HELLFEST 2023 – Jour 2 // Clisson – 16/06/2023

HETROERTZEN (Temple)

En ouverture de la Temple on retrouve HETROERTZEN qui nous arrive de Suède mais le groupe est originaire du Chili. Si cette formation nous joue un black metal très caractéristique, on reste loin des clichés sataniques du genre. Tout est dans les ambiances et le côté ésotérique apporte à leur musique quelque chose de différent pour se démarquer. Leur show de bon matin peut réveiller les plus endormis avec une batterie qui résonne dans les enceintes de la Temple. Corpse paint, capuchon et pied de micro orné d’un pentagramme inversé, HETROERTZEN fait le strict minimum en live pour envoyer toute la rage de son black sans fioriture.

VENEFIXION (Altar)

En ouverture de la scène dédié au Death Metal, VENEFIXION était tout désigné. Nous abreuvant d’un death agressif comme on l’aime, les Bretons déchainent une certaine rage comme on pouvait en trouver chez les précurseurs du style. Empruntant au black son corpse paint, le groupe diffuse une ambiance malsaine jusque dans les cordes vocales du chanteur qui headbange frénétiquement entre deux growls. Le son est massif et brut, de quoi déclencher les premiers pogos de la journée. VENEFIXION, c’est la réincarnation du death metal old-school version 2023.

ESCAPE THE FATE (Mainstage 1)

Il faut dire la vérité, ESCAPE THE FATE 2023 n’a plus rien à avoir avec ESCAPE THE FATE 2013. En 10 ans, le groupe est passé par plusieurs style, difficile de coller une étiquette et les changements de line-up successifs y sont certainement pour quelque chose. L’époque Ronnie Radke semble si lointaine… Mais ne crachons pas dans la soupe, Craig Mabbitt officie toujours depuis tout ce temps sans oublier le dernier rescapé de la formation d’origine, le batteur Robert Ortiz qui ne laisserait certainement son poste pour rien au monde. Mis à part une entrée sur Gorgeous Nighmare, et un petit retour arrière avec Ungrateful, les bons vieux tubes sont mis de côté ce qui est bien dommage, même si c’est vrai qu’en 30 minutes de set c’est compliqué de tout casé. Mais au moins, les Américains ne nous quitteront pas sans nous jouer This War Is Ours pour que la magie de la nostalgie opère véritablement.

ACOD (Temple)

On retrouve les Marseillais d’ACOD sous la Temple et on peut dire que le groupe a bien évolué depuis 2016, année de leur découverte pour ma part. Et ça se remarque d’autant plus depuis leur signature chez Les Acteurs de l’Ombre et on sent que le combo a peaufiné son style, offrant le meilleur de leur son Death/Black Mélodique. Et c’est un concert, ou plutôt rituel comme ils les appellent, bien orchestré et théâtralisé auquel nous assistons. Et malgré le départ de Raph à la batterie, Fred (chant) et Jérôme (Basse) ont su garder la tête haute avec le dernier album en date Fourth Reign Over Opacities And Beyond qui sera bien représenté.

BRITISH LION (Mainstage 1)

Un petit avant-gout du jeu de Steve Harris ? Voici BRITISH LION, son projet parallèle à IRON MAIDEN. Certainement formé pour exprimer ce qu’il ne peut pas forcément faire dans son groupe initial, cette idée est confortée par la musique joué par BRITISH LION, un heavy plus classique, fleurtant même avec le Hard Rock, loin des titres à rallonge de la Vierge de Fer. Avec le brulant album The Burning qui sera bien défendu aujourd’hui, le combo s’assure d’avoir enflammé la Mainstage 1, de quoi rendre patient les fans de MAIDEN d’attendre leur prestation de demain.

AKIAVEL (Temple)

Cela fait un certain temps que ce nom devient de plus en plus familier, AKIAVEL, d’autant plus qu’ils sont à l’affiche de pas mal de festivals cette année. Le set était déjà bien entamé lorsque j’ai entendu un growl puissant qui m’a vite attiré l’oreille et pour cause, Aurélie (chant) a une impressionnante maitrise du guttural ce qui n’est pas pour me déplaire. La masse de festivalier présent tente à prouver que le groupe était très attendu et on voit dans le regard des musiciens ce plaisir de jouer sur une des scènes du Hellfest et on les comprend. Et avec cette reprise de Roots Bloody Roots de SEPULTURA qui fait plaisir, AKIAVEL a su s’imposer et n’a pas fini de nous montrer ce dont ils sont capables.

