HELLFEST 2023 – Jour 3 // Clisson – 17/06/2023
- Par Romain Dos Anjos
- Le 24/08/2023
- Dans Live-reports
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Nous sommes le samedi 17 juin, c’est le troisième jour du Hellfest 2023 et alors qu’une partie de l’équipe couvre le fameux Wall Of Clan qui a lieu à Paris aujourd’hui, de mon côté c’est le jour de la tête d’affiche la plus logique car leur dernière venue remonte à 2018 et non présent à l’édition d’anthologie de 2022, il s’agit bien d’IRON MAIDEN. C’est aussi le jour de passages de groupes que j’affectionne particulièrement que ce soit SAOR, ARCH ENEMY ou encore FINNTROLL, mais il y a aussi l’un des passages les plus attendus, celui de LORNA SHORE et un certain Will Ramos doit y être pour quelque chose. Mais pour l’instant, parlons de quelques groupes de la matinée.
NATURE MORTE (Temple) / SCARLEAN (MS 1)
Alors oui, un groupe qui s’appelle NATURE MORTE qui passe à 10h30, on peut se dire de prime abord qu’autant aller se recoucher avec ce nom-là. Même si le groupe Parisien officie dans un Post-Black / Shoegaze, le côté aérien du Post-Rock que l’on retrouve dans des groupes comme ALCEST est contrebalancé par une certaine rage dans les compos avec des passages black metal très colérique, donc pas de quoi se rendormir. Et ça se confirme par le monde présent si tôt. Avec leur nouvel album Oddity qui doit arriver en septembre, NATURE MORTE nous offre un petit avant-goût de leur musique poignante et le trio a quand même mis la barre haute, tout comme SCARLEAN. Voilà un petit groupe français qui vaut le détour et ce premier Hellfest est certainement une première consécration pour eux même pour un passage à 11h05. SCARLEAN est un groupe qui a redéfini les codes du metal prog alternatif, proposant des compositions modernes et sans demi-teinte. Les sons générés par l’instru mêlé à la voix d’Alex donnent quelque chose de presque hypnotisant. Avec l’album Silence sorti en 2022, dans la même veine que le précédent de 2019 Soulmates, SCARLEAN offre une excellente prestation, avec le petit coup de pouce virtuelle d’Anneke Van Giersbergen sur la reprise de Wonderful Life de Colin Vearncombe alias Black.
SPIRIT ADRIFT (Valley)
Je ne suis pas féru de Doom mais il y a quand même certaines exceptions comme SPIRIT ADRIFT. Le côté heavy du groupe donne un peu plus de pêche à leur musique ce qui n’est pas pour me déplaire. Et on peut voir rapidement dans le regard du frontman et multi-instrumentiste Nate Garrett, ancien membre de GATECREEPER, sa joie de voir autant de monde bravé la chaleur et l’heure matinale pour venir les voir. La configuration de la nouvelle Valley offre malgré tout quelques avantages comme notamment un son irréprochable. Et il y a de l’exclu dans la setlist avec quelques extraits du nouvel album Ghost At The Gallows, notamment Barn Burner et une partie de Siren of the South pour un petit medley avec Forge The Future. Et un autre medley pour le final avec Harmony of the Spheres et Astral Levitation. Le groupe aurait mérité un peu plus de temps de set mais ils se sont adaptés et ce n’est pas plus mal.
TEN56. (Altar)
L’ascension fulgurante du nouveau groupe d’Aaron Matts lui permet de pouvoir jouer sous l’Altar sur un set de 40 minutes. Mais le combo aurait peut-être eu plus sa place en Warzone pour le côté hardcore du Deathcore, mais scène death pour le coup bien remplie pour un début d’après-midi ce n’est pas mal. Mais qu’importe le spot, les pogoteurs se déchainent là où le gros son se trouve et ce n’est pas le plus français des screamers britannique qui va me contredire. Tout le long, c’est une déferlante de riffs plus aussi lourds les uns que les autres. Il faut dire que le chanteur s’est bien entouré et on y retrouve notamment le guitariste de BETRAYING THE MARTYRS, Steeves Hostin, qui officie ici à la basse. Il arrivera à Aaron de parler anglais mais bon, inutile de nous la faire à l’envers, on sait tous qu’il parle très bien français. TEN56. diffuse une telle énergie, les gars se donnent tellement à fond que les circles pits se multiplient. Les courtes longueurs des compos permettent aux Parisiens de caler pas moins de 12 titres de leur album Downer, de quoi faire plaisir aux fans de la première minute.
