MOTOCULTOR 2023 – Jour 2 // Carhaix-Plouguer – 18/08/2023

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Après une première mise en bouche hier, on commence cette seconde journée avec un ciel un peu couvert et je vous vois déjà dire "normal c’est la Bretagne !" Ne tombons pas dans les clichés, la météo c’est toujours capricieux. Et l’affiche d’aujourd’hui est plus que motivante avec certains groupes atypiques qu’il ne fallait pas rater. Au programme GOROD, HRAFNGRÍMR, DÉLUGE, ARKA’N ASRAFOKOR, HUMANITY’S LAST BREATH, INSOMNIUM, LILI REFRAIN, VIO-LENCE, CARCASS, EPICA, UUHAI, DEICIDE, WARDRUNA et MARDUK.

GOROD (Dave Mustage)

Avec GOROD en ouverture, on pouvait être assurer d’un bon échauffement. Le groupe écume les scènes Françaises depuis 1997, presque aussi vieux que GOJIRA. Ça en fait donc un incontournable du Metal français. En tout cas le public est au rendez-vous et on assiste déjà aux premiers pogos de la journée. Le combo ne fait pas semblant et le batteur Karol Diers maitrise sa double pédale du bout de ses pieds alors que la voix de Julien Deyrez résonne dans les résonnent dans les baffles. Les Bordelais envoient toute la puissance de leur death metal technique qui fleurte avec le djent avec des tappings précis et chirurgicaux. On verra les musiciens quitter la scène, en dehors du batteur, tout en continuant de jouer en backstage, pour revenir ensuite acclamé par les fans. Avec leur dernier album The Orb, GOROD est paré pour son avenir et le groupe partira notamment sur le continent américain pour une tournée aux US l’année prochaine.

HRAFNGRÍMR (Bruce Dickinscene)

Après leur passage remarqué au Cernunnos Pagan Fest 2023, il me tardait de revoir HRAFNGRÍMR dont le nom se traduit par "Celui qui porte le Masque du Corbeau". Un voyage sensoriel qui mêle plusieurs instruments traditionnels issus de différentes cultures, ce fameux métissage des origines qui tient à cœur le leader Mattjö Haussy même si la mythologie Scandinave reste le point d’encrage de la formation. Les ambiances Neo Folk très prenantes donnent à la prestation un côté presque intemporel et ce dès le premier titre Vinátta et tous les musiciens seront en chœur pour le final. Le set est presque identique à celui jouer quelques mois plutôt au Cernunnos mais une mise en scène sur Blót viendra changer un peu la donne. Ce qui est également l’apanage du groupe, c’est sa panoplie d’instruments traditionnels, particulièrement en percussions mais on retrouve également des guimbardes, du oud ou encore du gembri. Le set sera également embelli par les pas de danse de Sam. Toujours intéressant de voir ces formations atypiques venir sur des festivals Metal, car le Neo Folk/Ambient n’est jamais très loin de ce style.

DÉLUGE (Supositor Stage)

Voilà un groupe qui porte bien son nom car sa musique est un véritable déluge, de riffs évidements mais également d’émotion avec son Post-Black Metal/Post-Hardcore. Toujours un plaisir de revoir Ritch de DAGOBA dans sa formation d’origine. Et avec la pluie qui commence à tomber sur le site de Kerampuilh, ça donne une ambiance particulière. Par contre, le cadre ne colle pas forcément avec la musique du groupe qui serait plus adéquat dans un cadre plus intimiste. DÉLUGE défend toujours son album Ægo Templo avec notamment son titre éponyme, Soufre dont la mélodie intense prend aux tripes, ou encore Opprobe. Ce qui n’empêche pas de revenir sur leur album phare Æther avec une chanson qui fait un peu raccord, Avalanche. Malgré l’air souriant de Ritch, on sent quand même un trac parmi les musiciens mais le groupe se lâche très vite et donne tout ce qu’il a. Le ciel couvert laisse quand même un peu plus de place aux lights mais encore une fois, DÉLUGE n’est pas forcément un groupe fait pour une scène Open Air sauf de nuit. Mais ça n’entache en rien la qualité de la prestation.