DER WEG EINER FREIHEIT (Temple)

Nous revoilà à nouveau sous la Temple pour cette fois assisté à la prestation de DER WEG EINER FREIHEIT. Le combo Allemand qui évolue dans un Black Atmosphérique arrive à bien retranscrire les ambiances des albums en live, notamment sur Am Rande der Dunkelheit où les blasts du batteur étaient limite hypnotisant au point que nos têtes bougent machinalement sur le rythme de leur musique. Le growl torturé du frontman rajoute aux ambiances sombres du groupe qui s’accordent avec les riffs claquants des guitaristes. Le temps de set et la longueur des compos de ne leur permettent de ne jouer que cinq titres mais le choix, bien que drastique, était parfait, et ce final avec Aufbruch conclu une prestation nette et sans bavure.

VREID (Temple)

On reste sous la Temple pour VREID, déjà venu l’année dernière pour leur set spécial WINDIR qui est un peu l’ancêtre de VREID, pour un hommage à Terje "Valfar" Bakken mort en 2004. Cette fois, on revient à la discographie de VREID et son Black n’roll venu des confins de la Norvège. Avec une première grosse salve de riffs incisifs sur Into the Mountains, VREID se calme sur le début de Shadows of Aurora où la basse est bien présente et quelques sonorités venant du Thrash à la SLAYER. Mais ne vous y trompez pas, avec Sólverv, VREID envoi un black metal très lourd et brutal, et un blast à réveiller les morts. L’ambiance de certaines compos nous emmènent jusque dans les Fjords de la Norvège et le hurlement des guitares ainsi que les solos tonitruants font lever beaucoup de doigts cornus dans la fosse. VREID nous a littéralement donner une leçon de musique extrême et leur prestation exemplaire leur vaudra une standing ovation.

ABORTED (Altar)

Toujours un plaisir de retrouver les Belges d’ABORTED et leur Brutal Death violent mené par le spécialise des headbangs sans cheveu, Sven et son pig squeal si reconnaissable. Mais cette fois, le combo sort un petit décorum avec notamment deux sortes de sarcophages contenant des squelettes. Sans ménagement, ABORTED envoi sa première salve de brutalité avec Divine Impediment et on voit déjà un Sven hyperactif qui ne sera pas perturbé par les quelques jet de fumigène.  Comme toujours, on ne peut s’empêcher de les comparer à BENIGHTED qui officie dans le même style mais ABORTED a quand même son univers propre et même si les similitudes sont là, un habitué du Brutal Death peut distinguer les deux groupes, notamment le guttural de Sven qui est totalement différent de celui de Julien Truchan. Le combo navigue sur ses trois derniers albums ManiaCult, TerrorVision et Retrogore qui regorgent de morceaux agressifs, malsains et puissants comme on les aime. ABORTED, c’est un défouloir auditif autant que physique et visuel.

1349 (Temple)

1349 : La peste qui fait rage en Europe arrive en Norvège et décime la moitié de la population. Le choix de cette date n’est pas anodin pour un groupe de Black Metal qui s’appelle justement 1349. En guise d’introduction, le batteur et le guitariste viendront jouer les cracheurs de feu pour un numéro vieux comme le monde avant l’arrivée du bassiste encapuchonné puis du chanteur au corpse paint rappelant un peu le symbole de la radioactivité. Dès le début de Sculptor Of Flesh, on a tout de suite un Black Metal très old-school qui caractérise 1349, avec une batterie très vive aux blasts assassins, et des riffs de guitares d’une précision diabolique. Pour les gros fans de Black, 1349 met tout le monde d’accord. Le chanteur se projette le haut du corp d’avant en arrière régulièrement et beaucoup dans le pits le suivent machinalement, en rythme sur ce déferlement de sonorités violentes. Pas de nouvel album depuis 2019, le groupe reviendra souvent sur The Infernal Pathway tout en jouant des morceaux plus anciens et le show atteindra son apogée lors de leur titre le plus connu : I Am Abomination. Le frontman brandira son poing en l’air pour qu’on le suive en rythme et ce moment fédérateur interviendra avant le dernier morceau joué aujourd’hui, Abyssos Antithesis. 1349 fait partie de ces références du Black Metal Norvégien qui sont moins évoqués que MAYHEM, EMPEROR ou IMMORTAL, et pourtant on ne peut pas passer à côté de cette formation qui existe depuis 1997.

1349 - Hellfest 2023 - ARTE Concert

BELPHEGOR (Altar)

Je ne vais pas me répéter à propos du set de BELPHEGOR car il est presque similaire à celui du Tyrant Fest en novembre dernier. Mais ça fait toujours plaisir de revoir cette formation Autrichienne qui m’a fait aimer le Blackened Death. Décorum installé, Helmuth et ses acolytes montent sur la scène de l’Altar (comme ils auraient très bien pu faire la Temple) pour nous envoyer leur musique destructrice. Le combo ressort ce qui marche en termes de compos, que ce soit Baphomet, The Devil’s Son ou encore la fameuse Conjuring The Dead qui te reste dans la tête plus tu l’écoutes mais c’est ce qu’on veut. Et bien évidemment, les torches s’enflammeront aux ¾ du set pour nous restituer une ambiance de crypte. Mais même si c’était une scène couverte, il faisait quand même encore jour alors que de nuit cela donnerait un meilleur effet. Serpenth va et vient sur la scène comme un lion en cage, alternant avec le guitariste, tendant sa basse à l’assistance lors des invectives d’Helmuth. Le show n’en est que plus spectaculaire quand les lights traversent les éléments de décors, que ce soit têtes de morts surmontées, cornes d’animaux (des fausses bien sûr) ou croix et crucifix. BELPHEGOR en live, c’est simplement monstrueux dans le bon sens du terme.