SVALBARD (Temple)
C’est une première participation pour SVALBARD et déjà la Temple semble bien remplie. Et quand bien souvent cette scène n’offre pas un son optimal, cette fois l’ingé-son a bien réglé les potards. SVALBARD joue sur un Post-Hardcore bien loin des clichés emo, mêlé aussi des influences black metal, post-metal et hardcore mélodique. Vu la rage des chants des guitaristes Serena Cherry et Liam Phelan qui se partagent le lead vocal, le groupe envoi beaucoup d’émotions et ça se confirme lorsque Serena nous annonce le titre Open Wound qui évoque son combat contre la dépression qu’elle a gagné. D’ailleurs ça se lit sur son sourire pas du tout forcé, elle est d’ailleurs émue de voir autant de personnes venus les voir. Et comme au Hellfest on aime les exclu, le combo nous fera profiter de leur nouvelle chanson Fading It. Serena nous dira que c’est certainement leur meilleur show au vu d’une telle ferveur de la part de l’assistance, puis elle n’hésitera pas à nous faire chanter un joyeux anniversaire à leur bassiste Mark Lilley. SVALBARD termine en beauté avec Eternal Spirits pour un set très intense qui rentre dans mon top de cette année.
SAOR (Temple)
On aime SAOR parce que SAOR c’est la vie. Car niveau émotion et musique transcendante, Andy Marshall en connait un rayon avec son one man band qualifié de Caledonian Metal. One man pour le studio car il compose et enregistre tout, mais pour le live, il s’entoure bien et oh surprise, qui se trouve derrière les futs pour ce live ? Un certain Dylan Watson ! CÂN BARDD, KASSOGTHA, SAOR, décidément il est partout. Mais rien d’étonnant qu’il soit sollicité au vu de ses capacités car c’est une machine à blasts. Et contrairement à leur passage à Paris avec GAAHLS WYRD, SAOR sera accompagné d’une violoniste et flûtiste pour les parties folk de quoi rendre l’expérience live plus immersive. Malheureusement, la longueur des titres ne permet au groupe d’en jouer beaucoup mais quatre titres suffisent pour tenir 45 minutes.
Origins en ouverture, suivi par Tears of a Nation, on est déjà à un bon quart d’heure du set. Watson maitrise ses parties batteries sur le bout des doigt et la violoniste/flûtiste apporte vraiment une ambiance particulier à l’ensemble. Avec Carved in Stone, ça part crescendo en intensité et les moments les plus épiques donnent vraiment envie d’headbanger. Ce qui fait bizarre reste le moment où le frontman annonce le dernier morceau après seulement trois premiers, mais on est déjà plus de 30 minutes de set et c’est avec Aura que le show se termine, 13 minutes de pure intensité et de fortes émotions qui prennent aux tripes. Dommage qu’il manquât Forgotten Paths mais j’espère pouvoir la réentendre en live une prochaine fois.
ARCH ENEMY (MS 2)
Avec leur nouvel album Deceivers, il était logique que ARCH ENEMY soit à l’affiche. Et comme toujours, je m’attends à une performance bien ciselée du groupe d’origine Suédoise porté par la charismatique Québécoise Alissa White-Gluz. Première explosion de riffs avec Deceivers, Deceivers, parfait pour l’entame même si Handshake With Hell n’aurait pas été mal en titre d’ouverture. Mais le combo sait ce qui marche avec son public en rejouant l’inlassable War Eternal, un générateur de pogos instantanés. Mais on revient très vite sur le dernier album avec The House of Mirrors sur laquelle Michael Amott fera littéralement chanter sa guitare. S’en suit un retour à l’ère Angela Gossow avec My Apocalypse. Daniel Erlandsson vissé derrière son imposante batterie fait toujours preuve d’un jeu fluide sans être essoufflé. ARCH ENEMY revient sur Deceivers avec The Watcher qui générera un gros circle pit. L’ambiance du titre permet une alternance avec rythme saccadé et des refrains plus mélodiques toujours bien catchy. Le final de ce titre coïncide parfaitement avec l’intro de The Eagle Flies Alone.