ARKA’N ASRAFOKOR (Bruce Dickinscene)

Au Motocultor, il y a toujours à découvrir des groupes qui sortent de l’ordinaire et l’exemple le plus concret en ce vendredi, c’est ARK’AN ASRAFOKOR. La formation nous arrive tout droit du Togo amenant de sa culture dans ses musiques. Pour le coup, difficile de désigner un style de metal précis. Mais ce qui saute aux yeux, c’est l’influence des coutumes Africaines. Maquillage et peinture corporelle comme dans les tribus guerrières. Bien qu’authentique, le combo rappelle un peu d’autres groupes qui mêlent rock/metal avec des musiques issues de leur culture comme au Japon avec WAGAKKI BAND, mélange rock/visuel kei avec sonorités typiquement nippones, ALIEN WEAPONRY, metal avec musique tribale maori ou encore SEPULTURA et leur Thrash/Death teinté d’ambiance amazonienne. Ici nous retrouvons des percussions africaines sur du metal bien énervé. Quoi qu’il en soit, bon nombre de festivaliers étaient au rendez-vous et les musiciens leur rendront bien.

HUMANITY’S LAST BREATH (Supositor Stage)

C’est le groupe à breakdown par excellence. HUMANITY’S LAST BREATH nous avait impressionné lors du Hellfest 2022, il nous fallait donc une seconde couche. Les Suédois nous assomment d’une instrumentation titanesque qui gronde sur les planches de la Supositor, avec une batterie bien martelée et des guitares lourdes à souhait tandis que le frontman Filip Danielsson, toujours sous sa capuche, envoi des growls bien grave. Le groupe a sorti tout récemment son dernier album Ashen, c’est donc lui qui aura la vedette. Bien que la prestation ne donne rien de plus que des mecs qui jouent sur scène, l’efficacité des morceaux se suffisent à eux-mêmes. Là où la bonne ambiance se trouve, c’est bien sûr dans le pit et c’est surtout dans les passages les plus lourds que les mosh pits iront bon train.

INSOMNIUM (Dave Mustage) par Enzo Cirillo.

Ce début de soirée de deuxième jour de fest marquée par une atmosphère de mélancolie et de puissance lorsque le groupe finlandais INSOMNIUM a pris d'assaut la Dave Mustage. (Lire la suite).

LILI REFRAIN (Bruce Dickinscene)

S’il y a bien un concert qui m’a le plus surpris en ce deuxième jour, c’est bien celui de l’artiste Italienne LILI REFRAIN. À l’instar d’autres projets solos de chanteur ou chanteuse qui joue sur scène avec des musiciens comme dans un groupe, Lili se produit totalement seule et quand on voit ce qu’elle fait pendant ses concerts, pas besoin d’être à plusieurs pour le coup. La particularité de Lili c’est qu’elle joue de plusieurs instruments, que ce soient des percussions, de la guitare ou encore de tout simplement sa voix, en les enregistrant et les superposant. Cette gestion du son demande une véritable coordination pour réussir cette prouesse en direct, surtout tout en mettant en avant un certain charisme. C’est une véritable performance à laquelle nous assistons que ça en est presque surnaturel rien qu’avec son chant galvanisant. En plus de quelques soupirs de ci de là, de guitares saturées et de mélodies jouées au synthé, cette multi-instrumentiste hors pair nous enchante avec ses capacités à reproduire toutes les lignes de son de ses morceaux comme si elle composait en direct. Un concert de LILI REFRAIN est une expérience à vivre et on ne peut qu’en ressortir subjugué.

VIO-LENCE (Supositor Stage)

Encore un groupe que l’on ne pensait pas qu’il se reformerait surtout que là c’est presque 20 ans après. Et pourtant, ce fer de lance du Thrash américain dans lequel officiait Robb Flynn et Phil Demmel de MACHINE HEAD, a annoncé son retour en 2022 et le groupe est bien décidé à en découdre. Et quand on les voit sur scène, même si le line-up a changé depuis, on n’a pas l’impression qu’il s’est écoulé 20 ans après leur dissolution en 2003. Comme on dit, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Leur Thrash old-school est toujours aussi efficace et le chanteur Sean Killian n’a rien perdu de sa voix avec un chant typiquement Crossover. Les solos rapides et incisifs rappellent au passage ceux de SLAYER. Avec VIO-LENCE qui porte bien son nom, nous pouvons retrouver les bases du Thrash.

 

CARCASS (Dave Mustage)

Chaque passage de CARCASS en France est un événement, que ce soit dans les salles, au Hellfest ou encore au Motocultor. Le groupe rassemble toujours autant et il est temps pour certains qui n’en ont pas encore eu l’occasion de découvrir des titres du dernier album Torn Arteries qui est quand même le premier LP depuis 2013, en dehors d’un EP sorti en 2020. (Lire la suite).