GORGOROTH (Temple)

2022 a eu son véritable raz-de-marée niveau black avec les plus gros noms tel que ABBATH, MAYHEM, WATAIN ou encore TAAKE, MARDUK et j’en passe. Mais il manquait un groupe, THE groupe (outre DARK FUNERAL qui est passé hier mais que nous n’avons pas pu voir, faute de running order), anciennement mené par Gaahls, il s’agit bien sûr de GORGOROTH. Première impression, la mauvaise : impossible de distinguer les visages des mecs avec cette fumée scénographique qui envahit la Temple, et on pense aux photographes qui doivent peiner à avoir de belles prises de vues. Seconde impression, le son (ou presque), l’ambiance, les riffs malsains et les blasts caractéristiques, tout y est. Il manque juste l’aura et la majesté de Gaahls mais Hoest (TAAKE) qui joue ici les chanteurs de session gère très bien le job et offre une prestation digne de GORGOROTH. L’indéboulonnable Infernus, guitariste et fondateur du groupe, est toujours présent pour faire renaître le groupe de ses cendres. Par moment le son aura tendance à être capricieux si bien qu’on a l’impression que les instruments sont étouffés. Ce qui n’empêche pas le combo de ressortir ses titres les plus violents tels que Prayer, Revelation of Doom ou encore Blood Stains the Circle. GORGOROTH, c’est vraiment l’un des groupes de Black Metal qui ne faut pas louper quand ils passent.

BLOODBATH (Altar)

On revient ensuite côté Altar pour le set de BLOODBATH dont le Death Metal peut couvrir facilement ce qui se passe du côté de MACHINE GUN KELLY en Mainstage 2 mais encore une fois chacun ses goûts. C’est surtout en comptant sur les riffs de guitare d’Anders Nyström et ça doit le changer de KATATONIA. Et c’est un Nick Holmes (PARADISE LOST) affublé de lunettes de soleil alors qu’il commence à faire nuit qui viendra s’époumoner derrière son micro et autant dire qu’avec ce line-up de qualité, le statut de supergroupe n’est pas excessif. En live, les ambiances des compos fleurtent un peu avec celles que l’ont retrouve dans les groupes de blackened death et ça se vaut. Le son est peut-être un poil trop fort mais au vu du style, c’est ce qu’il faut. Forts de leur dernier album Survival of the Sickest, BLOODBATH ne jouera que deux titres issus de cet opus, Zombie Inferno et Putrefying Corpse, préférant piocher dans plusieurs précédents albums parmi certaines des plus connues tels que So You Die, Cancer of the Soul ou encore Cry My Name. Avec un final apocalyptique sur Eaten, le supergroupe Suédois a œuvré pour que cette prestation soit un succès et ce fut le cas en voyant cette ferveur apportée pas l’assistance.

MÖTLEY CRÜE (MS 1)

Il a fallu 11 ans pour que MÖTLEY CRÜE revienne à Clisson, un retour d’autant plus attendu depuis leur reformation en 2019 après quatre ans d’arrêt, ce qui fait qu’une masse de festivalier attendent de pied ferme les papys du Glam Metal avec un line-up presque d‘origine si on compte la présence de John 5, connu pour avoir été guitariste de Marylin Manson et de Rob Zombie, qui reprendra les lignes de guitares de Mick Mars, un remplacement de choix. Ouverture sur Wilde Side et on notera la présence deux choristes/danseuses dans les tenues très osées, pas de doute, MÖTLEY est fidèle à sa réputation. Mais le plus intéressant reste le jeu de basse de l’emblématique Nikki Sixx qui prend beaucoup de lumière mais non plus sans faire de l’ombre au chanteur Vince Neil. Par contre, concernant ce dernier, je n’en dirais pas autant de sa voix qui est, au contraire, plutôt effacée. On pourrait dire que c’est normal au vu de son âge mais 62 ans ce n’est pas si âgé que ça et quand on voit la frappe de Tommy Lee, à 60, il en a encore sous la pédale.