ARCH ENEMY aime les bonnes transitions entre les chansons car là encore le final du précédent titre fera la part belle au début d’Handshake With Hell. Avec ce titre, n’en déplaise à ses détracteurs, on peut admirer toute la technique vocale en chant clair d’Alissa et bien loin d’avoir des hués, la majorité du public chantera avec elle sur le pont de la chanson qui enchaine sur le magnifique solo d’Amott. Habituellement plus bavarde, Alissa nous aura peu parlé, préférant se concentrer avant chaque morceau. On enchaine donc sur Sunset Over the Empire lancé par un premier riff de basse bien lourd de la part de Sharlee D’Angelo. Mais c’est vraiment au milieu de cette chanson qu’on aura droit au meilleur moment du set où Alissa nous demandera notre aide pour chanteur avec eux l’air du refrain en suivant la guitare de Michael. Le groupe fera durer le plaisir au maximum avant de finir le titre. Et bien entendu, le final du set se fera avec Nemesis et un gros wall of death. One for all, all for one !
BORN OF OSIRIS (Altar)
On retourne du côté de l’Altar avec BORN OF OSIRIS pour une nouvelle bagarre générale avec leur deathcore technique teinté d’ambiance et de références à la mythologie égyptienne. Aucune discontinuité dans l’enchaînement des titres, le combo Illinoisais mise tout sur la prestation scénique et le chanteur Ronnie Canizaro viendra jusqu’à la barrière du pit photo pour checker et chanter avec les gens du premier rang sur Divergency. C’est un véritable défouloir dans le pit de l’Altar et les rythmes Djent des guitares ajoutent à cette frénésie qui attendra son pic pendant Machine. BORN OF OSIRIS a rempli toutes les cases de son contrat avec une performance réussie.
FINNTROLL (Temple)
On passe côté Temple et nous sommes nombreux à attendre l’arrivée des Trolls de Finlande. Au vu de leur prestation à Paris en décembre dernier, on ne peut que s’attendre à un show tout aussi bien géré. FINNTROLL arrive avec Att Döda Med En Sten issu du dernier album Vredesvävd, le premier en sept ans depuis Blodsvept (2013). C’est déjà l’effervescence dans le pit, amené par leur Black/Folk très entrainant. Le dernier opus sera pas mal représenté avec notamment Ylaren et Ormfolk. Mais en parallèle, le combo revient aux fondamentaux avec Solsagan, Nattfödd ou encore Trollhammaren. L’ambiance continue d’être au beau fixe avec des titres comme Mask, Under bergets rot suivi par Skogsdotter. Ce qui est dommage c’est qu’il manquera Jaktens Tid mais FINNTROLL nous a à nouveau bien régalé avec un show bien mené.
LORNA SHORE (Altar)
Certainement l’un des concerts les plus attendus de cette édition 2023 et ça se comprend quand on voit le phénomène que c’est devenu depuis l’arrivée d’un certain Will Ramos au chant, une puissance vocale hors-norme, alternant entre scream le plus aigu au growl le plus grave, et toute cette ferveur pour le groupe découle également du succès de l’album Pain Remains sorti en 2022. Et le groupe ne pouvait pas une ouverture plus épique qu’aavec Sun//Eater qui déclenche les premiers pogos et une avalanche de riffs qui fait gronder le sol de cette Altar. Ce titre comme le suivant Cursed to Die mélangent puissance, blasts rapides et violent à de la mélodie que l’on retrouve dans l’orchestration et les solos magistraux d’Adam De Micco. Au niveau des chansons jouées ce soir, les périodes des anciens chanteurs seront occultées pour laisser place uniquement aux productions avec Ramos, donc une setlist essentiellement composées de titres du dernier album, hormis les chansons To The Hellfire et Of The Abyss ssus de l’EP …And I Return To Nothingness (2021). Le show est si intense qu’il en occultera presque le set d’IRON MAIDEN qui a commencé coté mainstage. Ramos et ses compères donnent tout ce qu’ils ont dans les tripes et nous offrira un combo, les trois parties de la trilogie de titres Pain Remains pour terminer ce show incroyable.
