferons l’impasse sur CUELEBRE pour faire un tour dans la partie fête médiévale du festival, mais je vous laisse admirer le travail photographique de notre ami Luca Liguori sur ce groupe.

Photos :

Maude Veroda
Luca Liguori

CUELEBRE