Le quatuor passe en revue leurs plus grands titres avec notamment Shout at the Devil, Live Wire, Looks That Kills ou encore Home Sweet Home. Machine Gun Kelly viendra également sur le titre The Dirt (Est. 1981) tandis que John 5 nous fera l’honneur d’un solo de guitare qui nous permettra d’admirer tout son talent dans une magnifique performance, avant que le groupe ne joue un medley de plusieurs morceaux dont Helter Skelter et Blitzkreig Bop. Je passerai sous silence l’appel à montrer des poitrines féminines car ce n’est pas du goût de tout le monde, on est là pour écouter de la musique en live et les regarder jouer. Dr Feelgood passe nickel tandis que les slams continuent dans le pit de la Mainstage 1. Sur Same Ol' Situation (S.O.S.), Vince Neil s’emparera d’une guitare pour jouer les lignes rythmiques tandis que JP "Rook" Cappelletty, batteur de MGK, viendra jouer sur Girls, Girls, Girls.

Et le clou du spectacle arrivera avec THE titre de MÖTLEY, Kickstart My Heart, avec John 5 qui nous reproduit la fameuse imitation de moteur à la perfection. Comme beaucoup d’anciens groupes, MÖTLEY CRÜE est à voir au moins une fois dans une vie et ce sont souvent des occasions à ne pas manquer.

SUM 41 (MS 2)

Je parlais plus haut des groupes à voir au moins une fois, SUM 41 ne déroge pas à la règle surtout que là c’était la dernière chance de les voir jouer au Hellfest car, comme vous le savez, le groupe se sépare après une ultime tournée… Pour revenir cinq ans plus tard ! Bref trêve de plaisanterie, il fallait absolument que j’y sois cette année car lors de leur passage en 2019 c’était à la Warzone et en même temps que GOJIRA, toujours ce choix cornélien typique du Hellfest, ou plutôt d’un festival à six scènes pour ne compter que celles au-delà de la cathédrale. Et forcément c’est une retombée dans l’adolescence, voire l’enfance de certains, car qui ne peut être nostalgique en réécoutant ne serait-ce que In Too Deep. Comme en 2019, le set du groupe démarre en grande pompe avec Motivation, sauf que c’est beaucoup plus spectaculaire qu’en Warzone car là c’est mélange lance-flamme et CO2 et une scénographie un peu plus fournie avec un diable géant en arrière-scène.

SUM 41 le sait, on est là pour les tubes, et on commence déjà à être comblé avec The Hell Song dont le refrain sera repris par l’assistance porté par les invectives de Deryck Whibley à coup de "That’s right, ladies and gentlemen". Et je ne peux m’empêcher d’observer le jeu du batteur Frank Zummo présent dans le groupe que depuis 2015 car il se donne à fond. L’énergie est décuplée sur Over My Head (Better Off Dead) et We're All to Blame si bien que le groupe assiste à des pogos géants tout en jouant pour nous et qui n’hésitera pas à reprendre Sleep Now in the Fire des RAGE AGAINST THE MACHINE.

Chaque début de chanson leur vaut des cris de joies de la part du public, rien d’étonnant avec ce déferlement de hits fédérateurs, là encore avec Underclass Hero et Walking Disaster sur laquelle Deryck nous demandera de sauter en rythme. Mais le moment le plus générateur de ferveur c’est sur In Too Deep et le groupe nous régalera en faisait durer l’outro de cette chanson emblématique. Juste avant Pieces, le frontman se parera d’une guitare pour une petite récréation avec d’abord l’un des riffs les plus anciens et connus du rock, celui de Smoke On The Water, puis celui de Seven Nation Army qui fera réagir le pit sans transition, le tout sera suivi par la ballade qui nous prendra les tripes.

Sum 41 - Hellfest 2023 – ARTE Concert

On continue ce best-of de tubes avec No Reason puis les Canadiens enchaineront sur leur reprise de We Will Rock You de QUEEN, version SUM 41 s’il-vous-plait. Plus le show avance, plus on se rend compte, quand on découvre ce que donne un concert de SUM 41, que le groupe est vraiment proche de son public surtout quand on voit Deryck s’adresser à nous à maintes reprises ce qui rend le concert d’autant plus fédérateur, et en particulier au moment où il nous demandera de nous baisser pour sauter à tout rompre à son signal.

Le show s’approche de la fin et il reste encore deux morceaux emblématiques à jouer mais avant de nous jouer Fat Lip, le chanteur nous donnera rendez-vous le 23 novembre 2024 à Paris pour son ultime concert français à La Défense Arena. Puis SUM 41 choisira le meilleur pour la fin avec le titre Still Waiting. Que dire de plus si ce n’est que ce concert rentre dans mon top des meilleurs show du Hellfest 2023 et ce deuxième jour se termine comme il se doit.

Photos :

Stephan Birlouez d’Among The Living
Christiane.T de Rock Metal Mag
Matthis Van Der Meulen du Hellfest