IRON MAIDEN (MS 1)
Au vu de la setlist jouée sur leur actuelle tournée, il n’était pas difficile de rester jusqu’au bout de LORNA SHORE alors que le set d’IRON MAIDEN avait déjà bien avancé. Cette idée de jouer des morceaux qu’ils ne font pas souvent peut être louable car la discographie du groupe est copieuse, mais il était malgré tout dommage que des titres phares que Run To The Hills, The Number of the Beast ou encore 2 Minutes to Midnight ne soient pas joués. Mais les hommes de Steve Harris restent fidèles à eux-mêmes en termes de prestation avec un Bruce Dickinson toujours proche du public français en s’adressant à nous dans notre langue. Mais entendre des titres comme Can I Play With Madness suffisait quand même à générer des cris de joies dans le pit. Et MAIDEN a quand même garder sous le coude quelques classiques, leur titre éponyme, l’intemporelle Fear Of the Dark ou encore The Trooper. Alors oui, cette setlist quelque peu déroutante n’est pas si mauvaise que ça car même si on attend d’avoir les tubes, il ne faut pas oublier que bien souvent on occulte des titres car rarement voire jamais jouer en live et il ne faut pas tout jeter en bloc s’ils finissent par les ressortir car il y a bien d’autres pépites à découvrir.
WITHIN TEMPTATION (MS 2)
Je ne suis pas spécialement fan de WITHIN TEMPTATION mais la curiosité m’a poussé à rester pour quelques morceaux. Alors oui, en termes de scénographie, le groupe néerlandais sait bien faire et on ne va pas se mentir, la voix de Sharon den Adel est majestueuse avec des envolées lyriques maitrisées et la pyrotechnie apporte vraiment quelque chose de spectaculaire. À l’écoute des chansons, on peut être transporter dans un ailleurs qui se trouve dans nos têtes. WITHIN TEMPTATION, comparé à beaucoup d’autres groupes, c’est une parenthèse de douceur dans un océan de violence et je parle bien sûr de musique.
THE HU (Temple)
Pour terminer sur quelque chose de plus atypique, le vent des steppes Mongole va souffler sous la Temple avec un groupe très attendu si bien que la foule s’étant jusqu’à la cathédrale, c’est dire. THE HU est un mélange de musique traditionnelle Mongole et de Heavy Metal. L’alliance entre le morin khuur et la guitare électrique fonctionne étonnement bien. Cette fusion offre une ambiance particulière et la technique vocale du chant khöömii, dans la pure tradition Mongole, apporte vraiment cette touche d’authenticité. Ces artistes très engagés lors de la Pandémie de Covid-19 avec leur collecte de fonds leurs ont valu d’avoir une monnaie à leur effigie dans leur pays ainsi que d’être nommé "Artistes de l’UNESCO pour la paix". Cette engouement pour le groupe est plus que méritée, bien qu’il aurait été plus judiciable de les placer en mainstage mais ce sera certainement le cas pour leur prochain passage.
Le Hellfest brasse toujours des groupes et artistes dans des styles précis que nous connaissons tous, que ce soit le Thrash, le Death ou le Black, mais il faut également soutenir les ovnis musicaux, des groupes qui ne manquant pas d’originalité, et THE HU coche toutes les cases. Voilà qui termine ce samedi au Hellfest 2023 et on est déjà impatient d’être aux concerts du dernier jour.
Photos :
Stephan Birlouez d’Among The Living
Matthis Van Der Meulen du Hellfest
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