EPICA (Dave Mustage) par Enzo Cirillo.

La nuit s'est enflammée d'une manière époustouflante avec l'entrée en scène d'EPICA, une des têtes d'affiches tant attendue de cette édition du Motocultor. Dès les premières secondes, un déluge d'effets pyrotechniques a illuminé la Dave Mustage, marquant le début d'un spectacle extraordinaire. (Lire la suite).

UUHAI (Bruce Dickinscene)

Le Hellfest a eu THE HU, le Motoc aura eu UUHAI. Et à en juger par les instruments traditionnels, les Morin Khuur, utilisés par ces derniers, on ne peut que constater des similitudes entre les deux groupes originaires de Mongolie. Et effectivement, on a droit à un mélange de Hard Rock avec des chants culturels Mongoles (inscrits au patrimoine de l’UNESCO), à l’instar de THE HU qui est beaucoup plus metal. Et pour ceux qui penserait que UUHAI serait une version Leader Price de THE HU, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. Oui les ambiances sont similaires voire équivalentes, mais la structure des compos reste différente, l’approche n’est pas la même. En tout cas, si le but était de ramener leurs steppes jusqu’en France avec des sonorités bien de là-bas, dans ces cas-là, perfect ! L’ambiance est hyper festive et le frontman est très communicatif avec nous. Et les chants de gorge donnent à la prestation un goût plus subtil d’autant que les guitares se mêlent parfaitement au son des Morin Khuur. Si ce groupe est une curiosité pour certains, cela reste une belle découverte. UUHAI !

DEICIDE (Supositor Stage)

Malgré la pluie qui ne cesse pas à Carhaix, cela nous empêche pas d’aller voir DEICIDE pour assister à son set spécial Legion, leur album de 1992 qui a fêté ses 30 ans l’année dernière. Une chose est certaine, les compos de cet opus n’ont pas vieilli et son toujours appréciable en live. Par conte ce qui est dommage, c’est le peu de mouvement de la part des membres. Le frontman Glen Benton reste fixé derrière son micro comme s’il avait les pieds cloués au sol. Mais au moins le son sauve la mise car on reçoit en pleine face toutes l’agressivité de leur Brutal Death. Après avoir joué tout l’album Legion d’une traite et disposant encore de pas mal de temps de set, DEICIDE ressort ses classiques avec Once Upon the Cross, When Satan Rules His World ou encore Dead By Dawn. Nous avons droit à une énorme frénésie de riffs, telle une bobine de taule de plusieurs tonnes qui nous arrive dans la poire. Et la pluie n’empêche pas le pit de se déchainer et avec les températures plus fraiches, c’est un bon moyen de se réchauffer. DEICIDE c’est la précision et l’efficacité.

 

WARDRUNA (Dave Mustage)

La pluie s’arrête pile poil pour le début du set de WARDRUNA qu’on attendait avec impatience et on espérait que le cadre allait être un peu plus éclairé qu’au Hellfest 2022. Et bien nous voilà rassuré, le groupe est un peu plus sur le devant de la scène. (Lire la suite).

MARDUK (Supositor stage)

On finit cette soirée sur une légère déception alors qu’habituellement je ne ressors jamais déçu d’un show de MARDUK. Selon où l’on se plaçait, le son de la basse était beaucoup trop présent ce qui gâchait un peu la prestation des Suédois car elle prenait le pas sur le reste des instruments. Le plus flagrant sera sur The Blond Beast mais le groupe ne semble pas réagir au mix catastrophique de l’ingé-son, à croire que le retour est de bien meilleur qualité. Et c’est bien dommage car MARDUK mérite un meilleur son, surtout quand on joue du Brutal Black Metal. Mortuus ne semble pas sourciller, soit il ne s’en rend pas compte, soit il fait comme si de rien n’était. Au moins, le groupe ne se démonte pas et donne tout ce qu’il a comme toujours et ça on ne peut pas leur enlever ça. Mais bon, ce n’est pas le meilleur concert de MARDUK que nous aurons vu, bien que ce ne soit pas de leur faute.

 

 

Cette journée ne se finit pas sur une bonne note mais elle fut quand même bien marquante mais, le set de WARDRUNA mis à part, le meilleur reste à venir.

Photos :  

Maude Veroda
Enzo Cirillo

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